Ce qui vient profus - Claudine Bohi - Photos Danièle Faugeras - 2018
(46 pages, format 140x210 mm sur recyclé intérieur, couverture sur Rives tradition)
tu te tiens
absente
dans cet envers
qui n’existe pas
surgit
ce qui a chuchoté
sans aucun mot
qui parle ailleurs
le seigneur des limites
lance les anneaux du temps
cela passe
dans le sang clair
dans des vertiges
de silence
une voûte respire
d’un coup se vide
aspire
de longs espaces
solides
et noirs
ils s’ouvrent
vers l’œil unique
qui fait lumière
ça se montre
ça ne se voit pas
ça tombe
dans une mémoire
trop grande
ça se tend vers
ça se réfugie
ça demande l’appel
ça recommence
ça revient là
où c’est avant
cela dessine
partout
cela fuse
et remonte l’air
cela retourne la vague
vers son puits
cela contredit le vent
élève une absence
profuse
Sur l’aube d’un ciel taché d’encre - Michaël Glück - Dessins Caroline François-Rubino - 2018
(100 pages, format 125x210 mm, intérieur papier recyclé, couverture Rives tradition)
4° de couverture :
Chaque matin depuis le 29 août 2013,
chaque matin je tente de poser un distique de peu.
Passent les heures et il s’efface.
La journée s’envenime.
M.G.
octobre
01
ce premier-là d’octobre était rentrée des classes
le nez dans les écharpes les cartables trop lourds
02
est-ce le jour qui m’appelle
ou la nuit qui me vomit
03
lents coups de pinceaux
le jour se maquille
04
roues des valises roues des premiers tramways
les endormies descendent vers la gare
05
une autre ville a soulevé les paupières
autre ville autre chant de l’aube
06
voici venu le temps où les arbres s’épuisent
où le ciel s’éveille sur un lit de feuilles
07
la nuit se cache sous les tuiles
elle cesse d’aboyer
08
on se réveille on ne suit pas
les morts d’hier ou de la nuit
09
et l’étonnement revient
d’un matin encore et de la lumière
février
10
la langue balbutie au milieu des ruines
à trop se taire elle aussi sera défaite
11
quelque part quelqu’un se lève
vient écrire à la table commune
12
un tramway s’en va vers un train qui s’en va
comment traduire les ombres de la nuit
13
brassée de poèmes
sur la table de nuit
14
apprendre une autre langue
pour tutoyer la nuit
15
lèvres de papier chants de langues
de pensées maisons-livres
16
les murs se souviendront-ils
du résident éphémère
17
autres rythmes du jour
autres présences livres encore
18
une main de lumière écrit
sur les rideaux de la chambre
avril
19
le jour est tombé dans le puits
j’étais au fond du puits
20
les vrilles du jour percent les volets
câbles de lumière et dehors la pluie
21
les mésanges messagères
nidifient dans la boîte à lettres
22
ce matin ne viennent
que les mots : bon jour
23
les mots de la nuit
sont-ils solubles dans le jour
24
murmures ou bien sont-ce
les tuyauteries qui marmonnent
25
violence de la parole violence
du bourgeon qui déchire l’écorce
26
chacun dort avec ses morts
chaque mot a ses tombeaux
27
autre maison de livres
avec extérieurs fleuris
juin
10
jour-nuit nuit-jour passages ruptures
chaque fois le ciel blessé
11
la taupe du métro
gronde sous le sommier
12
livres revues visages
sur la place soufflent les mots
13
nuées de corbeaux dans les trouées de lumière
craw craw puis envolées balancements des branches
14
se réveiller un mot posé
sur les lèvres papillon de nuit
15
les pigeons vont claudiquant
sur les pavés de la place les passants les imitent
16
mot à mot le souffle s’écrit
poème entre les lèvres
17
les oiseaux ont beau battre de l’aile
les matins restent chauds
18
beauté et brûlure
d’un nom sur les lèvres
(Page réalisée grâce à la complicité de Roselyne Sibille)