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Gérard Bocholier

samedi 15 juillet 2017, par Cécile Guivarch

Gérard Bocholier est né le 8 septembre 1947 à Clermont-Ferrand. Il a fait ses études secondaires et supérieures dans cette ville, y a ensuite enseigné la littérature française et les lettres classiques en classe de lettres supérieures.
Originaire d’une famille de vignerons de la plaine de Limagne, il est franc-comtois par sa famille maternelle, à la frontière du pays de Vaud en Suisse. Il a passé son enfance et sa jeunesse dans le village paternel de Monton, au sud de Clermont-Ferrand, que les poèmes en prose du Village et les ombres évoquent avec ses habitants.
La lecture de Pierre Reverdy, à qui il consacre un essai en 1984, Pierre Reverdy le phare obscur, détermine en grande partie sa vocation de poète. En 1971, Marcel Arland, directeur de la NRF, lui remet à Paris le prix Paul Valéry, réservé à un jeune poète étudiant. En 1976, il participe à la fondation de la revue de poésie Arpa, avec d’autres poètes auvergnats et bourbonnais, dont Pierre Delisle, qui fut un de ses plus proches amis. D’autres rencontres éclairent sa route : celle de Jean Grosjean à la NRF, puis celle de Jacques Réda, qui lui confie une chronique régulière de poésie dans les pages de la célèbre revue à partir des années 90, mais aussi l’amitié affectueuse du poète de Suisse romande, Anne Perrier, dont il préface les œuvres complètes en 1996.
Son activité de critique de poésie ne cesse de se développer au fil des années, il collabore à de nombreuses revues, notamment à la Revue des Belles Lettres de Genève, au Nouveau Recueil, et surtout à Arpa, dont il assure la direction dès 1984.
Certains de ses articles sont réunis dans le volume Les ombrages fabuleux, en 2003.
A partir de 2009, un an avant sa retraite, il se consacre principalement à l’écriture de psaumes, publiés par Ad Solem. Le premier volume est préfacé par Jean-Pierre Lemaire, son ami proche. Le deuxième s’ouvre sur un envoi de Philippe Jaccottet.
Il prend la responsabilité d’une rubrique de poésie dans l’hebdomadaire La Vie et tient une chronique de lectures à partir de 2012 sur le site internet : Recours au poème.
De nombreux prix lui ont été attribués : Voronca (1978), Louis Guillaume (1987), le Grand Prix de poésie pour la jeunesse en 1991, le prix Paul Verlaine de la Maison de poésie en 1994, le prix Louise Labé en 2011. L’Académie Française lui a décerné le prix François Coppée pour Psaumes de l’espérance en 2013.

Trois textes inédits

QUELQUES PSAUMES

Le visage qui ne change
Ni d’un cil ni d’une ride
Se penche dans la clairière
De genêts et d’aubépines

Sur lui la pluie étincelle
Bleuit le chardon des souffles
Par l’échelle de la mort
Je monterai jusqu’à lui

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Que plus rien ne me retienne
Adviendra L’ombre murmure
Un chant qui berce la terre
Où les morts sont en alerte

Le trou que l’absence creuse
S’élargira Les rivages
S’effaceront Le silence
Brûlera la note unique

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Instants qu’un peu de vent pousse
Hors du temps le soir recueille
Le chant murmuré du livre
Ses mots qui défient la mort

O le parfum de bonté
Qui émane de la terre
Cette attention du mystère
Intimement révélée

Extrait de Belles saisons obscures (Arfuyen, 2012)

Cette ombre penchée
Qu’on croyait reconnaître
A ses beaux yeux d’aurore mouillée
Nous avons vu qu’elle ne tenait
Que par les froncements d’un souffle

A peine a-t-elle fait signe
A la mort d’attendre
Un autre chant de renaissance
Mais l’automne déjà rongeait
En braises de grappes mûres
D’improbables poèmes

Extrait de Belles saisons obscures (Arfuyen, 2012)

Celui qui nous a rattrapés
Sur la route avec des paroles
De feu s’en est allé mais l’ombre
A déchiré ses vêtements
Secoué ses cheveux de cendre
Pour laisser voir l’arbre d’argent
Le plus caché l’éblouissant

Extrait de Lueurs de fin (Rougerie, 2000)

La douceur

Souviens-toi seulement
De cette douceur
Qui serpentait sous les arbres
De ses épaules d’herbe
Appuyées à la nuit

Les termes du secret
A quoi bon rappeler
Leurs coups à la muraille
Et leur trombe de sang
Qui nous creusait le cœur

Souviens-toi seulement
De ses yeux sous les cendres
Et de ce qu’ils taisaient
Depuis les pluies d’enfance

Extrait de Terre prochaine (Rougerie, 1992)

L’arrachement

On n’arrache pas le cœur de la maison,
Pas plus que les griffes plantées des vignes
Dans le tuf ou l’argile blanche,
Sans qu’un grand cri ne vienne ouvrir l’abîme
Qui attendait blotti sous les feuilles.

Des chevaux morts hennissent en plein ciel,
Des chiens errants relèvent la tête,
Pour saluer ce vent, ce frisson long d’automne,
Et l’on sent des pans entiers de siècles
Tomber comme des draps dans des ruelles disparues.

Des doigts de lumière blême traversent le portrait,
Pour caresser la chambre, l’escalier de pierre,
La terre crevassée, une dernière fois,
Et fuir, mouillés de sang noir comme du jais.

Extrait de Psaumes du bel amour (Ad Solem, 2010)

Quand les terrasses de l’aube
S’effondrent jusqu’au vertige
Tu tends tes mains d’air et d’ombre
Pour mieux recevoir ma mort

Chaque goutte d’or qui brûle
Chaque brin volé au jour
Déploient sur moi l’ineffable
Incendie de ton amour

Extrait de Psaumes du bel amour (Ad Solem, 2010)

Tout donner ne rien garder
Tu l’as su plus qu’aucun autre
Plus que la pluie sur la terre
Plus que le feu sur les eaux

Doux Seigneur fais que je donne
Ce peu qui m’attache encore
Pour goûter intarissable
La coupe du bel amour

Extrait de Psaumes de l’espérance (Ad Solem, 2012)

Sur le coteau la bruyère
Bénissait le soir plus rose
Avant que je croie en Toi
Tu étais penché sur moi

Avant qu’un oiseau s’envole
Ton feu brillait dans l’auberge
Et ton incendie courait
Dans la forêt sous la neige

Extrait de Psaumes de l’espérance (Ad Solem, 2012)

Les habilleuses des morts
Se hâtent la nuit venue
Tant que les membres sont tièdes
Et la douleur indicible

Contre le mur un torrent
De jasmin en fleur ruisselle
Présage le frais de l’aube
Annonce résurrection


Bibliographie

Poésie

  • L’Ordre du Silence ( Chambelland, 1975) (épuisé)
  • Le Vent et l’homme (Rougerie, 1976)
  • L’Arbre et la nuit (Rougerie, 1979)
  • Chemin de guet (Subervie, 1979), prix Voronca, prix Hennequin de la SGDL (épuisé)
  • Liens (Rougerie, 1981)
  • Lèvres (Rougerie, 1983)
  • Poussière ardente (Rougerie, 1987), prix Louis Guillaume
  • Secret des lieux (Rougerie, 1990)
  • Un chardon de bleu pur (Table Rase, 1992) (épuisé)
  • Terre prochaine (Rougerie, 1992), prix Jacques Normand
  • Voix secrète (L’Arrière-Pays, 1995) (épuisé)
  • Le Village et les ombres (L’Arbre, 1998)
  • Chants de Lazare (L’Arrière-Pays, 1998)
  • Lueurs de fin (Rougerie, 2000)
  • La Veille (L’Estocade, 2000) (épuisé)
  • Du feu jeté (L’Arrière-Pays, 2004)
  • Le Démuni (Tarabuste, 2005)
  • La Venue (Arfuyen, 2006)
  • Jour au-delà (Rougerie, 2006)
  • Abîmes cachés (L’Arrière-Pays, 2010), prix Louise Labé
  • Psaumes du bel amour (Ad Solem, 2010)
  • Belles saisons obscures (Arfuyen,2012)
  • Psaumes de l’espérance (Ad Solem, 2012), prix François Coppée de l’Académie Française
  • Le Village emporté (L’Arrière-Pays, 2013)
  • Passant (La Porte, 2014)
  • Les Etreintes invisibles (L’herbe qui tremble, 2016)
  • Nuits (Ad Solem, 2016)

Essais

  • Pierre Reverdy, le phare obscur (Champ Vallon, 1984)
  • Baudelaire en toutes lettres (Bordas, 1993)
  • Les ombrages fabuleux (L’Escampette, 2003)
  • Le poème exercice spirituel (Ad Solem, 2014)
  • Les chemins tournants de Pierre Reverdy (Tituli, 2016)

Journal

  • Les nuages de l’âme. Journal 1996-2016 (Editions Pétra, 2016)

Anthologie

  • Poésie en Auvergne (Rougerie, 1983)

Poésie pour la jeunesse

  • Terre de ciel (Cheyne, 1985)
  • Si petite planète (Cheyne, 1989)
  • Poèmes du petit bonheur (Hachette, Livre de poche, 1992), Grand prix de poésie pour la jeunesse (épuisé)
  • Cinq poèmes-livres, éditions illustrées numérotées, aux éditions Grandir (1993)

Livres numériques

  • L’Ordre du silence suivi de Chemin de guet (Recours au poème, 2104)
  • La Marche de l’aube (Recours au poème, 2014)
  • Les chemins tournants de Pierre Reverdy (Recours au poème, 2015)

Livres d’artistes

  • Figures et miracles, bois-gravés de Clément Leca (La Fenêtre ouverte, 2015)
  • Chant de patience, gravures de Philippe Chassang (Les Cahiers des passerelles, 2016)

Préfaces

  • Anne Perrier, Œuvre poétique 1952-1994 (L’Escampette, 1996)
  • Béatrice Douvre, Poèmes (L’Arrière-Pays, 1998)
  • Jean-Pierre Boulic, L’instant si fragile (Le Nouvel Athanor, 2005)
  • Monique Saint-Julia, Claire-Voie (Editions n & b , 2008)
  • Olivier Verdun, Au gré des regs contondants (Editions de l’Atlantique, 2009)
  • Janine Modlinger, Une lumière à peine (Editions de l’Atlantique, 2012)
  • Jean-Pierre Farines, Le portail gris bleu (Editions de l’Atlantique, 2012)
  • Janine Modlinger, Eblouissements (Ad Solem, 2014)
  • Anne Goyen, Paroles données (Ad Solem, 2016)

Ouvrages collectifs

  • Lire Reverdy (Presses universitaires de Lyon, 1990)
  • Reverdy aujourd’hui (Presses de l’Ecole Normale Supérieure, 1991)
  • Pour saluer Robert Marteau (Champ Vallon, 1996)
  • Cahier Dix. Pierre –Albert Jourdan (Le Temps qu’il fait, 1996)
  • Le Pays Cadou (Le Vert Sacré, 2003)
  • Pierre-Alain Tâche. Une poétique de l’instant (Bibliothèque cantonale et universitaire de Lausanne, 2006)
  • Cahier Dix-sept. Roger Munier (Le Temps qu’il fait, 2010)
  • L’inquiétude de l’esprit ou pourquoi la poésie en temps de crise ? (Editions Cécile Defaut, 2014)
  • Philippe Jaccottet, Juste le poète, Revue Lettres n°1 (Editions Aden, 2014)
  • Les Cahiers Recours au poème / Roger Munier (livre numérique, Recours au poème, 2015)
  • Jean-Claude Pirotte, Ecrivains francophones d’aujourd’hui (Classiques Garnier, 2015)
  • Pierre-Albert Jourdan, Ici dans le débordement d’espace, Revue Lettres n°2 (Editions Aden, 2016)

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