Fondées en 2010 avec pour objectif de publier des textes de poètes contemporains, les Éditions Mazette sont aussi un atelier de création qui donne naissance à ses livres fabriqués artisanalement.
Loin des sentiers battus de l’édition traditionnelle, et hors de toute considération commerciale, Mazette retient un seul critère pour éditer un auteur : le coup de cœur pour ses textes et la voix qui s’y fait entendre.
Et comme la poésie ne connait pas de limites, les éditions accueillent aussi volontiers des œuvres d’artistes plasticiens qui font écho aux poèmes. Ainsi naissent nos livres, forts de cette passion pour la création sous toutes ses formes, riches de l’envie de découverte et de partage.
Extrait de Sagesse des ruines, Emmanuelle Le Cam
Le jardin est gelé
nous faisons crisser l’herbe
sous nos pasle jardin s’installe
dans une tranquillité
de façadeun chat noir y passe -
lenteur subtile- qui accompagne
mon geste.
Extrait de Six arbres de fortune autour de ma baignoire, Samira Negrouche
Tu parles au passé
de ce qu’il reste à colmater
sur le chêne que l’on maltraiteGeste ancrés répétés
balbutiements de note crochetées
sur la surface à polir
à vivreCentres digitaux -
blessures
tu articules chaque courbure
et plonges lentement
dans la mémoire
qui ne se raccommode pas
Extrait de Cavalier seul, Mérédith Le Dez
Les deux chevaux
dans ma tête
s’ébrouent
je fais route
immobile.Ce qui a changé : rien
ne change
à moins que le temps
ne creuse le goût
d’apprendre à se défaire
des heures enfuies
et des lendemains
qui auraient chanté.
Extrait de Une passée de paroles, Yves-Jacques Bouin
DEMEURER
La fleur qui le soir se referme, mais son parfum. Le soleil qui soudain disparaît, mais la nuit. Les rues qui du même pas se vident, mais la solitude. La vie qui doucement se retire, mais la lumière
A l’intérieur
Les rideaux que l’on ferme, mais la mémoire. Quelqu’un éteint la lampe, mais la respiration. Les visages s’effacent, mais la caresse. Le dernier mot d’amour dans un souffle, mais le silence
A l’intérieur
Lorsque tout cesse, une présence demeure ; mais qui sait l’accueillir au fond de soi comme un sourire qui n’en finit pas ?
Extrait de paupières closes, Mérédith Le Dez, peintures d’Emmanuelle Boblet
Tu pensais étendre encore un mouchoir
blanc pour une trêve au creux du temps
neige pure aux yeux anéantis du monde
et c’est le rouge qui monte le très rouge
des muqueuses amères aux commissures
c’est encore qui monte en hurlant violet
de vents violents le très beau le si rouge
comme clameur sauvage claquant rimée
aux faux envers vide des paupières closes
sur la nuit la salive des grands désordres
vivant poisseux vivant fouillant et fouillé
par telles épées et quel singulier mystère