Autoportrait à l’enfant
Il n’a pas vraiment
de forme. Evanescent
oui épais aussi.Il tend la main
puis la retire.Je fais de même
ensemble nousjouons aux
oiseauxqui viennent
d’un payslointain
se nourrissent d’air et de gros
mots. J’entends sa voix. Elle
m’évanouit et puis m’irrigue.Oh il me
ressemble.
Yuko e
(une estampe)Le mur et
la mergrignotent
un peu de
ce
lierre grimpantPasse la
barquedu temps
Une clé
triture la
vagueample porte
où l´anguilleet la pieuvre
dessineront
mes cuissesmon torse
mon ventreCoq migratoire
ou héronhésitant
j´ai vu
le sourire
du masseurAh douleur
plaisirLa caresse
intérieure !Et puis
mon cœurma tête
inversés dans
tes bras.
Comme une fronde
Comme pierre qui part du poing j’esquisse la gravité. Je ne sais
si j´explose ou tomberai éteint car tout autour de moi ça taille
et ça déploie. Alors je monte à l´arbre vais me frotter au feuillage
me laisser prendre par l´écorce. Je vais à la maraude. Dans
chaque poing un noyau de cerise. Drôles de stigmates ! On y
plonge les doigts. Ça nous regarde.Joli fantôme pauvre boxeur je cueille et je renvoie
des petits bouts de mort. L´eau me lèche. Où est-ce la
lumière qui me râpe ? Et l´on s´invente alors un passé de
frêle samouraï. Je fige je fends. Je me transforme.
Chronique indienne no 11
le 1er Août 2017, à JaisalmerOuvrir les yeux son carnet puis écrire
comme on dessine en croquant en mâchantcomme léché par le soir. Je suis debout
là sous un arbre. Une chèvre noire meregarde. Avec une bouse mes jambes
tracent un triangle isocèle je crois.J´ai oublié la règle ou est-ce un thé-
orème ? Qui sait mais ce qui meretient à l’instant c´est cet axiome :
Ne plus avoir trop peur d´être perduouvert coupant et coupé dans le vif.
Dans la rue ici avec les oiseauxles vaches je partage des graines
picore au plaisir à l´envie j´écris.C´est le caprice de l´exigence !
Demain peut-être je serai mortécrasé par un train-fantôme un beau
chagrin le cou tranché comme unepoule qui en clignant de l´œil voit voit
dans la gouttière partir son sang fraisépais qui se veut transparent. Oh moi
aussi comme lui je m´en vais loin. Loin ?Peu importe peu importe puisque
les mots les mots les mots oui les mots m´aiment.
Felip Costaglioli vit depuis 25 ans aux États-Unis dans le Minnesota et enseigne l´esthétique du cinéma à St Cloud State University. S´étant d´abord consacré à l´étude du silence, de l´espace et du vide sur la page et sur l´écran, il explore avec ses étudiants les rapports féconds entre poésie et cinéma, texte et image. Il écrit poèmes et nouvelles en catalan, français et anglais. Il poursuit aussi un assidu travail de traduction de poètes divers dans ces trois langues.
A publié une quinzaine d´ouvrages de poésie aux éditions La Breu, Alabatre (Barcelona), L´Arrière-Pays (Jegun) et a particulièrement exploré le champ du livre d´artiste aux éditions de la Margeride (Robert Lobet, Nîmes) et aux éditions Serge Chamchinov (Granville).
Collabore en tant que performeur avec plasticiens, vidéastes, compositeurs et musiciens au sein de spectacles où s´allient image, son et poésie.
Bibliographie
Aux Editions L’Arrière-Pays : Un bout d´os sous la langue (2002), Loin de chez soi (2015)
Aux Editions La Breu, Alabatre : Aire i sang a la butxaca (2009), Aprendre (2014)
Aux Editions de La Margeride (Robert Lobet, artiste-plasticien) : Ne pas jouer avec (2011), T. en Catalogne (2011), On the road again (2012), Portrait d´Ulysse en grand mélancolique (2013), Tristan androgyne (2015), Gaudí, un rêve (2016), Equarrir des échasses (2017)
Aux Editions Serge Chamchinov (artiste-plasticien) : Le jour remue in Ligature n° 4 (2013), Le bateau extravagant (2013), Le bateau extravagant : el vaixell ebri (nouvelle traduction en catalan, 2014), Requiem de poche, Eloge du bleu in Ligature n° 6 (2016)
Felip a aussi publié en revue à Arpa (2013), Anthologie Bruno Doucey (2014), Les carnets d´Eucharis (2015), Terre à ciel (2017)