GRADIVA : VERÃO
1.
Ce n’était pas l’été.
Années 70.
Variations :
Les espaces vides imposent les distances.
La dictature a imposé le silence.
La jeunesse a grandi sans voix.1.
Não era verão.
Década de 70.
Variações :
Os espaços vazios impõem as distâncias.
A ditadura impôs o silêncio.
A juventude cresceu sem voz.
2.
Le personnage peut être une jeune femme qui
refait son pas, telle Gradiva, la jeune
qui marchait à Pompéi en 79 après J.-C.
Il n’existait pas le temps pour penser au corps. Il existait
le corps. Il existait le temps.
Mes pieds, désormais un peu plus éloignés du sol,
cherchent d’autres angles.
Je me glisse sur la chaise avec les mains déjà fatiguées
de ces touches qui demandent beaucoup.
Les pieds de Gradiva ne se fatiguent pas.
Elle glisse ses vestes dans les rues de Pompéi.
Elle va pieds nus. Les doigts de la main gauche sont visibles,
Les ongles sont coupés. La jambe gauche donne la mesure
du pas un peu pressé dans le mouvement qui
montre un corps jeune de femme.
À la mode de l’époque, elle dit quelque chose sur le
comportement des femmes. Les cheveux sont également
couverts sous le coton épais qui parcourt le corps entier.
Le corps, un corps léger qui avance avant l’éruption
du volcan.
Quelque danger se précipite d’emblée
Devant les années soixante-dix ?
Ipanema sur des sables chauds de hautes dunes favorise
de nouvelles expériences, musicales aussi. La musique
emplit les auditoriums de jeunes gens qui veulent
parler.(…)
2.
A personagem pode ser uma jovem mulher que
caminha seu passo, qual Gradiva, a jovem
que caminhava em Pompéia em 79 d.C.
Não havia tempo de pensar no corpo. Havia
o corpo. Havia tempo.
Meus pés, agora um pouco distanciados do chão,
procuram outro ângulo.
Deslizo na cadeira com as mãos já mais cansadas
dessas teclas que pedem muito.
Os pés de Gradiva não se cansam.
Ela desliza suas vestes pelas ruas de Pompéia.
Está descalça. Os dedos da mão esquerda são visíveis
de unhas cortadas. A perna esquerda dá o tamanho
do passo um pouco apressado no movimento que
mostra um corpo jovem de mulher.
À moda da época, diz algo do comportamento das
mulheres. Os cabelos também estão cobertos no
algodão grosso que percorre o corpo todo.
O corpo, um corpo leve que avança antes da erupção
do vulcão.
Algum perigo precipita-se de imediato.
Diante da década de setenta ?
Ipanema, em areias quentes de dunas altas, favorece
novas experiências, inclusive musicais. A música
enche os auditórios de jovens que querem
falar.
Solange REBUZZI, Gradiva - Verão, 1 (2013).
Traduction de Márcia Marques-Rambourg.
Solange Rebuzzi est une écrivaine et psychanalyste née à Rio de Janeiro, où elle vit actuellement, après avoir vécu une partie de son enfance à Manaus. A fait des études de Psychologie, Philosophie et Littérature. Écrit des poèmes, des essais, des romans et d’autres récits. A traduit Francis Ponge pendant ses études post-doctorales à L’Université Federal Fluminense (UFF), dont est issu le livre Nioque de l’avant-printemps.
Les principales maisons d’édition qui accueillent l’œuvre de Solange Rebuzzi sont 7Letras (Rio de Janeiro), Perspectiva et Lumme Éditeur (São Paulo).
Les recueils de poèmes les plus récents sont Gradiva verão, Outonos montagem incompleta, O riso do inverno. Parmi les essais, se trouvent O idioma pedra de João Cabral et Traduzir testemunhar Francis Ponge ; et les romans, Quase sem palavras, Oito noites em Veneza, A bordo do Clementina e depois.
Un journal en ligne, Diário de um tempo indeterminado, est traduit, sous forme de fragments, par Márcia Marques-Rambourg, dans la Revue des Ressources, où se trouvent d’autres poèmes déjà traduits depuis 2014.
Solange Rebuzzi vit avec son mari José Eduardo Barros, psychanalyste et photographe, à Rio de Janeiro.
Márcia Marques-Rambourg est une poète franco-brésilienne née à Rio de Janeiro (banlieue). Agrégée de Lettres modernes, vit et travaille en Touraine.