Extraits du recueil La filosofia del sole paru en mars 2020 aux éditions Ensemble
Restituire alla vita
lo stesso amore
che ci è stato dato dal cielo
raccoglierlo da terra
come se ci fosse luce
che cresce sotto l’erba.
E se occorre rimediare
farlo tornare questo amore
come un giorno pieno di sole
prima nell’anima e poi nel corpo
perché a volte serve riprendersi il tempo
di una scintilla sulla pelle
l’idea di un bacio che non muore
per scoprirsi prossimi all’infinito.Restituer à la vie
l’amour même
qui est un don du ciel
le recueillir de la terre
comme s’il y avait de la lumière
qui prospérait sous l’herbe.
Et s’il faut y remédier
faire qu’il revienne cet amour
comme un jour de grand soleil
d’abord dans l’âme et puis dans le corps
car il peut être utile de retrouver le temps
d’une étincelle sur la peau
l’idée d’un baiser qui jamais ne meurt
pour se découvrir proche de l’infini.
Ammettiamo che esista
un luogo possibile per amare senza misura
una sorta di residenza per scambiarsi l’anima
lontano dal tempo
un sottinteso combinare destini.
Ammettiamo che sia la memoria
l’unica terra che può giustificare una luce compatta
negli occhi
l’urto a ripetizione del sole tra le ciglia
sguardi sottaciuti
che ricordano la radice di un’alba
la sfida alla coscienza del fuoco
la forma luminosa delle mani
a voltare incendi sotto la pelle
oscillazioni di stelle.Admettons qu’il existe
un endroit possible pour aimer sans mesure
une sorte de résidence pour renouveler nos âmes
à l’écart du temps
une combinaison sous-jacente de destins.
Admettons que ce soit la mémoire
la seule terre qui puisse justifier une lumière compacte
dans les yeux
l’assaut répété du soleil entre les cils
des regards furtifs
qui évoquent la racine d’une aube
le feu qui défie la conscience
la forme lumineuse des mains
propageant des incendies sous la peau
des oscillations d’étoiles.
Non dobbiamo difendere la vita
dalla morte
ma immaginare che superato il varco
del tempo per esistere
ci aspetterà una parte di cielo
che ricongiungerà le nostre labbra inesperte
a una sponda di luce
la stessa su cui si appoggia il sole :
sarà il silenzio la nostra voce
l’alba l’amore con cui abitueremo la terra
alle distanze.Nous ne devons pas défendre la vie
de la mort
mais imaginer qu’une fois franchi le passage
du temps de l’existence
nous attendra une part de ciel
qui reliera nos lèvres sans expérience
à une rive de lumière
la même qui sert de rampe au soleil :
ce sera le silence notre voix
l’aube l’amour grâce auquel nous habituerons la terre
aux distances.
Guardare quello che resta del sole
mentre la luce si aggrappa alla sera
e chiedersi quanto ci sia di noi
fuori dal corpo.
Siamo davvero certi che la vita
sia soltanto nel respiro
e se fosse invece nell’infinito
che prosegue oltre le spalle del tempo ?
Magari non basta esistere
per un tratto di stagioni per dire – ho vissuto –
forse serve incontrare il cielo in terra
e l’amore che trasuda dalla morte
forse serve spingere l’anima addosso all’invisibile
senza fingere che aprire gli occhi sia l’inizio.Regarder ce qui reste du soleil
tandis que la lumière s’arrime au soir
et se demander quelle part il y a de nous
en dehors du corps.
Sommes-nous si certains que la vie
ne soit que dans le souffle
et si elle était plutôt dans l’infini
qui perdure au-delà de l’échine du temps ?
Peut-être ne suffit-il pas d’exister
pendant maintes saisons pour dire – j’ai vécu –
peut-être est-ce utile de rencontrer le ciel sur terre
et l’amour qui transpire de la mort
peut-être est-ce utile d’entraîner l’âme vers l’invisible
sans prétendre qu’ouvrir les yeux soit le prélude.
Il cielo era luce prima di noi
ha conosciuto le nostre vite precedenti
sa che siamo stati il tiglio e la quercia
sa che non esiste tempo che ci allontani
fu così anche nel mito di Filemone e Bauci
e radici nude nel sole eterno
l’anima sciolta nel vento
pronti a gocciolare amore come polline
e a rinascere tutte le volte
che un fiore s’avvera sulla terra.Le ciel était lumière avant nous
il a connu nos vies précédentes
il sait que nous avons été tilleul et chêne
et qu’il n’existe pas de temps qui nous éloigne
il en fut ainsi dans le mythe de Philémon et Baucis
leurs racines nues dans l’éternel soleil
leur âme souple dans le vent
prêts à distiller l’amour comme du pollen
et à renaître à chaque fois
qu’une fleur s’épanouit sur la terre.
Qualche volta si giura l’amore
dal corpo di una stella
e lo dicono gli occhi se è vero
non le labbra non le mani
c’è una luce che arriva nel sangue
e incorona le arterie
se mai qualcuno chiedesse al cielo
cosa significa innamorarsi
risponderebbe la terra :
stare in obbedienza alla vita
con il cuore illuminato
con l’anima che confina con il sole.Quelquefois l’amour est décrété
par le corps d’une étoile
et les yeux nous disent s’il est vrai
non pas les lèvres ni les mains
il y a une lumière qui pénètre dans le sang
et enrobe les artères
si jamais quelqu’un au ciel demandait
ce que signifie tomber amoureux
la terre répondrait :
être dans l’obéissance à la vie
le cœur illuminé
et l’âme côtoyant le soleil.
Michela Zanarella est née à Cittadella, dans la province de Padoue. Elle vit et travaille à Rome.
Elle a publié les livres suivants : Credo (2006), Risvegli (2008), Vita, infinito, paradisi (2009), le recueil de nouvelles Convivendo con le nuvole (2009), Sensualità, poesie d’amore d’amare (2011), Meditazioni al femminile (2012), L’Estetica dell’oltre et Le identità del cielo (2013), Tragicamente rosso (2015), Le parole accanto (2017) L’esigenza del silenzio (en collaboration avec Fabio Strinati, 2017), L’istinto altrove (2019), La filosofia del sole (2020), Infinito celeste (bilingue italien/arabe, 2021).
Michela Zanarella a obtenu différents prix littéraires nationaux et internationaux dont le Creativity Prize dans les prix littéraires Naji Naaman de l’année 2016. Elle est ambassadrice pour la culture et représente l’Italie au Liban pour la Fondation Naji Naaman. Elle s’occupe de relations internationales pour EMUI EuroMed University. Elle est aussi rédactrice de Periodico italiano Magazine et de Laici.it.
Après une licence en langue et littérature italienne, Alain Bourdy a continué d’approfondir sa connaissance de la culture et de la poésie italienne pour laquelle il se passionne particulièrement.
Il a effectué de nombreuses traductions en français de divers poètes italiens contemporains qu’il a lues régulièrement pendant quelques années à la Maison de la Poésie d’Avignon, et dont quelques-unes sont parues dans des revues. Un recueil de poésie intitulé Subtiles résonances est paru aux éditions Maïa en novembre 2019.C’est avec émotion qu’il a découvert depuis quelques années la poésie de Michela Zanarella. Elle représente pour lui l’une des voix majeures de la poésie italienne de ce début de siècle.