Ce qui se lève avec le jour.
Solstice et au-delà évoque des saisons de la vie, des saisons de l’amour : une présence discrète au monde, une réelle attention au temps, aux présences partagées non sans une douce mélancolie sur laquelle l’auteur de s’appesantit pas.
Il faut aller dans le jour « des épaules et d’un geste » car « nous avons la chance d’être debout ». Un couple (celui d’aujourd’hui ou d’hier) est là dans sa vie quotidienne, des enfants « qui nous ressemblent » vont dans les chemins secrets du bois derrière la maison. « Nos terres d’océan » sont convoquées juste assez pour élargir la vision de l’intimité. Les temps sont mêlés, passé, présent, ce qui donne à la lecture sa plénitude d’être dans le souvenir et la remémoration. Chaque geste simple s’agrandit d’une profonde perception du monde. Parler de cette maison à la campagne, alors qu’ils sont « citadins contre toute attente » brouille un peu les repères.
Le poème se déploie en quelques vers en haut de chaque page et quelques mots en italique repris du texte, rapprochés différemment, ouvrent un nouvel espace de poésie : « La nuit nous chassons » ou « les armes dernières ». De cette subtile manipulation naît un autre sens plus inattendu qui secoue la lecture.
Les lieux nous parlent au fil des pages, de tempêtes, de guerre quelque part, de « vents féroces ». Un fleuve « tout en Turner » nous illumine de douceur colorée évoquant le peintre et ses aquarelles françaises de la Loire.
Ce surgissement des instants vécus fait apparaître le travail poétique de la mémoire mêlant réel et imaginaire. C’est un recueil émouvant d’une grande élégance, d’une simple lucidité dans l’acuité de ses notations.
Luce Guilbaud. Février 2018