Le congé, étymologiquement, désigne l’action de circuler, la permission d’aller et venir en toute liberté. Conformément à ce sens premier, jour de congé (Thoba’s éditions, 2015), de Christian Degoutte, est le récit d’une fugue à vélo. Au cœur de cet été qui « sent l’ail écrasé », une cycliste, la cycliste, précise le poète-narrateur, a quitté son « immeuble » et sa ville pour gagner le campagne : la voici pédalant dans l’air chaud, longeant une rivière, se rafraîchissant d’une cascade, ou encore traversant un village. Pages, paysages, ainsi titrait Jean-Pierre Richard. Mouvante dans le bleu de l’air et le vert des feuillages, la cycliste fuit résolument les pesanteurs et la grisaille. Ses coups de pédales allègres suscitent gêne ou incompréhension : « rugissement de moteur, klaxon lui jappant aux fesses », vieille qui « d’un geste d’impatience chasse la cycliste, mouche devant ses yeux ». Pourtant (et peut-être est-ce pour cela qu’elle dérange), son appétit de vivre est aussi intense que communicatif. Disons-le : à lire ces 13 textes qui sont autant d’odes à la liberté et la légèreté, nous vient, séance tenante, l’envie d’enfourcher nos vélos.