Emmanuelle Le Cam est née le 13 juillet 1972. Elle a vécu dans plusieurs villes bretonnes, avant de revenir s’installer à Lorient, sa ville natale. Elle se consacre à l’écriture. Ainsi, 35 livres ou plaquettes de poésie ont vu le jour. Depuis quelques années, elle écrit également en prose. Elle a, en outre, collaboré à de nombreuses revues littéraires depuis 1990, date de ses débuts en poésie.
Le travail d’Emmanuelle Le Cam s’articule autour du corps, d’une attention toute particulière au passage des saisons, aux veilles nocturnes. Elle écrit l’intime, et privilégie un lyrisme discret, des associations de mots inédites. L’écrit au cœur, elle avance sur un chemin où rien n’est gagné d’avance, où la souffrance tient souvent la vie dans son étau, et où la mort ne rôde jamais bien loin de la plume ou du clavier. Le vivant vibre de toutes ses fibres dans sa poésie, ceci dit. Des chats la traversent, qui égaient les textes. Ils sont présence de vie précieuse dans le bureau, dans la « chambre d’écriture » du poète, où « s’alchimise » un présent têtu. Maritimes, ces poèmes ont toujours saveur iodée qui s’imprime, tenace, dans le cerveau et l’âme du lecteur attentif.
Extrait de Gisements, (Polder/ Décharge, 1993)
Qui tremble encore
dans le vent outrancier ?Des racines s’enchevêtrent,
désignent l’endroit.Ici peut se cacher l’homme.
(lui et sa honte
fragile au creux du ventre)
Extrait de Le Poème de l’Eau, (Le Chat qui tousse, 2001)
Me sera-t-il laissé
quelques mots en otage,
ceux des autres peut-être
accrochés tendres
à mes paupières ?
Extrait de Squelette de Bois, (Gros Textes, 2002)
Il est une intelligence
(sourde)
de l’absenceet cette force
nous tient droits,
éveillés.
Extrait de Unique Demeure , (Le Dé Bleu, 2005)
Chemin
hivernal,
seule route
possible
à
travers
pays
salé.
Extrait de Nocturne, Chronique, (Citadel Road Editions, 2008)
Je fume trop
L’air s’appesantit
J’ouvre la fenêtre
Sur la ville en apnée
Je souris un peu
A la ténèbre
Extrait de On ne discute pas l’Infini, (Gros textes, 2010)
j’écoute
des motets
de Bach
la musique
se dilue
dans le silence
je demeure
sur sa berge
Extrait de Nous saluons les Orages, ( Rafael de Surtis, 2017)
J’aime regarder
les chalutiers rentrer
au portma ville instille de
l’eau salée
dans mes veines qui
n’en
demandent pas tant.