On my (Nor)way à pied au pays d’Olav Hauge
16 août au 21 septembre 2010
373 km à pied en 26 jours - dénivelés positifs cumulés 11 015 m | dénivelés négatifs cumulés 11 350 m
Je n’ai pas connu Olav H. Hauge.
J’ai pourtant marché dans ses pas.
C’est une longue histoire qui pourrait se résumer ainsi : méfiez-vous des livres qu’on vous offre ! Olav Hauge, grand poète norvégien très casanier (né à Ulvik en 1908 mort à Ulvik en 1994) aimait les arbres, les livres et les chapeaux. Il avait appris seul assez de français pour traduire René Char et moi je ne connaissais rien à son plateau du Hardanger, à ce peuple des fjords qu’il décrit avec acuité, force et tendresse dans un livre offert par une amie.
Il fallait y aller.
La maison du poète piquée au centre d’un cercle de 30 km, j’ai sillonné tous les chemins inscrits sur cette nouvelle planète à explorer. Partie avec l’idée romanesque que la main du poète serait dans la mienne (dans la fraternité de ses poèmes) tout au long de ma promenade dans le grand jardin autour d’Ulvik, je me suis retrouvée dans un corps à corps épuisant avec une nature périlleuse et une météo féroce... Tous les ingrédients étaient réunis pour écrire à mon tour un long poème édité sous le titre Le vide et le reste.
En 2014 les éditions Erès (collection Po&psy dirigée par Danièle Faugeras) se sont intéressées au poète (édition de Bateau de papier avec une de mes photographies prise à Ulvik) et préparent l’anthologie de sa poésie en bilingue français et nynorsk pour 2016.
SC - Uzès, le 23 mai 2015
Un dieu pour les inconscients dirait mon amie Catherine.
J’avais parfois du mal à ouvrir les paupières pour trouver les cairns et les balises, la violence du vent me fermait les yeux comme des volets mal attachés !
Ça monte dans des granits clairs striés de lignes roses et vertes qui accrochent bien au pied. Toutes les pierres sont si belles que j’aimerais les emporter.
Il pleut tellement depuis quelques jours, toute cette eau fait déborder le plateau Hardanger, comme si quelqu’un là-haut, lancé dans un grand nettoyage, avait laissé les robinets ouverts.
Après les tourbières, dans la descente vers Flåm, je me suis gavée de framboises en marchant plus lentement qu’un escargot pour préserver mes genoux.
Affamée, je décide de faire une pause dans un boyau qui glougloute à l’abri du vent, il ne pleut plus. Sensation d’être dans le ventre de la baleine de Pinocchio : noir, mouillé, glissant, immobile mais animé d’une force monstrueuse. Avec sa respiration.
La vue s’ouvre soudain sur des failles impressionnantes et des micro falaises perpendiculaires à la pente. Tout ce pan de montagne pourrait bien un jour glisser dans le fjord.
C’est le dernier jour de marche, arrivée au bord du fjord d’Osa, je rebrousse chemin pour prendre un café ; je pousse la porte, un homme en treillis est affairé au téléphone. L’histoire ne fait que commencer.
Présentation de Sandrine Cnudde
Jardinière à Paris puis architecte-paysagiste, Sandrine Cnudde a aiguisé son regard et sa plume aussi bien chez des particuliers que des industriels, en milieu urbain ou rural avant de se consacrer aux voyages à pied.
Elle explore les moyens d’être en paysage en associant corps, regard et langage, adopte une approche naturaliste et humaniste. La relation homme/paysage/animal sert de levier pour exposer une vision du monde en mouvement basée sur la liaison textes/images.
Bibliographie de Sandrine Cnudde
Le vide et le reste – Tarabuste, septembre 2012
Gravité/Gravedad – Lanskine, septembre 2015
Habiter l’aube – Tarabuste, à paraître
Bibliographie Olav Hauge en français
Ce matin l’herbe est devenue verte – Rafaël de Surtis, juillet 2007, épuisé
Nord profond – Bleu autour, octobre 2008
Bateau de papier - Olav Hauge – Po&psy, mai 2014 (photographie de Sandrine Cnudde)
Quelques extraits du journal de voyage : www.sandrinecnudde.blogspot.com
Un article de Patrick Lanne sur Le vide et le reste dans la revue L’esprit de Narvick : http://sandrinecnudde.blogspot.fr/p/presse_5.html