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Alexandre Voisard

lundi 3 juin 2024, par Cécile Guivarch

Né à Porrentruy (canton du Jura helvète) en 1930, d’un père instituteur et d’une mère d’origine franc-montagnarde, Alexandre Voisard, après des études hachées, a pratiqué divers métiers dans le théâtre, les postes, l’industrie, la librairie.
Il a été délégué aux Affaires culturelles de la République et Canton du Jura et vice-président de la Fondation Pro Helvetia, puis il s’est retiré dans le village natal de sa compagne, Courtelevant, en France voisine, juste au-delà de la frontière, où il s’est consacré entièrement à l’écriture.
Il a été appelé, dès 1990, à siéger parmi les trente membres de l’Académie Mallarmé, à Paris. Dans une interview, il confiait que son rêve d’enfant était de « devenir un grand musicien ».
Un film biographique Alexandre Voisard, Poète - Plan-fixe est réalisé en 2000 par l’Association Films Plans-fixes à Lausanne.

Extrait de Écrit sur un mur, 1954

     L’amour a les cheveux du monde. La voix de tous les jours, et les flèches du soleil. Il court quand il veut, si les saisons de miel s’arrêtent de tourner ou sila folie monte la garde aux carrefours. L’amour s’assied où il peut, sur les murs de la mélancolie ou sur les chevaux maigres de la pluie. L’amour ne voit pas ce qu’il fait. Il caresse les rivières et bâtit son aurore à midi. L’amour s’endort sur les clous des étoiles.
     L’amour n’a pas de nom.

*

     La neige d’aujourd’hui est plus mince que mes yeux d’enfant, sur le dur papier du toit. Moi je suis ici corps et âme avec ton souvenir, fille folle et maladroite. De mes doigts glissent secrètement des mots mouillés et quand même saufs, de longues phrases à tête d’épingle, sans sujet, telles que « …chercha en vain l’estime de la rose ».

Extrait de Vert paradis, 1955

     À l’approche de l’été, le prestige du père grandissait. Il se tenait debout sous le prunier promis aux saccages. Dans sa main les groseilles s’amoncelaient, chaudes et dorées, et les enfants les y prenaient pour les déposer doucement dans la corbeille de raphia. Ou bien, dans les fraisiers, l’orvet en finissait avec sa solitude. Alors d’un seul regard, le père s’éloignait.

     Le prestige du père était à son comble durant les longues promenades en forêt. Là, les enfants lui prenaient les mains et ne les lâchaient que pour cueillir une baie aigre et rouge. Il semblait que le père, parmi les hêtres, doublait sa stature. C’était alors à une sorte de dieu que les petits posaient leurs questions. Et les réponses divines qui leur étaient données prenaient place dans leur mémoire pour toute leur vie, avec l’alphabet et l’histoire de Noël.

     Tel était le père. Et telles furent les douces saisons enfantines.

Extrait de Miroirs, 1958

IV

     L’estuaire à l’instant rompt la berge où s’alignent les jardins. Les eaux, dis-tu, ne prennent pas le risque d’arracher la terre à sa semence, bien que le sable ait des façons d’être fascinantes bien que les racines des cyprès enserrent la souche de Prométhée.
     Que les mots accourent, dis-tu et qu’ils descendent de sa cimaise l’inoubliable source de la joie, que la vague noire consacre de telles flammes !
     Tu parles, et l’estuaire, dans l’effondrement terrible de la nuit, saisit les eaux, ramène la vague noire à la règle de tous. Tu parles : le pain reprend sa place à l’heure du repas connue, l’alouette retrouve l’ascèse verticale, et le lait tiède cicatrise ta blessure moins vaste que ta prière.

Extrait de Chronique du guet, 1961

XII

     Témoin des randonnées de la chouette et des lunaisons, je porte au cœur, sachant le peu de poids des rentes, autant de certitudes que d’interrogations.
     Tour à tour menacés de tempêtes et d’insouciance, mes feuillets attendent que je consigne, dans l’éblouissement de l’étape, les réponses que je pressens, veules et remuantes, après la tournée des puits.
     Ce que je sais, c’est que l’innocence est cause de mes enquêtes : ni outrages ni frimas n’ont empire sur l’objet de mon amour. La hase silencieuse, l’épine-vinette et le bouvreuil arpentent sans contrainte mes livres ouverts.

Qui saurait interrompre le dialogue une fois celui-ci accordé, de la rivière et de la truite ?

Extrait de Liberté à l’aube, 1967

Je sais les mots qui contraignent
À vivre, à mourir et à vivre,
Les mots qui prolongent les jours brûlants
Et abrège la courbe glacée des nuits
Les mots qui piétinent les vouivres dénaturées
Et frappent au flanc les messagers sournois
Dont la langue jaunâtre ne piège que les mouches.

*

Si les menaces taisent la plaie,
Si les clameurs taisent le sang,
Si l’ombre jetée tait l’injure
Il faut que la nuit désormais
Sache quelles chansons engloutir
Et quels visages noircir enfin.

*

ANNO MCM XXX
Nuit de septembre, tu me vis naître
Sur l’ovale blancheur des sentes,
Lézard à l’oeil de chardon
Tes clameurs ont tissé le drap de mon enfance.

Suis-je plus pauvre de tant d’années d’oubli,
De tant de chaume foulé en vain ?
Ai-je fortune du torrent jadis accaparé
Et que je mène chaque jour au fond des âges ?

Nuit d’alouette, tu me vis naître,
Étincelle transie au creux des labours moites.
Septembre qui m’appelle de si loin,
Je vois ta main d’iris qui brûle jusqu’à moi.

Suis-je plus pauvre, suis-je plus sombre
Que la faucille qui de l’ombre me délia ?
Mais qu’importent les cris dont je tire pitance :
Ma liberté est vive où mon pays repose

*

Passe l’été, passe l’hiver
L’horloge bat plus vite
Selon les élans du peuple
Celant la braise sous les labours

Pleure la mère, pleure la femme,
La souffrance donne pouvoir
Aux hommes dont le cachot n’est plus,
Aux mots cinglants de la liberté.

Saigne le jour, saigne le soir,
La lèvre ne pose sur le ciel
Que pour attiser l’aurore lente
Oû les courriers attendent la nouvelle.

Tombe la neige, tombe le voile,
Hurle la charogne avec les loups,
A l’envers des montagnes s’écroule
L’odieuse flore des jardins tutélaires.

Extrait de La montagne humiliée, 1978

Fermez les lèvres à ce gisant de pierre,
Brisez cette sournoise épée d’ortie
Qui s’avance sous des sourires noirs,
Fermez vos cœurs à ces luisants vocables.

Déchirez ces jolies dentelles d’ombre
Où les gnomes trahissent le chant de l’aiguille.
Dites non au simulacre des refrains dorés,
Dites-non à lhiver qui n’ose dire son nom.

*

REFRAIN DU PRÉ de MONIN
Alors l’églantine passera entre les rets,
L’alouette brisera les griefs du miroir,
La rumeur des sources emplira les chaumières
Renversant les glaneuses sous la pluie de septembre.

On fermera la bouche aux insultes,
Le couteau sans maître jaillira de l’ombre
Et la parole sera enfin donnée aux pierres
Tandis que dans la fange crépiteront les fables.

*

CI-GÎT VARU

Pourtant il faut parler des hommes
Dont nous ne connaissons que l’ombre
Et que l’odeur de truie savante
Colportées comme un air de désastre.

Pourtant il faut crier des noms
À l’oreille de la lune piquée d’épines
Les noms que décharnent les forestiers
Dans un limpide chant de serpe.

Extrait de Le Dire Le Faire, 1978

Prendre le bon chemin de plein midi
était aussi téméraire et ardu
que donner un nom à l’herbe
et pourtant on nous en avait appris
des couplets qui expliquaient l’univers
ainsi peu à peu nous sommes devenus des anges
dont la seule raison d’être fut de se fondre
au peuple des fourmis qui tracent les routes
mais n’indiquent jamais ni l’heure ni le jour.

Extrait de Les voleurs d’herbe, 1978

Un jour, j’ai senti le temps passer. C’était une sorte de long cri d’effraie emporté par le vent. Je savais que ce cri-là jamais plus ne se présenterait à mes oreilles. J’ai tremblé, je me souviens, de tout mon corps. Mais dès lors j’ai su que notre destinée ne s’incarne pas dans un essaim d’abeilles qui déroberait aux regards les pans souillés de notre agonie. La mort n’est que morsure qui nous incite à l’évasion.
Des torrents de lave irriguent nos consciences. Nous n’avons pas de temps à nous, nous n’avons que des distances toujours plus grandes à parcourir où nous ouvrons sans relâche de nouvelles pistes pour des convois méfiants ou avinés. Et qui néanmoins oserait aliéner la couvaison obstinée de l’alouette niaise ?

Voilà notre sauf-conduit (ô feuille d’érable) déjà oblitéré de la bave des crapauds-rois.

Extrait de Toutes les vies vécues, 1989

RÉSÉDA
Réséda comme je me souviens de toi
à chaque instant du jour où
le rêve s’approche
entre dans ma gorge
me brûler jusqu’au ventre
je m’incline sur ce feu
qui m’habite si fugacement
soulevant des flots de feuilles froissées
et des parfums secrets frères de ton odeur

*

Je ne voulais pas te parler avant que l’été n s’affale sur les blés coupés. Mais voici que le Gange soudain traverse le Rhône et que dans ma gorge même des torrents assiègent les stalagmites dont je voulais taire l’existence. Je ne puis me dérober à leu défi, comme l’amandier ne peut fuir devant la grêle. Il faut donc accepter cette violence du lait dans nos bouches dociles : l’eau et le lait, le pain et le citron sauvagement mêlés à la pointe de nos langues. Sais-tu maintenant l’heure que nous vivons ? Vois-tu le vol de l’oreiller au-dessus du toit ?

Extrait de Fables des orées et des rues, 2003

LE POIDS DE SON CORPS
Quand on est un ours
on oublie d’ouvrir sa porte
aux passants vendeurs de dictons
on craint pour ses économies
on tourne le dos aux écoliers toussant
et pendant ce temps l’automne galope
et pousse au cul l’hiver
qui vous retient bientôt en sa tanière
où vous vous assurez dès lors
que vous êtes bien un ours
avec une fourrure      un peu de chaire
et un gros tas d’os encombrants

*

L’AVENIR DES OISEAUX
Quand nous aurons
arraché assez de feuilles
coupé assez de branches
abattu assez d’arbres
que deviendront les oiseaux
innombrables dans le ciel nu
y aura-t-il assez de place
pour eux dans nos maisons en cage
le bourgeon tremble entre les doigts
mouillées de brume
on entend des trilles
hachés dans les taillis

*

LA FÊTE AU LOIN
Suis-je resté si longtemps attablé
aux moissons que vient
d’emporter un pauvre feu d’homme ?
Je n’ai plus une once de courage
à mettre en jeu
au banc des fêtes villageoises
où un ongle de cuivre
gagné sur l’incrédulité générale
saurait me faire chanter les verres
les pleins de concert avec les vides.

Extrait de Cahier de notes, 2004

Le feu jamais
ne met la braise
en doute
et la cendre n’est
pas son propos.

Faire chanter l’herbe
au diapason des verbes.

La nuit immobile
plaque et colle au réel.
Le plus insoupçonnable
frise l’extraordinaire
à la surface des choses.

Nie
zieht das Feuer
die Glut in Zweifel
und vor den Asche
weiss es nicht zu sagen.

Mit den Winden, die im hohen Grase singen
die Worte zum singen bringen.

Die Nacht, reglos,
saugt sich an, klebt fest am nacken Sein.
Was kaum erahnt,
berührt, was aus der Ordnung fällt
doch durchdringt es nicht

Extrait de Derrière la lampe, 2012

AU RAPPEL DES TOISONS

Ainsi dire
Au fond de soi on écoute
des conciliabules de sources ravivées
des airs revus à la hausse
comme disent les comptables
au bout du train-train

quelqu’un parle en son for intérieur
quelque bègue bavard sans doute
qui des anges apprit le langage
des gestes rabrouant le tribun
perdu aux barbelés de sa harangue

entre dire et parler la langue
s’émousse de message en boniment
les hoquets de la pensée à tiroirs
sans fin ramènent à la question Est-ce
ma mère que j’entends prier en creux de conque

il arriva que l’on célèbre le silence
comme germe fondateur d’une poésie
à naître loin du cœur entre les pierres
au-delà des arcanes et des sables
où s’exila le verbe en chair de figue

c’était le temps des vagues en trompe-l’œil
on s’entendait rêver de chambre en chambre
en sommant le sommeil de s’arrêter
au pli du paysage quand le chemin
à l’invite du vent fait demi-tour

on espérait pouvoir amadouer
la distance entre ciel et terre
comme l’écimeur aux mains calleuses
en avait convenu avec les corneilles
incorrigibles prometteuses

tout cela a vécu tant sous les huées
qu’à l’énoncé de nos pauvres mérites
alors que nous aspirions à enseigner
aux compagnons fourbus à voir plus loin
que les bravos glanés au miroir patelin

un vœu persiste à la fenêtre matinale
où la fillette assise au bord des larmes
prononce bleu bleu pour dire violet
« que désormais toute fleur meurtrie
soit décrite en petites phrases sautillantes »

on s’adresse aux arbres une dernière fois
on les étreint on leur parle tout bas
pour leur faire dire et redire
ce qu’ils savent d’en bas et qui hante
ce qu’ils savent d’en haut et qui feint.

Extrait de Dans la fièvre du migrant suivi de Tremblement de l’aurore et Feuillets, 2007

Aller au bout du chemin
revenir sur ses pas
se dire qu’oiseaux et baies
vous nourriront toute une vie
chérir en soi le moindre doute
oh les comptes à reprendre sans fin
par quiconque veut voir juste
en l’ardente lenteur de l’obscur.

*

Passe le seuil
au risque du grand écart
entre le dehors et le dedans
qui ne s’aventure
de l’écarlate au pourpre
peinera entre le grave et l’aigu
entre le vrai et le faux
il faut aimer
sa propre disparition
pigment après pigment
comme le privilège absolu.

Extrait de La poésie en chemins de ronde, 2010

Jour après jour, je persévère en mon dessein de remettre, comme il était écrit au fronton de l’atelier de mécanique, « chaque chose à sa place » puisqu’il y a « une place pour chaque chose ». Je fais le rappel, je bats des mains, je siffle. Je m’obstine à frapper à la porte des mots, qui en sortent engourdis et débraillés. Ce ne sont que peut-être pas ceux-ci qui me diront d’où ils émergent ni vers quel affluent ils se laisseront dériver.

*

Quand j’invite à considérer la métaphore (parfois piégée, en effet) d’un œil circonspect, je ne suggère pas qu’en sa nature elle divague ou qu’elle leurre le profane ébahi. S’en remettre à son oreille plutôt qu’à cet entendement sur le bon sens tôt essoufflé.

*

Si tu ne déranges pas les mots ils ne se rangeront pas sous ta plume. Autre aléa et pas des moindres entre les lignes.

*

Passant nuitamment, paupières lourdes, au large du poème, fiez-vous à la lanterne qui tutoie tous les secrets des sentes.

Extrait de Ajours suivi de Médaillons, 2017

Et bientôt
on revient sur ses pas
on se reprend
rien n’est dit encore
de l’infranchissable exil.

*

Dans l’imminence
du jour
parafe ton coin de ciel
d’un accent aigu.

*

Nuit après nuit
à ton chevet
le hibou veille
sur tes rêves
sans y entendre
goutte.

*

À regarder de près
l’abeille aux étamines
le maître se fait humble
et dans sa main
le compas balbutie
le temps d’un soupir.

*

AUTOBIOGRAPHIE
Une enfance de monts en merveilles
une adolescence à couteaux tirés
un âge de raison à cran d’arrêt
un âge mûr à raisins verts
un grand âge à perdre haleine.

Extrait de L’ordinaire et l’aubaine des mots, 2020

Un mot n’est rien.
Mais que celui-là en appelle et en accueille un autre à son côté et tout change.
Car ces deux-là sont alors beaucoup plus qu’eux-mêmes.
Ici commence le discours, le poème, l’aventure.

*

Il arrive qu’en tout ce qui murmure, bourdonne, nasille, crachote, stridule, zézaie,
siffle, craque et ronfle en moi je sois pris au mot, un mot qu’on m’enjoint d’accueillir en ma maison, pour le meilleur et pour le pire. Mais un mot nu n’est qu’une guenille, un leurre, au mieux une coquille. Ne reste qu’à attendre une autre alerte allumant la mèche à ce qui l’a précédé.

*
Car sans les mots le monde est incompréhensible.

Extrait de Qui vive / un cahier de la main gauche, 2021

Au mot à mot
la mort n’ôte rien
elle ajoute

*

Traverser la vie épineuse
t’en remettre à tes sandales
à ton étoile plantée plein cœur
qui parle avec toi comme
cette pierre au fond du puits
où tu te mires

*

Ta maison
n’a plus d’ardoise
tu as cassé tes crayons
sur les gravats
du futur antérieur

Extrait de Une mémoire d’étincelles et de givre, 2023

On n’oubliera plus quoi qu’il advienne à nos pas
semés de faits divers de méprises et de fiestas
qu’avoir aimé le fruit ne guérit pas d’aimer la fleur
reste l’inaccompli heureux d’un perpétuel désir
aimer d’avoir aimé te requiert encore.

Extrait de Post-scriptum, 2024

J’ajoute
au chapitre de mes trois oncles que c’est bien
mon tour de me foutre de leur gueule, deux mots
qu’ils avaient collés sur la langue, la leur.
Aucun d’eux ne se soucia jamais du sort de
leur pauvre petite mère miséreuse.
Mon père fut le seul de ses enfants à la soutenir
sans défaillance ; moralement et financièrement,
jusqu’à la fin.
Que cela soit dit et écrit

P.-S.
décrire, rapporter n’est pas écrire.
Décrire n’est que projet d’archivage
ou de sanction, double intention.
L’acte créateur est écrire.
Envers et contre tout.
Seul debout.

*

J’ajoute
pour me résumer après mille et une culbutes
aux talus ininterrompus que mon itinéraire
fut une boule d’épingles une à une
changées en désirs.

J’ajoute
à destination des badauds du boulevard
qu’il ne suffit pas de faire pleurer les rieurs
pour faire rire ceux qui pleurent.
Il y a bien trop de méprises.

P.-S.
si je ne rattrape pas les bouts de phrase
que j’ânonne, personne ne s’y prêtera à ma place.
Et s’il y en eut un jadis, il fut certes de la
brigade universitaire dont certains porte-plumes
s’amusent au bas des pages des autres.

*

J’ajoute
un souci à mon jardin dépaysé,
cet œillet de poète qui tarde à s’ouvrir
sous nos augures de clocher.

J’ajoute
ce post-scriptum à ma lettre d’amour :
si vous m’aimez, relisez-moi souvent,
d’autres mots se cachent sous les mots,
ne vous laissez pas égarer.

J’ajoute
une noix en la poche où mon canif s’ennuie.
Grand bien leur fasse à tous deux.

J’ajoute enfin
aux petits riens essentiels de la vie
le cœur du petit nuage dont on n’attendait rien
et qui en partant nous gratifia de
quelques gouttes d’espérance.

-Rien à ajouter, poète ?
-Pour l’heure seulement, rien.
-Serait-ce plénitude ?
-à peine, dirais-je encore.
                    2.8.22
          Alexandre

Bibliographie

  • Écrit sur un mur, Éditions du Provincial, Porrentruy, 1954,
  • Vert paradis, Éditions du Provincial, Porrentruy, 1955
  • Miroirs, Éditions des Compagnons de la Marjolaine, Bassecourt, 1958
  • Chronique du guet, Mercure de France, Paris, 1961
  • Liberté à l’aube, Éditions des Malvoisins, Porrentruy, 1967, rééditée ...
  • Les Deux Versants de la solitude, Cahiers de la renaissance vaudoise, Lausanne, 1969
  • Louve, Éditions Bertil Galland, Vevey, 1972
  • La Nuit en miettes, Éd. Bertil Galland, Vevey, 1975
  • Je ne sais pas si vous savez, Éd. Bertil Galland, Vevey, 1975
  • Les voleurs d’herbe, éditions L’âge d’homme, Lausanne, 1978
  • Le Dire Le Faire, éditions Empreintes, Chavannes-près-Renens, 1978
  • La montagne humiliée, ed. Bertil Galland, Lausanne, 1978
  • Un Train peut en cacher un autre, Éd. Bertil Galland, Vevey, 1979
  • La Claire Voyante, poèmes, Éd. Bertil Galland, Vevey, 1981
  • Les Rescapés et autres poèmes, Éditions de l’Aire, Lausanne, 1984
  • L’Année des treize lunes, Éditions de l’Aire, Lausanne, 1984
  • Toutes les vies vécues, Éd. Empreintes, Chavannes-près-Renens, 1989,
  • Maîtres et valets entre deux orages, Éditions Bernard Campiche, Yvonand, 1993
  • Une enfance de fond en comble, Éditions Empreintes, Chavannes-près-Renens, 1993,
  • Le Repentir du Peintre, Éditions Empreintes, Chavannes-près-Renens, 1995,
  • Le Déjeu, Éditions Bernard Campiche,Yvonand, 1997,
  • Au rendez-vous des alluvions, Éditions Bernard Campiche, Orbe, 1997
  • Sauver sa trace, Éditions Bernard Campiche, Orbe, 2000
  • Quelques fourmis sur la plage, Société jurassienne d’Émulation, Porrentruy, 2001
  • Fables des orées et des rues, Éditions Bernard Campiche, Orbe, 2003
  • L’Adieu aux abeilles et autres nouvelles, Éditions Bernard Campiche, Orbe, 2003
  • Cahier de notes, Éditions Haupt, Bern, 2004
  • Le Mot musique ou L’Enfance d’un poète, Éditions Bernard Campiche, Orbe, 2004
  • De Cime et d’abîme, Éditions Seghers, Paris, 2007
  • Dans la fièvre du migrant, Éditions Le Miel de l’Ours, Genève, 2007
  • Émergence, Éditions Empreintes, Chavannes-près-Renens, 2010
  • La Poésie en chemins de ronde, Éditions Empreintes, Chavannes-près-Renens, 2010
  • Autour de Liberté à l’aube. Correspondance 1967-1972, Alexandre Voisard et Maurice Chappaz, Éd. des Malvoisins, Fontenais, 2010
  • L’Intégrale de ses œuvres a été réuni en neuf volumes de 2006-2011 chez Bernard Campiche
  • Accrues, Carnets 1999-2008, Éd. Bernard Campiche, Orbe, 2011
  • Silves, Poésie, Couleurs d’Encres, Lausanne, 2011
  • Derrière la lampe, éditions Empreintes, Chavannes-près-Renens, 2012
  • Le Poète coupé en deux, Éd. Bernard Campiche, Orbe, 2012
  • Les petites Heures de Jean la Paille suivi de L’Oracle des quatre jeudis, Éditions Empreintes, Chavannes-près-Renens, 2014
  • Notre-Dame des égarés, roman, Carouge, Éditions Zoé, 2017
  • Ajours, suivi de Médaillons, encres originales de l’auteur, Éditions Le Taillis Pré, 2017, Châtelineau
  • L’ordinaire et l’aubaine des mots, Éditions Empreintes, 2020
  • Une mémoire d’étincelles et de givre, Éditions Empreintes, Chavannes-près-Renens, 2023
  • Post-scriptum, Éditions Empreintes, Chavannes-près-Renens, 2024

Anthologie Alexandre Voisard réalisée avec la complicité de
Gilles F. Jobin, Bertrand Degott et Françoise Delorme


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