Citron de silence
poèmes choisis et traduits du grec par
Marie-Cécile Fauvin avec la collaboration de Danièle Faugeras
avec un dessin de l’auteur
po&psy princeps – édition bilingue – 94 pages – 15€
L’auteur
Miguel Ángel de la Jara Higginson, qui deviendra plus tard le hiéromoine Symeon, est né le 14 mars 1950 à Lima, dans une famille qui a donné au Pérou des écrivains (son arrière-grand-mère, Lastenia Larriva de Llona, était une poétesse et écrivaine prolifique), des artistes et des politiciens (son grand-père a été préfet de Cuzco, d’Arequipa et d’autres régions du Pérou).
À l’adolescence, élève dans une école catholique, il voit le catholicisme d’un œil très critique et cherche ailleurs le sens du mystère, le goût de l’éternité. Il lit Rimbaud et les surréalistes, qui le séduisent par leur anticonformisme et leur quête du merveilleux et de l’absolu.
À l’âge de dix-huit ans, il quitte le Pérou pour Londres et l’Europe. Puis il voyage jusqu’en Inde. II s’intéresse au taoïsme, au bouddhisme et à l’hindouisme, sans y trouver ce qu’il cherche. Il s’installe finalement à Paris, ville dont il rêvait.
C’est là qu’il rencontre pour la première fois un moine orthodoxe. Les mots que ce dernier prononce pour résumer ce qu’est l’orthodoxie changent radicalement le cours de la vie du jeune Miguel Ángel : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme puisse devenir dieu par grâce et participation. » Cette dimension du christianisme, qui s’est préservée dans la tradition hésychaste du monachisme orthodoxe, l’attire. Il étudie la peinture d’icônes avec Léonide Ouspensky, tandis que son intérêt pour l’orthodoxie s’approfondit. Il se rend en Grèce en 1972, s’y convertit à la foi orthodoxe et devient novice au monastère de Saint-Georges sur l’île d’Eubée ; de là, la petite communauté se transfère en 1974 au monastère de Saint-Grégoire sur le Mont Athos. Au bout de quelques années, Symeon parle et écrit couramment le grec, publie des poèmes, des essais, des articles théologiques, et donne des conférences, en Grèce et à l’étranger, sur l’orthodoxie et sur le Mont Athos, dont l’une au siège de l’OTAN. En 1987, il quitte le monastère de Saint-Grégoire pour l’ermitage de la Sainte Croix, près du monastère de Stavronikita, où il prie, médite, peint et écrit quotidiennement.
Aujourd’hui, il se définit comme un « poète moine » et partage son temps entre la « Montagne Sainte », Athènes et l’Extrême-Orient, où il effectue de longs séjours.
Très inspiré par la poésie classique chinoise et japonaise, Symeon compose le plus souvent ses poèmes selon la forme stricte des haïkus et des tankas, ou bien de quatrains et de huitains de cinq ou sept syllabes. Il écrit en espagnol, quelquefois en anglais et en français, mais sa langue de prédilection est le grec, qu’il vénère pour son histoire millénaire, sa richesse, sa précision et sa souplesse.
Les poèmes de ce livre sont issus de ses trois recueils écrits en grec et publiés aux éditions Agra (Athènes) : Tombeau de Symeon (1993), En habit noir (1998), Loin avec le vent (2018).
Extraits
Sur le seuil l’oiseau
l’oiseau parti dans le vent
devenu vent l’oiseau
*
Pleine lune sur la mer
rêve éclatant de la grève
*
Crépuscule d’été
dans l’estuaire de l’amertume
pourpre et soleil
*
Azurée
à la verticale de l’amour
une dernière lueur
*
Ermitage au luisant silence
*
C’est un autre homme
qui naît dans le silence
vêtu de vers neufs
*
Rien silence
dans ce désert
oasis le mot
*
Rêvassant
sur les vagues au loin
il s’exile
*
Tous partis
restent le poêle et
la théière
*
Moine solitaire
je parle avec de l’encre
et j’en suis vêtu
*
Laisse ‒ mon cœur
le monde est beau
laisse venir