Écrivez-vous depuis longtemps ?
Comme ma première publication de haïkus et tercets, Paroles d’épouvantails, date de 2002, je pense avoir commencé à écrire des haïkus à la fin du XX°. Je ne peux pas vous répondre plus précisément car je brûle tous mes carnets.
Comment êtes-vous venu au haïku ?
J’ai découvert la poésie japonaise dans les romans, et plus particulièrement le haïku dans Oreiller d’herbes de Sôseki.
La force de la brièveté et la simplicité apparente m’ont vite attiré.
En commençant à me documenter, j’ai découvert le côté paradoxal des conseils d’écriture qui, enfermant le haïku dans une succession de règles, finissent par se contredire. J’ai donc cherché, et cherche toujours, ma voix (voie).
Pouvez-vous parler du quotidien du haïkiste ?
Le même que M. ou Mme Tout le Monde, pour peu qu’il soit attentif à ce qui l’entoure.
Chacun peut sentir la beauté d’une fleur, toucher le rire d’un enfant, voir le parfum du vin, goûter le bruit du pain qui craque sous les doigts ou entendre la fraîcheur de l’eau.
Mais seul le haïjin reste assez fou pour coucher toutes ses sensations dans ses carnets.
Qu’est-ce qui vous émeut le plus au quotidien, dans le monde ?
C’est le monde dans sa totalité qui peut m’interpeller. Tout dépend de l’heure, de mon attention et de mes préoccupations. Je peux la même journée être touché par le merle qui accueille l’aube et l’homme qui déjeune chichement sur le couvercle d’une poubelle.
Comment vous est venue l’idée de Ploc¡
Avant de répondre, je dois préciser que Ploc¡ rassemble deux médias : la lettre et la revue du haïku. Je ne suis responsable que de la newsletter mensuelle et gratuite Ploc¡ la lettre du haïku.
Je l’ai créée en 2007 pour rendre compte de l’actualité, toujours croissante, du haïku francophone : agenda et notes de lecture principalement.
Pour la rendre plus intéressante (je l’espère) je l’ai agrémentée de deux autres rubriques en lien avec ma passion : l’histoire du haïku français et la lecture de haïkus japonais contemporains.
Pouvez-vous nous parler de la manière par laquelle un numéro de Ploc¡ se crée ?
Tout commence par les haïkus de la revue japonaise Ashibi sélectionnés par Makoto Kemmoku. Il m’envoie ses premières traductions et nous commençons notre travail d’adaptation. Quand celui-ci est terminé, Ploc¡peut être diffusée, même en l’absence de recensions (ce qui est déjà arrivé). Ces dernières sont écrites au fil de mes lectures, mais je peux être parfois détourné de ma mission par le théâtre, le cinéma ou les romans.
Je pense que vous avez dû faire de belles rencontres grâce à ce rendez-vous mensuel ou au gré de vos lectures, avez-vous des auteurs de haïkus qui sont pour vous des incontournables ?
Le plus agréable dans la réalisation de Ploc¡c’est effectivement de découvrir des perles au détour d’une page. Mais cela arrive moins souvent que de trouver des haïkus sans intérêt, de simples descriptions.
Curieusement, je me sens plus proche des haïjins québécois que des français. Leurs haïkus me paraissent plus simples, moins intellectualisés. Aussi je ne citerai que des auteurs de là-bas, (re)lus récemment :
nouvelle maison
jeter les souvenirs
d’un inconnu
Julie Tremblay
épicerie du mois
faire semblant d’être blanche
à la caisse de Walmart
Louve Mathieu
de chaque côté
du chat mes mains
sur le clavier
Hélène Leclerc
sur mon bureau
ma vieille théière sans anse
pleine de crayons
France Cayouette
Chute de neige
dans le cahier du haïkiste
des fleurs d’encre
André Vezina
Parlez-vous du haïkus à vos voisins, aux enfants, dans des écoles, etc ?
Oui, ils m’arrivent d’en parler ici et là. Dans des rencontres littéraires, dans des ateliers pour enfants... J’évite cependant de ne pas trop en parler au quotidien pour ne pas lasser mon entourage.
lire un choix de haïkus tirés de la revue Ploc¡
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