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Vous êtes mes aïeux | Cécile Guivarch

dimanche 23 février 2014, par Cécile Guivarch

Avec ce petit livre, Vous êtes mes aïeux, publié aux éditions Henry, Cécile Guivarch creuse son sillon, et continue d’explorer les liens de filiation. Le titre se pose comme une évidence, évidence que l’auteure va tisser et détisser au fil des mots, la familiarité côtoyant le mystère.

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cette nuit vous êtes venus me voir
je dormais j’ai fait semblant de rien

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Ces êtres se rapprochent et l’auteure les reconnaît malgré le flou de certaines silhouettes qui demeurent dans l’ombre. Le poème se fait alors question et dessine de beaux portraits en creux.

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donniez-vous les miettes aux oiseaux
souffliez-vous sur vos mains l’hiver

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Le poème cherche moins à rendre une vérité qu’à créer un lien de tendresse avec ces proches inconnus, ces vieilles personnes. Le poème cherche à tâtons dans la nuit d’autrefois, le poème imagine et comble la distance.

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le blanc s’étire entre nous
puis l’envol des oiseaux

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Ils sont nombreux, ils viennent à elle et lui parlent, et si elle ne comprend pas toujours ce qu’ils disent avec leurs langues chargées de langues, ce n’est pas très grave, le frémissement de leur présence suffit.

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à bien tendre l’oreille
je perçois dans un souffle à peine
le bruit que font vos ailes

vos langues d’oiseux
que le vent seul entend

la mer aussi peut-être

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Le poème interroge l’énigme de ces présences absences à la fois évanescentes et presque palpables. À l’aide de quelques indices, cartes postales, photos, des dates sur un état civil, Cécile G. remonte le chemin qu’ils ont eux même emprunté. Elle marche dans leur pas, retourne sur les lieux et elle les voit, ils sont là, dans la simplicité de leur vie qu’elle nous donne à voir.

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la cuisine du dimanche
gros pain crustacés beurre

vos mains tordaient
vos robes vos pantalons

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Cécile G. rend ici un hommage, avec un sentiment d’affection, d’empathie et de reconnaissance pour ces vies simples et rudes, humbles et belles, ces vies qu’elle porte en elle et qui la constituent.

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vous vivez dans mon corps
circulez dans mon sang
vous dansiez dans ma tête avant même ma naissance
tout ce que vous taisez

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Le poème apparaît alors comme un geste simple et naturel pour aller vers ces êtres et tenter de les tenir tous embrassés.

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vous êtes des morceaux de ciel

vous êtes dans l’épaisseur
nous continuons d’avancer au delà de vos pas

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Christine Bloyet


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