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{Trois petites notes de... poésie} | Ghislaine Lejard

vendredi 19 avril 2013, par Jean-Marc Undriener

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[blanc]Bernadette Throo, D’une enfance, Éditions Les cahiers de l’arbre[/blanc]

Chaque poème s’inscrit dans une géographie poétique ou familiale ; sur la page de gauche, le titre ou plutôt le point de départ du poème, tantôt un lieu : Route de Bouxières, tantôt un être aimé : Epitaphe au grand père Varin. Ce sont bien les souvenirs d’une enfance, son enfance que Bernadette Throo partage avec le lecteur en 8 tableaux d’autrefois, quand la terre avait tant d’importance et que le jardin était le poumon de la maison, pour elle celui de la rue de Nancy :

Dans l’après-midi
quand on avait faim
on tirait de terre
navet ou carotte
à croquer tout vifs
encor du jardin…

ou celui du parrain Léon.

Bernadette a su enfant regarder la nature, la respirer, l’aimer ; sa poésie fleure bon la terre et nous révèle une vie riche des liens d’affection qui l’unissent encore à ceux qu’elle a aimés, comme ses grands parents :

……
eux que je crois revoir
dans l’allée potagère
sous l’espèce ingénue
de deux coquelicots empourprés de soleil.



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[blanc]Cécile Glasman, Un amour en hiver, éditions Henry[/blanc]

Une rupture et le cœur est en morceaux, mais pour Cécile Glasman, pas de pathos, la douleur se fait aussi feutrée que ces « flocons de neige », si légers mais cependant si froids ! Elle le sait, l’amour aussi est fragile et léger comme « ces confettis qu’on lance dans l’air bleu ». Amour volé, et trop tôt disparu, avec lui envolés les rêves :

Les vœux que nous avions accrochés
aux branches du cerisier japonais
lire ensemble nos poèmes
partir à Venise
faire un enfant
papillons de papier déchirés par le vent…

Malgré la rupture, le silence et l’absence, l’amour a le dernier mot, il n’y aura pas l’oubli de ce qui fut si bref mais si fort ; les mots posés sur le papier sont là aujourd’hui pour en témoigner. « tu me dis… » est-ce l’amant que le poète entend murmurer ? ou l’ amour qui lui susurre cette autre manière d’être ensemble et de donner naissance à un enfant de papier, un recueil, où les mots emporteront le lecteur du froid de l’hiver au soleil des poèmes et des jours à venir, par-delà la déchirure.

Tu me dis inventons une autre manière d’être ensemble
qui ne soit pas l’hiver
et je pense à un voyage en barque de papier
visages tournés vers le soleil
murmure des mots et clapotis des jours.



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[blanc]Louis Raoul, Le bleu des veines, éditions Citadel Road[/blanc]

Comme pour chaque recueil, Citadel Road éditions, nous offre un bel objet, où contenant et contenu se répondent ; Le bleu des veines de Louis Raoul conjugue, encore une fois, ces deux critères de qualité.
Des poèmes simples et beaux comme la vie quand la lumière est présente au cœur de l’écriture :

La poésie est à refaire
On froisse un pays
Et sa lumière…

Le jour n’est pas levé
Et la langue repose encore
Dans l’ombre de la bouche
Il sera toujours temps
De goûter la lumière…

Rien n’est triste et la solitude s’habille d’attente :

Solitude d’un matin
(…) croire un moment
Que ses pas dans la neige
Sont pour nous…

En ce recueil, la terre, le ciel et l’homme sont unis dans un même élan vital, pour une vie à goûter, où chaque instant est éternité.


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