Valérie Linder, Grammaire de l’amante, textes et illustrations, & esperluète éditions, collection Hors-format, 2005, 16,5 x 19,5 cm, 48 pages.
Valérie Linder compose, avec ses ciseaux et ses crayons, une grammaire de l’amante.
Elle coud ensemble les êtres.
Elle coud ensemble les êtres pour que ce soient les fils originels, ceux qui étaient là avant, qui apparaissent.
Ceux qui relient chaque être aux portes dérobées, aux arbres, aux espaces de promenade et de rêverie, aux rumeurs des saisons et aux silences contenus dans chaque douleur.
Elle ne fait pas venir à elle les verbes pour dire les amants. Ce sont eux qui viennent, quand sont dits les amants.
Qui viennent : qui se lèvent de la terre : « Appeler, chanceler, révéler, déceler, modeler, dégeler, danser, accélérer, ensorceler, héberger, s’évader… ».
Chaque page est un tableau sensible et doux qui nous entraîne dans la pensée des espaces et dans celle des liens.
Les espaces devenant tout naturellement les lieux où peut se révéler le lien.
Quels espaces ? La poésie, le rêve, la danse, pour l’auteure.
Refermant cet opuscule, on se découvre entraîné dans le sillage qu’il a creusé, au cœur de notre lecture.
On se retrouve dans le mouvement immobile du temps arrêté, quand nos pensées, toutes nos pensées, sont tournées vers l’être avec qui la fusion a un goût de salive.
Et le goût de mystère vrai qu’est le plus nu de la douceur.
Le plus nu du corps.
Le plus peuplé-d’oiseaux du cœur.
« Je cherche / tu écoutes / je creuse / j’écris / tu lis / j’avance / tu entends / j’approfondis / tu avances / j’entends / tu cherches / je dessine / tu approfondis / j’écoute / tu creuses / je te goûte / tu écartes / j’ouvre / tu me touches / j’ose / tu pénètres / je lèche / tu me goûtes / j’écarte / tu oses / je caresse / tu ouvres / je te touche / tu embrasses / je pénètre / tu lèches / je dis / tu donnes / je prends / tu dis / je lâche / tu vis / je chuchote / tu entoures / je donne / tu prends / je vis / tu caresses / j’entoure / tu lâches / j’embrasse / tu chuchotes / je mordille / tu mordilles / tu aimes / j’aime »
Matthieu Gosztola
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