Maria Desmée est née en 1952, en Roumanie. Elle fait des études d’art et de littérature, étudie le français à l’université et devient professeur de français au lycée, en attendant son départ pour la France en 1981. Depuis l’enfance la poésie et la peinture cheminent ensemble et se définissent de plus en plus comme un ancrage essentiel dans la création. C’est à travers la revue Sapriphage qu’il y a rencontre avec les poètes d’aujourd’hui, et à travers ses expositions à Paris. Rencontres et amitiés qui continuent et qui se traduisent à travers des livres d’artiste. La collection créée en 2017 est à la fois un hommage aux poètes qui l’ont accompagné et une anthologie personnelle, (110 poètes).
Si la peinture prend une part importante, la poésie revient avec régularité à travers ses recueils :
- Festins de lumière ed. Corps Puce
- Diagonale du désir, ed. Mazette
- Pommes, conte d’une traversée, ed. Corps Puce
- Tissages, ed. Soc & Foc
- Paris, New York, Cleveland, ed Henry
- De quelle nuit, ed. Henry
Maria Desmée a exposé ses toiles en France, Angleterre, Allemagne, Espagne, Etats-Unis, Chine, et ses œuvres figurent aussi dans des collections publiques.
Livres d’artiste
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Centre d’art et de littérature de l’Echelle, livre d’artiste avec Bernard Noël, 2004
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Peintures
Performance sur une lecture de Michel Butor , Salon du livre de Creil 2014
Centre d’art et de littérature de l’Echelle, 2006
Poèmes
Extraits de Diagonale du désir
L’invisible se dévoile la nuit
le loup rode autour de nos peurs
sous la peau des mots s’ouvre
l’éclat d’une aurore boréale***
Le temps est là inscrit
dans la trajectoire rectiligne
d’un côté comme de l’autre
l’incertitude se tisse***
La forme que prend le mot
est une chose impalpable.
Seul l’objet qu’il désigne
peut devenir obstacle
***
Une parole blanche contre
l’ossature des mots
à la croisée des vents le faucon
se moque de la rugosité de la pierre
***
Temps de traversée transversale
l’espace que le corps traverse
le traverse, parcourant le vide
au plein de la langue avide
***Une pierre gravée de sang et de brume
s’est adossée à mon mur
le vent lèche ses blessures
et la pluie délave sans enlever
***Un cœur de lune dévore ma maison
chaque nuit blanche d’absence
le sommeil s’enfuit dans les étoiles
un corps en attente d’étreinte
Extraits de Tissages
Extraits de Paris, New-York, Cleveland, ed. Henry
Sur le lac Erié
trois orages éclatent
Perles d’or ciel en paillettes.le rouge que j’ai lissé ce matin
s’auréole de lumière
un cri le déchire comme la foudre
qui brise le miroir du lacentre ciel et terre survoltée
l’électricité se déchaîne
zigzague l’horizon de sa déchargel’homme a perdu le contrôle
l’air est pris de panique
se débat dans les barbelés de feu
la guerre vient d’en haut
avec charge et tonnerrese trancher à l’abri et attendre
que sa colère s’éloigne
***De quel côté surgit la mémoire
dans le fracas du palpable
de quel côté se retourne l’oubli
dans l’évanescence des pas.d’un lieu à l’autre
nous ajustons la vibration du monde
***Temps d’un soleil qui fend la nuit
New-York s’érige en patriarche
majestueuse et hautaine
labyrinthe de couloirsoù fourmille une foule indomptable
temps de repos furtif
un Times Square affichant imperturbablement
le Dow Jones et les tués par balles.comment trouve-t-on la porte d’entrée d’une ville
que vient-on chercher.
***Dans la verticalité comme dans un puits
de lumière et d’ombre
se taillent dans la pierre des maisons
les chemins qui se croisent en angles droits
quadrillent le parcours d’une bête en fuiteNo time anywhere, anytime
Soudain le soleil décline sur la courbe oblique
une tour en verre s’enflamme de rouge
la trépidation change de tambour
l’homme du jour laisse la place au noctambule
dans cette ville sans sommeilNo way to sleep this night.
un cœur bat dans la ville,
une ville bat dans le cœur.
Une lumière qui ne s’éteint plus
les paupières sont devenues transparentes
je vois à travers
du fond du cœur à l’infini.
tu manques à mon appel
***Une absence ne se défait pas
elle s’enracine dans l’écorce
et délave les couleurs
la main se vide
geste sans trajectoire
elle caresse le videLa nuit pour poser les mots justes
sur le bord des fenêtres
les retrouver, au matin, restitués
***Les mots s’articulent
pour donner corps au corps
dans la langue du présent.Entre deux rives
un océan de non dits
chacun dans sa langue.D’un continent à l’autre
la terre mesure le tempsrythme la vie
entre un levant et un couchant.Six heures ici minuit là-bas
Être quelque part
est un lieu de la mémoire
une identité ouverte.