Louise Thunin, Christ en cabane, Edilivre, 2013, 139 pages, 14 euros.
Peut-on faire en sorte d’abolir le jugement ?
Ce jugement qui nous structure en tant qu’êtres de société ?
Ce jugement qui obscurcit toute vision que l’on peut modeler, au point de faire en sorte que notre regard n’est, le plus souvent, que la confirmation des présupposés et topoï qui sont partie constitutive de notre sang et du mouvement de notre sang, de par et l’éducation et l’empirisme du quotidien…
Est-il possible de faire en sorte que notre regard soit débarrassé de tout ce qui guide son mouvement, de tout ce qui rectifie sa pulsation, de tout ce qui brusque l’énonciation de sa vie, appauvrissant le souffle de cette vie qui est vérité ?
Tous ces acquis qui bien souvent nous conduisent sur le chemin des automatismes, alors que notre cœur est une brassée de lilas, que l’on devrait, à chaque instant, offrir au vent du soir, à sa douceur, ou à celui du matin, à sa rudesse.
Oui, est-il possible de retrouver une virginité de la perception, et particulièrement de la perception que l’on a de l’autre, afin que l’accueil de cet autre nous soit possible, par notre regard, par notre entendement, qui sont la porte ouverte de nos vies ?
L’autre fût-il honni par la société, stigmatisé, reconnu comme un être déviant, voire comme un « monstre » ?
Louise Thunin répond par l’affirmative.
Elle fait de la page bras ouverts, pur accueil.
Pure mélodie de l’accueil.
Mélodie en chronique. Qui chaque jour – chaque jour – reprend son cours. Et jamais ne pourra se terminer [1].
Empathie et amour sans condition…, son écriture, et l’humour qui en est comme l’envol, face à ce que d’aucuns appelleront noirceur, étant la modulation de cet amour.
Matthieu Gosztola