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Aurélia Lassaque

vendredi 19 avril 2013, par Jean-Marc Undriener

Présentation

Née en 1983, Aurélia Lassaque est poète de langues française et occitane. Collaborant régulièrement avec des plasticiens, danseurs et musiciens, elle a donné divers spectacles en France, Brésil, Angleterre et Italie. Ses poèmes sont traduits en recueils, revues et anthologies dans une dizaine de langues. En 2011, elle fut responsable de l’exposition « Dialogue entre cultures et langues » au Conseil de l’Europe. Egalement conseillère littéraire du festival « Paroles Indigo » à Arles aux côtés de Boubacar Boris Diop, Aurélia Lassaque présente des chroniques littéraires à la télévision (FR3 Sud). Vient de paraître : Pour que chantent les salamandres, Paris, éd. Bruno Doucey, 2013.

[lilas]Ombras de Luna – Ombres de Lune[/lilas]

La negressa somiava
d’iranges roges e redondes,
miralh vegetal
de sas popas regolejantas de lach nòu .

Li nasquèt un dròlle
del pel rosset e dels uèlhs verds
que servava en secret
dins una banasta de fruchas falsas.

La négresse rêvait
D’oranges rouges et rondes,
Miroir végétal

De sa poitrine ruisselante de lait nouveau.

Il lui naquit un enfant
A la chevelure rousse et aux yeux verts
Qu’elle gardait en secret
Dans une corbeille de faux fruits.



[lilas]Lo sòmi d’Orfèu - Le rêve d’Orphée[/lilas]

Lo sòmi d’Orfèu

Dins los infèrns que los òmes
Son pas mai que d’ombras,

Me farai ombra al dedins de ton còs.

Bastirai de ciutats de sabla
Qu’agotaràn lo flum que degun ne tòrna.

Dansarem sus de torres que nòstres uèlhs veiràn pas.

Serai ta lenga trencada que sap pas mentir.

E maudirem l’amor que nos a perduts.

Le rêve d’Orphée

Dans les enfers où les hommes
Ne sont plus que des ombres,
Je me ferai ombre au-dedans de ton corps.

Je construirai des cités de sable
Pour tarir le fleuve dont on ne revient pas.

Nous danserons sur des tours invisibles à nos yeux.

Je serai ta langue tranchée qui ne sait pas mentir.

Et nous maudirons l’amour qui nous a perdus.



[lilas]Pour que chantent les salamandres[/lilas]

Un ostal de pèira…

Un ostal de pèira e de cortinas de lin coloradas per la lutz e la posca mescladas.
La mar granda, fins a l’asuèlh, agacha per la fenèstra.
Dins l’ostal, una femna encara verge ; sos pelses de cendre qu’atissa lo vent de la nauta mar balan amb lo ser.
Sus la taula, son vièlh trocèl ben plegat atrai son agach quand los aucèls de nuèch se meton a cantar.

Une maison de pierre…

Une maison de pierre et des rideaux de lin colorés par la lumière et la poussière mêlées.
L’océan, jusqu’à l’horizon, regarde par la fenêtre.
Dans la maison, une femme encore vierge ; ses cheveux de cendre que taquine le vent de la haute mer dansent avec le soir.
Sur la table, son vieux trousseau bien plié attire son regard quand les oiseaux de nuit se mettent à chanter.

Comme un jardin à l’abandon

Ta peau
Comme un jardin à l’abandon
Avec beaucoup de fleurs dedans.

Tu dis ? J’aime tes longs cheveux ?

Dans le creux de ta main
La clé d’une maison inconnue ;
Celle de tes ancêtres.

Tu dis que les volets ont perdu leur couleur,
Comme les vieilles tortues qui encombrent la mer.

Tu as dénudé tes yeux
Sur mon épaule.

A l’heure de la prière,
Nous avons dessiné des oiseaux
Avec l’ombre de nos mains.

Tu me parlais d’arbres
Qui ouvrent leurs feuilles

Au clair de lune.

Et je ne t’écoutais pas.
Je ne voyais déjà plus tes mains
Qui ouvriraient
Bientôt loin de moi
Les volets ternes d’une maison
Au bord d’une rivière
Dont tu ne m’as jamais donné le nom.



Aurelia Lassaque sur internet

Bibliographie

Recueils et livres d’artistes

  • Cinquena Sason, Letras d’oc, 2006
  • Ombras de Luna - Ombres de Lune, Éd. de la Margeride, 2009, rééd. 2010, 2011
  • E t’entornes pas - Et ne te retourne pas, Éd. de la Margeride, 2010
  • Lo sòmi d’EuridíciaLe rêve d’Eurydice, Éd. les Aresquiers, 2011
  • Lo sòmi d’OrfèuLe rêve d’Orphée, Éd. les Aresquiers, 2011
  • La ronda del fènix – La ballade du phénix, Paris, Éditions de la Lune bleue, 2012
  • Pour que chantent les salamandres, Paris, éd. Bruno Doucey, 2013)

A l’étranger : Solstice and other poems, London, Francis Boutle Publishers, 2012


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1 Message

  • Aurélia Lassaque - maison de pierre Le 3 décembre 2021 à 17:45, par René Chabrière

    un écho poétique sur celui d’A Lassaque

    — -


    Un océan sous la pluie
    gris
    s’étire dans l’absence.

    De la fenêtre de la maison,
    une femme aux cheveux de cendre
    regarde le soir
    se poser sur l’horizon ;

    - rien ne le déride -.

    Elle sait attendre...
    Le vent joue avec le sable.
    Le trousseau de la mariée
    resté sur la table
    sagement plié,
    voisine une chaise vide.

    Au loin le marin est parti
    sans doute trop tôt :
    c’était avant-hier,
    c’est aujourd’hui...
    depuis, les rideaux
    tombent en poussière...

    RC - dec 2021

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