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Six poèmes de Porteur Silence, Clément G. Second*

vendredi 1er avril 2016, par Cécile Guivarch

____Dans la lumière échancrée par ses branches
un arbre enseigne des tremblements brouillés

Moins savoir pour mieux voir,
qu’advienne
la connaissance
sans prise sur son objet

Quelque chose de mal circonscrit prend corps
Lentement près de formes déclinées
par une rotation sourde sous l’immobile

_

____Ces sons là-bas, là-bas mais reconnus

Les haies – on sait que quelqu’un les rabat
au cliquetis inégal des cisailles
jouant sur des souvenirs

Flashs mentaux, branches qui tombent sur les bottes
odeur de sève ou de résine, on hésite

Pause entamée, songerie sur son erre

Laisser courir le flux indéfini
où la rumeur du vieux sang plonge
sa boucle de vie sous les tempos

La taille va s’achever, son cliquetis ralentir, s’enrayer

jusqu’à ce qu’un matin le réarme la planète
passé jalons et chiffres
à son souple retour entre deux solstices

_

____Le jour protège l’alouette invisible

Voilée de clair elle s’égosille

à l’écart du nid au trésor
ainsi préservé des renards
qui ne connaissent qu’en dévorant

– Il en est aussi de toute autre espèce,
des repus aux regards
de prédation cumulative –

L’alouette assidue au vol mal repéré
grisolle haut vers la lumière

pauvre de tout sauf de l’attache
avec la promesse du nid

laissant parfois les yeux cligner de ses ailes

_

____Le ciel bleu délavé de vents expose
dans sa faiblesse une lumière inemployée
entre silence et cris des oiseaux-pentes

Quoique la tête tergiverse
sur un chemin qui tourne et va,
l’ombre et le clair maillent les enjambées

Avancer, avancer où que finisse par s’ouvrir
entre corps et méprise
l’éventail de l’espace avec ses biais

_

____Plus on remonte, plus un sûr panorama
ouvre des plans qui par les yeux pénètrent
parages associés par lesquels se prodigue
l’ immensité

Bords marches et confins lèvres de territoires
s’évasant et envahissant

Faudrait-il plus d’éloignement pour la nuance ?

Les yeux, à revenir sur les détails s’aiguisent

L’ajustement élit des intervalles
où chaque chose est soi par soi-même et d’autres

un jeu répartiteur harmonisant l’ensemble

_

____On dirait que ce jour en appelle à un autre mais s’en tient
à son insuffisance fastueuse

ignorant éperdu
– le regard qu’il habite, de même


Clément G. Second

Écrit depuis 1959 : poèmes (sortes de haïkus qu’il nomme Brefs, sonnets, formes libres), nouvelles, notes sur la pratique de l’écrit principalement. Plusieurs recueils, dont un actuellement proposé à l’édition (Porteur Silence) et un autre en cours.
Fréquente littérature, arts, philosophie et spiritualité.
Collabore à des revues (Le Capital des Mots, La Cause Littéraire, N47, Terre à Ciel, Harfang, 17 secondes, Paysages écrits, Accentlibre, Lichen) depuis fin 2013 pour l’ouverture et le partage.
Plusieurs réalisations de pair avec la photographe Agnès Delrieu (revues, blog L’Œil & L’Encre)
Se sent proche de toute écriture qui « donne à lire et à deviner » (Sagesse chinoise), dans laquelle « une seule chose compte, celle qui ne peut être expliquée » (Georges Braque), et qui relève du constat d’Albert Camus : « L’expression commence où la pensée finit ».

Voir la page Un ange à notre table consacrée à Clément G. Second sur Terre à ciel

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*Le recueil Porteur Silence est actuellement proposé à l’édition


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