Poèmes d’après ?
les montagnes devront un jour parler aux hommes
leur gorge est pleine de pierres
les montagnes pleurent sur nos têtes
des larmes souterraines
c’est cette voix limpide et grave
qu’entendent parfois les hommes
?
les feuilles pendues aux arbres rappellent des oiseaux morts
une petite fille marche le soleil est mûr
le chemin bien droit
les pas légers dans la poussière
elle déjoue d’une tresse qui saute la pesanteur
sous les arbres
elle si petite l’ombre l’avaleral’araignée approche
les cœurs seront jetés les fragments rassemblés
dans la nuit d’une toile.
elle sort de chez elle le trottoir se dérobe et fuit
dimanche matin les ruelles sont nues gouttent encore de nuit
l’écume des étourneaux retourne remue le ciel
les ombres rétrécissent se tapissent sous le soleil
le cœur doit diviser pour survivre et elle court
le jour cède la mesure qu’elle arrachera au vide
quelque chose se prépare dans le sombre des rues
quelque chose bondit.
?
Peut-être qu’elle est l’ange
mais dans une nuit de ruines
que les voûtes ont bannietoutes les déchirures
sombrent vers la mer
petits fleuves de sang de larmes
courants invisibles
perdus pour l’amour
?
le vent des rues est triste
le vent des cages
bon à briser
des parapluiesles fontaines asséchées
les lions de bronze dévorent
leur colliercombien de passages
encore sur cette terre
combien de mues
combien de peaux
entassées dans l’amas
des feuilles mortes ?Le ciel des villes siffle
il grouille de serpents.
?
Un ciel bleu muet
comme un film
où passent des oiseaux blancs
frôlements battements
d’un inconnu à l’autreleurs pensées
verticalesune mouette la réveille qui
arrache l’onyx à son doigt
qui arrache sa main
infiniment dresséepeut-être alors
pense-t-elle enfin oiseau
dans ce long cri muet
adressé au ciel
?
Les bus vont et viennent
trajets redessinés
à l’infini
dans la toile des rues
de villes araignéesles passagers
yeux collés à la vitre
ne savent pas, en définitive
que le voyage est immobile
qu’un banquet se prépare
dans l’obscurité.
?
Les bus vont et viennent
combien de passages
les yeux collés à la vitre
des rues ?elle le voit sans trembler
hier pourtant il lui avait assuré
qu’il était mort
mais elle ne l’a pas cru alorsses mains étaient froides
mais sous ses ongles les traces
de la rage d’existerelle descend à cette station
un arbre a poussé là
où la croix s’est défaite et les branches tombées
un homme marche dans la rue
?
La voie tracée par les oiseaux
va d’une saison à l’autrenous traversions des jardins
à contre-courant, vers l’enfance
les eaux clairesdans le bassin
nos jeux dispersaient
le cercle des pluiesfétu de paille, je savais brûler
quand toi, chêne d’hiver
accueillais la neige sur tes branchesMes mains sur tes yeux clos
Là est le temple.
?
Si je mâche mes mots, longtemps, infiniment
c’est pour qu’ils soient de l’eau
c’est pour qu’ils soient liquides, qu’ils soient rendus au bleu
c’est pour que tu y plonges
et que tu m’y retrouves.
Bio-bibliographie
Hongroise d’origine, née à Stuttgart, en Allemagne, Cécile A. Holdban vit à Paris.
Passionnée par les différentes approches du paysage et du langage, après divers études et voyages, elle devient libraire, poursuit parallèlement son travail en écriture et en traduction.
Elle publie ses poèmes et traductions (anglais, hongrois) dans diverses revues et chez plusieurs éditeurs. Parmi ses publications : Ciel Passager aux éditions L’Échappée Belle en 2012, Un nid dans les ronces aux éditions La Part Commune en 2013, Le mendiant de beauté, anthologie de poèmes de Jószef Attila aux éditions Le Temps des Cerises en 2014, Tous sports confondus, traductions inédites de Karinthy Frigyes aux Éditions du Sonneur en 2014. A venir : plusieurs recueils de textes ayant comme thèmes l’exil, la vie d’une poète néo-zélandaise du XXème siècle, ainsi que des traductions de poètes et écrivains hongrois, néo-zélandais et américains.
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