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En sortant de l’école… (air connu) par Georges Cathalo

lundi 2 décembre 2024, par Cécile Guivarch

 
Y a-t-il un âge pour s’intéresser à la poésie, pour en écrire ou pour en lire ? C’est parfois la question que l’on se pose en découvrant ce domaine artistique grâce à ces petites merveilles que sont les recueils de poèmes dits « pour enfants ». Partons ici à la découverte de cinq d’entre eux parmi les parutions les plus récentes.
 
Jean Pierre Siméon : L’arbre m’a dit (Rue-du-Monde éd., 2023), illustrations de Zaü, 38 pages, (14,5x28,5), 17 euros

Infatigable militant de la « cause poétique », Jean-Pierre Siméon ne limite pas ses actions à des animations ou à ses responsabilités éditoriales depuis l’origine des éditions Cheyne en 1985 jusqu’à la direction de l’emblématique collection Poésie-Gallimard depuis 2020. Il trouve le temps de rêver et de vagabonder à la rencontre de la nature, des forêts et des arbres. Disons plutôt à un fructueux échange avec l’arbre, l’arbre singulier que le poète prend grand soin d’écouter. C’est donc une quarantaine de courts poèmes que l’on découvre ici accompagnés par les encres délicates et les pastels colorés de Zaü, autre artiste dévoué à la cause poétique.

« L’arbre m’a dit : si tu te sens seul, fais comme moi, ouvre grand les bras et laisse le monde te traverser. »

 

Paul Bergèse : Dans la clarté vive (Voix Tissées éd., 2024), illustrations de Solange Guégeais, 60 pages, (19,5x19,5), 15 euros

Poèmes et illustrations sont ici dans un environnement tout en couleurs et dans un cadre apaisant qui incite à la lenteur et à la rêverie. En fin connaisseur de l’univers enfantin avec une bonne vingtaine d’ouvrages, Paul Bergèse est un guide confirmé qui connaît les sentiers fleuris et les pistes oubliées. On s’attardera aux lettrines colorées qui lancent chaque quatrain : elles s’inscrivent dans la continuité d’un ensemble cohérent où « des andains de mots / ouvrent l’horizon ». Il y a une cohérence dans ces poèmes que ce soit dans le contenu ou dans la rythmique des vers.

« Un rayon de lune
un frisson de rose
un duvet de vent
et la pluie s’apaise. »

Christophe Jubien : Sur la pointe des pieds (Motus éd., 2024), illustrations de Laurent Pinabel, non paginé (64 pages), (15x21), 13 euros

Sur la pointe des pieds pour ne pas déranger mais aussi sur la pointe des mots les plus simples : c’est ainsi que Christophe Jubien s’avance calmement. Son sens aigu de l’observation lui permet d’ouvrir des espaces imaginaires si nécessaires à l’enfance comme à chacun d’entre nous. Le poète ne nous entraîne pas dans des labyrinthes tarabiscotés ou des impasses lugubres. Il a su conserver son âme d’enfant à l’affût de ces détails de la vie quotidienne, une plume ou une feuille morte, une mouche surdouée ou une coccinelle épuisée, un bébé qui éclate de rire ou un couvreur sur un toit. Christophe Jubien ouvre les portes invisibles d’un univers sensible et délicat.

« Sur le trottoir
un gros escargot
probablement
échappé d’un cirque
sinon pourquoi
l’enfant applaudirait-il ? »

(Michel Lautru) : À travers Sadeler (Gros Textes éd., 2024), illustrations de Claude Leplingard Gosselin, 64 pages, (21x14), 12 euros

Joël Sadeler, disparu précocement en 2000 aura laissé derrière lui une œuvre qui résiste au temps. C’est grâce à la fidèle amitié de Michel Lautru que l’on peut lire ces poèmes inédits produits pendant la douloureuse période vécue par l’auteur dans les années 2000. On retrouve avec bonheur l’univers de Sadeler, univers où se croisent et se chevauchent l’humour et le sérieux, la tendresse et la dureté. Le titre choisi par Lautru est un clin d’œil à « À travers Prévert », un essai pédagogique que Sadeler avait fait paraître en 1975 aux éditions Larousse.

« Tu aimes les drapeaux
Pour leurs belles couleurs
Ils sont de tous les pays
Ils font chanter toutes les foules
N’oublie pas qu’ils sont faits
D’une seule et même étoffe
Celle du cœur des hommes »

Anne-Lise Blanchard : Une odeur d’enfance (Voix Tissées éd., 2024), illustrations de Solange Guégeais, 70 pages, (19,5x19 ,5), 15 euros

L’œuvre poétique d’Anne-Lise Blanchard est riche, dense et variée. Elle s’adresse à toutes sortes de publics en utilisant des registres bien identifiés. De nombreux éditeurs ont su relever la singularité de ses écrits car elle sait trouver l’angle d’attaque pour transcrire ses sensations et ses observations. Les feuillages, dans « l’arpège des verts », jouent des airs inattendus que seule une oreille attentive saura déceler. Les nuances que la nature sait déployer au fil des saisons accompagnent la vie animale. Renard ou fourmi, gypaète ou grillon : il y a une place pour tout le monde, dans le ciel, dans les arbres et sous terre.

« Pour ton anniversaire
Des bougies qui neigent
Beaucoup de musique
dans les yeux
des cabrioles
sur la lune
des étoiles
au bout des doigts »

Georges CATHALO – septembre 2024


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