Née à Paris, où elle réside toujours, en 1956.
Extraits de Questions de lieu, Cheyne éditeur, 1985
Pleine
pente d’herbes hautes
puis
terrasses
où s’appuient les promesses :
rien
d’immédiat dans la beauté.
°°°
Dansl’usure du corps
ce
désir d’aller, cette famine
d’être,
cette
battue avec le souffle
plus rare,
quand
la paix des villages
est sans réponse.
Extraits de Chemin d’éveil, Cheyne éditeur, 1988
S’ilconvient maintenant d’ouvrir les yeux,
ce
sera comme on remonte du fond d’un lac,
brasses
lentes de la pensée,
vers
la surface enfin
où nous attend d’une seule vue
l’étrangeté
des commencements.
°°°
Sur
la table,
les choses simples restent pour la nuit.
Le
bol et le pot ont leur éternité,
une
bonté peut-être de repères,
pour les errants que nous sommes.
Extraits de Passage avec les voix, éditions du cygne, Paris, 2013
Peut-être ai-je trop sacrifiéaux dieux des portes.
Des petits dieux, si peu connus.
Leur modestie me plaît.
Ils n’ont pas de noms,
ne réclament que des offrandes mineures.
C’était suffisant pour la parole pusillanime.
Il est temps
de me tourner vers ceux des fenêtres,
à travers lesquels, aux jours fastes,
sont visibles les arbres,
et aux jours néfastes, la violence du monde.
°°°
Il
faudrait que la voix à présent
monte en puissance.
Ses chemins sont profonds depuis toujours,
je les ai suivis en surface,
me fiant longtemps à leur écho souterrain.
J’en ai tiré, de temps à autre, quelques bienfaits,
comme on prend à la source juste ce qu’il faut
pour boire au creux des mains.
Mais maintenant j’ai tant de choses à dire,
puisque tu les attends.
Extraits de L’instinct du tournesol, éd Les Lieux- dits, Strasbourg, 2020
Je
ne veux pas,
résolument,
de
cette pente toujours possible,
et
naturelle, dit-on,
qui
nous entraîne vers les ténèbres.
J’aurai
l’instinct du tournesol.
°°°
Résolument
du parti des fenêtres,
des
balcons, des terrasses,
des baies
et des verrières,
des
toits ouverts.
Pour
la clarté
qu’on
espère immédiate.
Extraits de C’est si simple un poème, éditions Pippa, Paris, 2019Il
ne se passe
vraiment rien.
Noussommes vivants
dans la paume du temps.
°°°
Quele regard
ne soit que fleur éclose.
Jusqu’à la fin
les yeux grandiront.
°°°
Le
pas, le sol, leurs épousailles.
Tous
les chemins méritent d’être aimés.
°°°
Toutentier le corps
heureux de marcher sur terre.
L’âme
dans le sac à dos à déballer en arrivant.
Extraits de Adresses au passant (épitaphes ordinaires), éd Henry, Montreuil sur mer, 2018
Ci-gît le jour,
dans sa splendeur encore,et nous nous retournons trop tard
sur aujourd’hui.
Regrets,en fermant les persiennes.
°°°
Àla douce matinée,
que le soleil faucha en plein midi.
Au soir fragile,
que les ténèbres prirent à revers.
°°°
C’estl’absence d’un regard,
et non le grand âge qui l’acheva :
hier s’est éteinte la beauté,
dont plus personne n’avait faim.
°°°
Ladixième heure fut sa dernière.
Tué à la légère, le papillon.
Et pour ceux qui surent voir,
la lumière de ses ailes tira sa révérence.
°°°
Auregard attentif,
au cœur consentant,
au salut ordinaire,
aux gestes délicats,
à la pensée émerveillée.
Les simples choses reconnaissantes.
°°°
Jet’ai abandonné, toi l’étranger qui jamais n’as de nom.
(stèle du droit d’asile, XXI siècle)
°°°
In memoriam le clandestin,Requiescat le réfugié,
Miserere pour le migrant.
De profundis le disparu si près des côtes.
Extraits de Chroniques incertaines, éd Petra, Paris, 2019
Un ange, c’est fascinant. À condition de ne pas croire aux anges. Dès l’enfance, on devrait se le promettre : n’y croire jamais. Un programme de vie, une assurance sur le bonheur. Ainsi, des anges, on en rencontrerait partout, souvent, de toutes sortes. Sans avoir à se demander si ce sont des anges, ou non. On leur donnerait des prénoms, les conduirait à la promenade. On en humerait la senteur dans le bouquet, se laisserait frôler par leur passage à travers les persiennes d’été, en goûterait tantôt le sel tantôt le sucre dans le plat mijoté, surprendrait leur musique dans les gouttes de pluie. Cela peut prendre, en effet, toute une vie. Jusqu’à ce qu’enfin on imagine le temps à leur image, le temps à son terme, qui un jour vient nous prendre en repliant sur nous ses ailes doucement.
°°°
Depuis quelques jours, Baudelaire est revenu en ville, Baudelaire a retrouvé sa ville. Je l’ai croisé plusieurs fois, à un carrefour, dans le hall d’une des grandes gares, adossé à la grille d’un parc, derrière la porte vitrée d’une librairie, et même à l’entrée d’un restaurant. J’en profite. Son nœud papillon, son large revers de redingote, son front dégarni, sa bouche amère, et son regard, son regard ! Que voit-il ? Puisqu’il faut bien que je traverse la rue ou que je prenne mon bus, je ne peux pas m’attarder sur cette question. Je me dis simplement : il regarde sa ville. Et moi je le regarde qui regarde sa ville. J’en profite. Dans deux mois, quand l’exposition aura fermé ses portes, on décollera les affiches, pliera le poète sur lui-même, et tournera son regard vers l’intérieur du rouleau.
Nous sommes à la lisière, inédit
Avec
lenteur,
depuis des millénaires.
Ici
bien avant nous,
les
animaux nous observent.
Nous
approchons
de la terre inconnue.
°°°
Sansefforts,
comme
en passant on remarque
une
chose sans importance,
ils
nous regardent un instant,
puisse détournent pour longtemps.
Lettres à mon corps, inédit
Salut, mon corps ! Fais comme le soleil ; lève-toi, couche-toi, mon corps. Rappelle-toi au matin l’aube droite du premier cri, dresse-toi. Puis chatoie, ondule, prends tout le ciel comme tant d‘aurores boréales dans l’amour. Ensuite resserre-toi, referme le poing sur le trésor de tant de crépuscules comme taches de lumière sous les paupières. Enfin, selon ton habitude, ne te presse pas, l’ultime soir, pour te coucher lentement, lentement, avant de livrer d’un coup tes derniers feux.
°°°
Comme
tes semblables d’il y a des millénaires, tu es venu de la mer. On peut imaginer tes efforts, pénibles sans doute, de mutant. Au départ tu rampais. Tes branchies paniquaient. Hier une sortie, un échouage. Aujourd’hui, tu te souviens, mon corps, debout sur tes deux jambes au ras des vagues. Est-ce le souffle ? Une houle jumelle monte et descend en toi, allers-retours de tes narines à ton ventre et de ton ventre à tes narines, une marée docile par laquelle tu respires.
Bibliographie
Poésie
- Chez Cheyne éditeur, Le Chambon-sur-Lignon :
- Questions de lieu, 1985
- Chemin d’Eveil, 1988.
- Infiniment demeure, 1992.
- Ce que me dit l’ensevelie, 2001.
- Bouge tranquille, 2004.
- X fois la nuit, 2006.
- Aux éditions Vincent Rougier, Soligny la Trappe
- Achill Island, moutons et cetera, 2006
- Révisions, 2009
- Rimbaud design, 2014
- Soleil sonore, 2017
- Aux éditions La Porte, Laon
- Episodes, 2010
- Octobre déjà là, 2013
- Le dernier mot, 2016
- Notes d’Égée, 2018
- Aux éditions du Cygne, Paris
- Passage avec les voix, 2013
- Al Andaluz, (avec Werner Lambersy), 2019
- Aux éditions Henry, Montreuil sur mer
- Suites et fugues, 2014
- Bleu baleine, 2016
- Adresses au passant, 2018
- Autres maisons d’éditions
- Lignes de Crète, éditions de Vallongues, 1987
- Tablas, éditions Théâtre Vesper, Paris, 1989
- À ton nom d’archange, La Bartavelle Éditeur, Charlieu, 1997
- Occupation du sol, éditions Vent de Terre, Frontignan, 2009
- Reconnaissance, éditions Al Manar , Paris2009
- Quatre saisons en un jour, éditions l’Amourier, Coaraze, 2009
- Jardins publics, éditions Aspect, Nancy, 2011
- Instantanés, Aux éditions Tipaza, Cannes, 2018
- Miniatures, éditions Tensing, Le Pecq, 2015
- C’est si simple un poème, éditions Pippa, Paris, 2019
- Chroniques incertaines, éditons Petra, Paris, 2019
- L’instinct du tournesol, éditions les Lieux dits, Strasbourg, 2020
- Les mots du silence, (numéro spécial, collection empreintes), éditions À L’Index, Épouville, 2017
Récit :
- L’éloignée, éditions La Dragonne, Nancy, 2001.
Livres d’artiste, tirage limité :
- Chez B.G Lafabrie, Paris : Claires-voies, 1990
- Chez Sarah Viame, Céphélides , Paris : Entrepas (avec W.lambersy), 2006
- Chez Maria Desmée, collection « les révélés » : Interstices, 2007
- Avec Jacques Bibonne, Miniatures, 2014
- Chez Brigitte Dusserre-Bresson, Notes d’Égée, 2018
Théâtre, pièce pour enfants :
- Le Roi Berdagot, (Avec Werner Lambersy), éditions Vincent Rougier, Soligny la Trappe, 2005.
Entretiens
- Avec et pour Pierre Dhainaut, À travers les commencements, éditions Parole d’aubes , Grigny 1999.