Entretien avec Eric Chassefière par Cécile Guivarch
Bonjour cher Eric Chassefière, suite au décès de Michel Cosem, vous avez repris la direction de la publication d’Encres Vives. Je trouve cela très beau de permettre à ces éditions de poursuivre… Pouvez-vous nous parler donc de ce que vous savez de la naissance d’Encres Vives, revue fondée en 1960 ? Qu’est-ce que Michel Cosem a voulu défendre en fondant cette revue ?
À vrai dire, je n’ai pas une connaissance approfondie de l’historique des débuts de la revue. L’information que j’en ai provient essentiellement de la description qu’en a faite Michel Cosem sur le site web de la revue (https://encresvives.wixsite.com/michelcosem). Encres Vives a été fondée par de jeunes gens, des membres de l’Association Générale des Étudiants de Toulouse qui s’intéressaient à la poésie et qui cherchaient à créer un espace d’expression qui leur soit propre, en l’absence d’un canal d’expression suffisamment large par la voie de l’édition classique. Voici ce qu’en dit Michel Cosem : « Il y avait deux revues plutôt hostiles à ceux qui n’étaient pas du sérail : Le Pont de l’épée et Action poétique. C’est un peu contre elles et contre les pratiques poétiques de ce temps-là qu’Encres Vives s’est construite, contre les clans et les chapelles, contre la poésie néo-classique qui était notre cible privilégiée, contre la poésie dite engagée plus proche de nous mais dont nous rejetions le caractère circonstanciel et parfois la pauvreté d’écriture ». Cosem mentionne comme principal événement déclencheur le congrès de poésie organisé en 1965 par Claire Légat à Bruxelles, qui réunissait notamment des directeurs de nombreuses petites revues de poésie françaises et belges, qui à cette occasion fusionnèrent pour donner naissance à la revue et à la maison d’édition (à travers ses collections) Encres Vives. Dans les années qui suivirent, la revue fut un lieu de débat dans lequel furent discutés le rapport de la poésie aux autres grands champs d’intervention du langage, la psychanalyse, la linguistique. Je cite à nouveau Michel Cosem dans un extrait qui dit bien le contenu des échanges de l’époque : « Dans notre n° 68 intitulé Faire de la langue un travail selon une expression de Julia KRISTEVA nous étions trois à nous interroger sur l’avenir de la poésie : Alain DUAULT préconisait un travail en profondeur et un rapprochement avec Tel Quel. LE SIDANER pensait lier poésie et social espérant trouver dans les sciences les passerelles nécessaires. Quant à moi, privilégiant les mythes et l’imaginaire, je voyais en la poésie un moyen de désaliénation ». En 1968 est créée la collection Manuscrits, qui va explorer durant dix ans la relation entre texte, mise en page et graphisme. « Outre les écrivains du groupe Encres Vives (Michel Cosem, Michel Ducom, Hélène Mozer, Jean-Marie Le Sidaner, Alain Duault, Jean-Max Tixier, Christian Limousin, Michel Dugué, Gérard Durozoi, Jacques Lovichi, Robert Marty, Serge Mestre, Michel Mourot), la collection publie Serge Velay, Alain Borer, Jacques Ancet, Vahé Godel, Géo Norge, Jean-Luc Parant, Pierre Gamarra, Edouard Glissant, Valère Novarina, Jean Malrieu et René Nelli ». 1972 est l’année de la relation liée avec le GFEN (Groupe Français d’Éducation Nouvelle) visant à placer la poésie au cœur de la démarche pédagogique, à travers notamment la participation à des stages d’enseignants et à des ouvrages collectifs. « C’est au cours de ce long moment de réflexion, de mises au point mais aussi d’initiatives que nous ont rejoints Gilles LADES, Michel DUCOM, Chantal DANJOU, Jean-Louis CLARAC, Annie BRIET, Jacqueline SAINT JEAN. Désormais le champ d’action d’Encres Vives était établi solidement ».
Le nouveau comité de rédaction d’Encres Vives, œuvrant à la reprise des publications, est majoritairement constitué des compagnons de route accrétés cette année-là, en l’occurrence Gilles Lades, Michel Ducom, Jean-Louis Clarac, Annie Briet, la compagne de Michel Cosem, et Jacqueline Saint-Jean. Si nous y ajoutons Christian Saint-Paul, qui très jeune fréquenta les œuvres littéraires de Michel Cosem, ainsi que Catherine Bruneau, ma compagne, et moi-même, nous avons le comité actuel, que nous avons voulu le plus resserré possible dans cette phase de reprise, reposant sur un socle de compagnons fidèles de Michel Cosem. La collection Manuscrits s’arrêta en 1978, mais deux décennies plus tard furent créées les collections Lieu et Encres Blanches, destinées respectivement à faire vivre en poésie l’un des lieux favoris d’un poète, réel ou imaginaire, et à permettre à de nouveaux poètes de s’exprimer. Encres Vives, aujourd’hui, c’est à la fois une revue mensuelle publiant des recueils de poèmes, chaque numéro consistant en un recueil d’un seul auteur, et une maison d’édition éditant des recueils dans les deux collections Lieu et Encres Blanches. Les numéros d’Encres Vives sont distribués aux abonnés, ceux des collections Lieu et Encres Blanches étant vendus sur commande ou à l’occasion de marchés, salons ou lectures de poésie. Encres Vives est une entreprise au long cours et de grande envergure, avec à ce jour près de 2000 recueils et 500 auteurs publiés, dont beaucoup ont acquis au fil du temps une reconnaissance certaine dans le milieu littéraire. Ce qu’a cherché à défendre Michel Cosem tout au long de sa vie avec Encres Vives, c’est, je crois, une attention à la nouveauté en poésie sans aucun parti pris ni esprit de chapelle. Il écrit ainsi : « J’ai essayé de conserver l’enthousiasme du début, d’être attentif aux nouveaux, de les aider à se construire en bonne compagnie et il n’y a là rien que de très naturel. De là peut naître un rapport à la poésie avec qui il faudra compter. Cet afflux de nouveaux auteurs – et je ne saurais tous les citer – oblige à encore plus de rigueur mais aussi d’attention et de gestion. Mais aussi de demeurer en dehors des clans, des modes et des obligations que peuvent susciter les médias ou autres nouveautés. Avec comme volonté constante de demeurer à l’écoute de ce qui se passe ». C’est dans cet esprit d’attention et d’écoute que nous reprenons la revue.
Pourquoi avez-vous souhaité reprendre la direction d’Encres Vives ? Qu’est-ce que cela représente pour vous ? Qu’est-ce que cela implique de reprendre une telle activité ?
Je fais partie de ces centaines de poètes qui doivent beaucoup à Encres Vives. Michel Cosem est le premier à m’avoir publié il y a maintenant une quinzaine d’années, et c’est prenant conseil auprès de lui que Paul Sanda, et sa compagne Rafaël de Surtis, m’ont publié peu après aux éditions du même nom. Silvaine Arabo, qui m’a édité aux Éditions de l’Atlantique, était également proche d’Encres Vives. Pendant longtemps, comme beaucoup d’autres poètes lancés par Encres Vives, j’ai continué à envoyer régulièrement à Michel des propositions de recueils, qu’il accueillait toujours avec bienveillance, comme en témoignaient les quelques mots manuscrits qu’il envoyait en réponse, toujours posés et encourageants. Sa fidélité était sans faille, se traduisant quelquefois, comme cela fut le cas pour moi en 2013, par l’édition d’un numéro spécial dédiée à « une œuvre en train de se construire ». Michel était ouvert à toutes les formes de poésie pourvu qu’elles soient authentiques, expressions sincères d’un engagement fort dans l’époque qui les porte. Il écrit ainsi dans le numéro 62-63 d’Encres Vives, daté de l’hiver 1967-1968, consacré à la civilisation occitane : « … l’écrivain, et plus spécialement le poète est situé dans sa civilisation, non d’une manière logique, mais par le fait même d’écrire : il engage tout de lui-même et en même temps tout de sa civilisation. L’époque des écrivains qui puisaient ici et là leur inspiration semble révolue, de même que celle de l’écrivain qui décidait de se consacrer à son clocher en exaltant un passé mort. L’écrivain – s’il n’est pas un faiseur – est tout entier l’homme de son époque. Et s’il ne l’est pas, il doit tendre à le devenir ». Homme d’une civilisation et d’un territoire, Michel Cosem l’était au premier chef, dans cette Occitanie tant aimée, berceau de sa famille paternelle, qu’il arpentait de ses pas et ses mots.
Lorsque j’ai appris son décès, et bien que je ne l’ai jamais rencontré, j’ai ressenti le sentiment d’une grande perte pour la poésie. J’ai pensé au plaisir dont seraient privés tous ces auteurs que Michel publiait fidèlement. Il se trouve que j’approche de l’âge de la retraite, et je me suis dit que reprendre la direction d’Encres Vives était en pratique chose possible, vu le temps bientôt libéré, et un moyen de rendre un grand service à la poésie au prix d’un investissement finalement modéré, compte tenu de l’acquis considérable accumulé depuis soixante ans. J’ai contacté Gilles Lades, qui en a lui-même parlé à Annie Briet, la compagne de Michel. Après un petit temps de réflexion, Annie a organisé dans la maison Lotoise des dernières années une réunion, le 12 octobre 2023 si je me souviens bien, à l’occasion de laquelle nous nous sommes retrouvés, les membres de l’actuel comité de lecture, pour discuter les modalités de la reprise des publications. Il a fallu ensuite recréer une association, trouver un imprimeur, et lancer la campagne d’abonnements, avec la crainte au début de n’avoir que peu d’abonnés. Le prestige d’Encres Vives, et la bienveillance de nombreuses revues et sites web de poésie qui nous ont aidé à diffuser l’information, ont fait que nous atteignons un nombre d’abonnés honorable, environ 130 à ce stade, ce qui nous permet de redémarrer dans de bonnes conditions. Le travail que représente la direction d’Encres Vives est certes significatif, mais tout à fait gérable, d’autant que je peux m’appuyer pour le choix des recueils à publier sur le comité de lecture, où chacun donne son avis, les choix faits étant collectifs. L’une des implications majeures de cette reprise d’Encres Vives est une obligation morale de s’inscrire dans la durée, avec l’engagement tacite de ma part de poursuivre sur le temps long le travail au long cours de mon prédécesseur. A plus court terme, nous devons également créer un réseau local d’abonnés, et plus largement d’amateurs de poésie, aux alentours de Frontignan où Catherine Bruneau et moi-même venons de nous installer, après une vie professionnelle passée à Paris. Montpellier a sa Maison de la Poésie Jean Joubert, Sète son festival Voix Vives de Méditerranée. Plus modestement, entre ces deux grands lieux de la poésie contemporaine, nous allons essayer de relancer à Frontignan l’activité de lectures de poésie initiée par Nicole et Georges Drano, ce qui nous permettra en particulier de mieux faire connaître Encres Vives, et favoriser la diffusion des recueils des collections Lieu et Encres Blanches, qui ne sont que marginalement distribués aux abonnés. Des contacts ont déjà été pris dans ce sens, et nous espérons pouvoir relancer le cycle de lectures à compter de l’automne prochain.
Vous avez édité les nouveaux numéros, je viens de les recevoir dans la boîte aux lettres. Allez-vous continuer sur le même format, la même fréquence que Michel Cosem ? Comment vous êtes-vous organisé pour poursuivre son travail ?
Nous changeons de format, passant de 16 pages au format A4 à 32 pages au format A5. Le format A5 paraît plus approprié au rangement dans les rayonnages d’une bibliothèque, ou d’une librairie. Nous avons également fait le choix d’une couleur unique des couvertures, le vert pour Encres Vives, le jaune pour Lieu et le blanc pour Encres Blanches. La fréquence pour la revue, envoyée aux abonnés, reste mensuelle. Concernant les deux collections, il n’y a pas de notion de cyclicité. Nous publions tout ce qui nous paraît valable, la difficulté étant bien sûr ensuite de faire connaître ces publications et susciter des commandes, comme pour bon nombre d’éditeurs. Nous recevons d’ores et déjà beaucoup de propositions, souvent de bon niveau, mais il n’est bien sûr pas question de tout publier. La jauge approximative pour l’instant est de l’ordre d’une douzaine de Lieu et une douzaine d’Encres Blanches par an, les catalogues des recueils publiés dans les deux collections devant être régulièrement communiqués aux abonnés, pour lesquels le prix d’achat d’un numéro est fixé à 4 €. Par ailleurs, pour seulement 5 € supplémentaires (soit 45 €), les abonnés reçoivent 2 Lieu et 2 Encres Blanches par an en plus des 12 Encres Vives, soit 16 recueils Nous espérons que notre schéma s’avèrera économiquement viable. En ce qui concerne l’organisation, nous effectuons un choix sur une base trimestrielle, les numéros de la revue étant envoyés trois par trois tous les trimestres pour optimiser le coût postal, très élevé. Les recueils reçus jugés valables sont envoyés à tous les membres du comité pour évaluation et classement. Les choix se font donc de manière collégiale, avec un seul mot d’ordre, fidèle à l’esprit tracé par Michel Cosem : « ouverture et exigence ». Une ligne éditoriale en conséquence large, cherchant à représenter la création poétique contemporaine dans sa diversité.
Si on reprend ce poème de Michel Cosem dans L’heure de la tourterelle que vous venez de faire paraître à titre posthume, est-ce que l’on peut dire en quelques sortes qu’être revuiste ou éditeur, c’est une affaire perpétuelle de naissance et d’avenir ? De rencontre, de partage et d’invitation ? Comment envisagez-vous cela de votre côté en reprenant la direction d’Encres Vives ?
Chaque rivière
dans les lointains paysages
a son écharpe de brume
blanche fleur de l’automne
clarté de la naissance
et confiance dans l’avenir
éclat de réveil et d’auberencontre de cœur partagé
où l’on est l’heureux invité
Parlant de l’Encres Vives d’aujourd’hui, voici ce qu’en disait Michel Cosem : « Tout en demeurant dans un format modeste Encres Vives continue d’attirer, de retenir, d’influencer des générations nouvelles, en faisant preuve à la fois d’exigence et d’ouverture. C’est là je pense une volonté affirmée qui regarde plus certainement vers l’avenir que vers le passé ». Oui, et c’est bien vers l’avenir que j’ai décidé, à titre personnel, de me tourner quand j’ai pris la décision de reprendre Encres Vives. Après une vie consacrée au service de la science au sein du CNRS, qu’il s’agisse du montage de projets spatiaux ou de structures fédératives interdisciplinaires, de projets de recherche ou d’enseignement dans le domaine de la planétologie, c’est une renaissance que j’ai décidé d’opérer en mettant mon temps et mon énergie au service de la poésie. La poésie est une vieille passion, éveillée dès l’enfance (j’avais huit ans lorsque j’ai écrit mes premiers poèmes) mais restée très longtemps cantonnée à la stricte sphère privée (mes premières publications datent de 2008), et au travail d’écriture, chaque été, sur le lieu d’enfance, dont il était alors indissociable. Il m’a fallu attendre la cinquantaine pour être capable d’écrire hors du mas familial, près de Saint-Étienne du Grès, où j’avais passé les deux premières années de ma vie (bercé par le mistral soufflant dans les platanes du jardin) et revenais chaque été avec mon épouse et mes trois enfants, par exemple sur mon lieu d’habitation parisien ou au cours des nombreux voyages effectués en Asie du Sud-Est dans la décennie 2010 (qui ont donné naissance à plusieurs publications dans la collection Lieu). Cette décennie fut pour moi d’intense activité, à la fois dans le domaine scientifique, avec notamment la direction d’un laboratoire de Géosciences à l’Université d’Orsay, et dans le domaine poétique, avec l’écriture de nombreux recueils, fidèlement publiés par Encres Vives, Rafaël de Surtis, Alcyone, Sémaphore (Quimperlé) et quelques autres, ainsi que l’entrée au comité de lecture de Interventions à Haute voix, la revue de Gérard Faucheux. Puis, il y a quelques années, l’entrée au comité de Francopolis, la revue en ligne de Dana Shishmanian, et la rédaction de notes le lecture pour différentes revues, dont notamment Diérèse de Daniel Martinez. Alors, oui, tout était prêt pour cette renaissance que constitue pour moi la reprise d’Encres Vives, au service d’une communauté qui est maintenant de chercheurs de mots, et non plus de lois physiques. « Rencontre, partage, invitation », dites-vous. Oui, certainement, après une vie pour l’essentiel d’exercice solitaire de l’écriture poétique. C’est bien ainsi que j’envisage l’avenir qui s’ouvre, pourvu bien sûr que Dieu me prête vie et santé.
Parlez-nous un peu des quatre livrets que vous venez de faire paraître ?
Nous avons en fait publié neuf livrets, que je ne vous ai pas tous communiqués :
Dans le mensuel Encres Vives :
N°529 (Novembre 2023) : Spécial Michel Cosem, sous la direction de Annie Briet
N°530 (Décembre 2023) : Michel Cosem – « L’heure de la tourterelle »
N°531 (Janvier 2024) : Véronique Joyaux – « Si loin si proche »
N°532 (Février 2024) : Alain Brissiaud – « Toute la misère »
N°533 (Mars 2024) : Bernard Malinvaud – « Le chemin des eaux vives »
Dans la collection Lieu :
N°396 (Février 2024) : Paul Badin – « Cœur de Vaucluse »
Dans la collection Encres blanches :
N°807 (Février 2024) : Denis Hamel – « Soixante caprices pour esprit désaccordé »
N°808 (Février 2024) : Jacqueline Assaël – « Faune, au seuil des houles »
N°809 (Février 2024) : Claire Cursoux – « Un hologramme à la place du cœur »
Cette livraison est un peu particulière, en ce sens que j’ai décidé de ne pas faire attendre les auteurs qui nous avaient envoyé de bons recueils, en datant de novembre et décembre 2023 les recueils consacrés à Michel Cosem, de manière à pouvoir commencer les publications d’auteurs actuels dès janvier. En pratique, les N°529 et 530 ont été offerts aux abonnés et envoyés en même temps que les trois premiers recueils de 2024. Plus des trois quarts de nos abonnés ont choisi la formule +, et ont reçu, en plus des recueils d’Encres Vives, 1 Lieu ou 1 Encres Blanches.
Des extraits des neuf recueils publiés peuvent être trouvés sur la page FaceBook d’Encres Vives, et j’invite les lecteurs à aller en prendre directement connaissance sur cette page. Ces différents titres offrent, nous l’espérons, toute une palette de styles et d’inspirations, avec des textes plus ou moins difficiles d’accès, mais qui partagent tous le même souci d’une parole vraie, plongeant aux racines mêmes de l’être et de son imaginaire. Donnons ici la parole à Gilles Lades : « Face à ce qui apparaît souvent comme un déni du lyrisme, Encres Vives réplique par sa constance à se tourner vers des voix singulières et libres mettant en œuvre un imaginaire fouillé jusqu’en ses tréfonds. Dans cette perspective, l’élaboration de la langue poétique est une exigence qui ne doit pas se plier aux mécaniques d’une métrique, mais donner toute son efficience au désir de dire, de témoigner de la vérité d’exister dans notre temps. D’autre part, pour devenir créateur de son monde, le poète doit écrire dans la résonance de son expérience et de son émotion ».
Comment envisagez-vous la suite ? Est-ce vous allez continuer sur les traces de Michel Cosem ? Ou avez-vous de nouveaux projets pour Encres Vives ?
Je crois que j’ai répondu à cette question dans le cours de mes réponses aux précédentes. Oui, nous allons continuer sur les traces de Michel Cosem. À ce stade, notre but est de retrouver le rythme de publication et l’ampleur de la palette poétique d’Encres Vives. Il y a une action urgente à mener, qui est la création d’un site web du nouvel Encres Vives, ce que nous essaierons de faire dans les mois qui viennent. Pour le reste, peut-être de nouvelles idées apparaitront-elles dans les mois et les années à venir. Mais l’urgence, pour l’instant, est de consolider et élargir notre socle de lecteurs, aux échelles nationale et locale. Nous ne pouvons qu’inciter les lecteurs de cet article à suivre la page FaceBook d’Encres Vives, où ils pourront au fil des jours découvrir des poèmes publiés dans Encres Vives et ses collections Lieu et Encres Blanches, et bien sûr à s’abonner à la revue.