Extraits de L’inexprimé
Combien de fois
encore
refaire les mêmes gestes
combler le vide
inlassablement
remplacer le fini
par un autre commencement
parce que
sinon
rien
Il y avait
ce lointain
et puis le ciel
juste au-dessusTellement présent
Le temps aboli
diffusait le mal-être
d’un horizon sans distance
ni destination
On est venu
là
pour éprouver
la solitude
alors
il vaut mieux
s’asseoir
arrêter de bougerL’autre
en qui je me rencontrerai
une autre fois
poursuivra son cheminLe silence
retrouvé
ouvrira
l’inaudible
Les ondes sont brouillées
ça a mal en travers de la tête
une ombre grise
fibrille au niveau du cœur
l’air inspiré
s’assèche et s’éraille
dans la gorge
où les mots se sont enfermés
J’entends le bruit de mes pas
et c’est le bruit des pas
de mon père
que j’entendsLa mort est en marche
La vie s’envole
elle ne marche pas
sur mes pas
elle écoute seulement
le bruit
de ma respiration
Dans la bouche
un goût d’argile
et d’insectes fouisseursQuelques fois
aux abords des chapelles
le sourire des lézards
est un baiser de mort
La respiration
dépose
un léger triangle de buée
sur la vitre
Les bords
sont un peu incurvés
la base s’estompe
en dents de scieJe respire
je suis vivantAu dehors
la nuit installe
les lumières
de la nuit
Au printemps
je fais entrer
le soleil
dans mon litUn peu de gravité
s’enfuit
Petit entretien avec Clara Regy
Quel rôle joue la poésie dans votre vie ?
Elle m’accompagne constamment depuis mon adolescence, elle est une compagne de chaque instant. Je vois à travers elle.
Elle est mon regard sur la vie, sur le monde.
Qu’est qui motive, en priorité, votre besoin d’écrire ?
Une soif permanente de rendre compte de mon étonnement devant l’énigme de vivre dans un univers si parfaitement incompréhensible où l’horreur extrême côtoie l’extrême beauté.
Il y a dans votre poésie quelque-chose qui s’apparente à une quête d’ordre métaphysique. Pouvez vous en dire quelques mots ?
Il est difficile de parler de cet aspect particulier de mon écriture, parce que c’est justement dans cet espace là que réside l’interrogation. C’est là que le doute et l’incertitude renouvellent,à l’infini, le désir d’explorer toujours plus avant, de remettre l’ouvrage sur le métier, comme si l’écriture avait le pouvoir de forcer les portes d’un inconnaissable, exempt de toutes références.
Dans ce dernier recueil « L’Inexprimé » une certaine lumière semble se faire jour de manière plus évidente que dans le précédant « Le péristyle de verre »...
C’est exact, même si le questionnement reste sans réponse , l’absence d’espoir ne prend jamais le dessus et la grâce vient par l’attention portée à la beauté sous ses multiples formes.
Bibliographie
- 1980 « L’île illuminée » (français-grec). Edité par Galerie Médussa à Athènes.
- 1981 « L’île illuminée suivi de Tous les soleils ». Edité par Sterne-poésie à Belle-Ile en mer.
- 1982 Extraits dans la revue Aurore (Paris)
- 1983 Dans la revue Présence Culturelle (Nantes)
- 1987 Dans la revue Signes (Nantes)
- 1989 Extraits d’un recueil, inédit à ce jour, « Les chevaux de Poséidon » dans l’anthologie de poésie « sur la page où naissent les mondes ». Eds. ACL / Crocus.
- 1995 « Traversée ». Eds. L’arbre à parole (Belgique) dans la collection « Le buisson ardent ».
- 2003 « Vaste est la nuit où nous avons élus l’absence ». Edité par Basalt art contemporain et la Galerie Arkhana à Nantes.
- 2008 La revue Contre-Allées N° 23-24 publie cinq poèmes de Un été sous la neige.
- 2012 « Un été sous la neige ». Eds. La Porte à Laon.
- 2013 La revue Décharge N° 158 publie un poème du recueil, inédit à ce jour, « Epiage de lumière » dans la rubrique : Le choix de Décharge.
- 2014 La revue Décharge N° 163 publie trois poèmes du recueil « Le péristyle de verre ».
- 2014 « Le péristyle de verre ». Eds. La Porte Laon.