Entretien avec Thierry Chauveau qui dirige L’herbe qui tremble avec Lydie Prioul
par Isabelle Lévesque
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Victor Hugo, Bièvre , 1831 :
« […]Et dans ce charmant paysage
Où l’esprit flotte, où l’œil s’enfuit,
Le buisson, l’oiseau de passage,
L’herbe qui tremble et qui reluit […] »
L’herbe qui tremble est le titre d’un roman de l’auteur belge Paul Willems. Le choix du titre de ce livre comme nom pour la maison d’édition révèle son ancrage premier du côté de la poésie belge.
Image site FloreAlpes
« C’est aussi une graminée qui prend la forme d’une longue tige au bout de laquelle tremble un cœur végétal. Elle apparaît chez les poètes, pas dans les ouvrages de botanique : l’herbe qui tremble chez Hugo, Katherine Mansfield, Emily Dickinson et plus récemment chez Pascal Commère… Paul Willems, il nous a été cher au moment de la création de la maison d’édition, et dit notre premier ancrage du côté de la poésie belge. »
Isabelle Lévesque : Peux-tu me dire comment et pourquoi tu as décidé de créer une maison d’édition ?
Thierry Chauveau : J’avais 6 ans : j’allais à l’école, une école de type Freinet et il y avait un rituel. Chaque matin, il fallait écrire un poème. On fabriquait aussi un journal. Alors tout cela m’est resté et a fait son chemin. J’ai mis quarante ans à me rendre compte que je voulais le faire, pourtant c’était une évidence. En lisant de la poésie, je me sens chez moi. Alors j’ai fondé L’herbe qui tremble avec Lydie Prioul qui continue à s’occuper de la maison avec moi.
I.L. : Pourtant tu n’écris pas (ou plus). Écrire ou ne pas écrire change-t-il quelque chose à l’activité de l’éditeur ?
T.C : Peut-être cela change-t-il l’approche des manuscrits. Je ne me fie qu’à mon intuition et à l’émotion que les poèmes suscitent ou ne suscitent pas. Je ne me place jamais en juge, juste en lecteur qui aime ou n’aime pas. J’ai souvent du mal à justifier et expliquer longuement pourquoi je choisis ou j’écarte. Il m’arrive parfois de ne pas vivre une adhésion immédiate au texte, d’avoir du mal à y entrer parce que la voix est tellement particulière qu’elle me déstabilise. Pour Gérard Bayo, par exemple, il m’a fallu revenir plusieurs fois vers les poèmes, l’entrée dans sa langue faite de ruptures ne s’est pas faite d’emblée. Gérard Bayo est aussi un poète qui m’a ouvert à d’autres voix dissonantes vers lesquelles je ne serais pas forcément allé sans lui.
I.L. : Souhaitez-vous publier et défendre une poésie appartenant à un ou des courants précis ou bien restez-vous ouverts à des formes diverses ?
T.C : Qu’une poésie appartienne à un courant ou non ne m’intéresse absolument pas, je reste ouvert à des formes différentes de poésie et me fie à mon instinct de lecteur. Les querelles de clans me sont étrangères.
IL. : Tu viens d’éditer deux volumes importants de Pierre et Ilse Garnier, poètes déjà bien présents à L’herbe qui tremble. Peux-tu nous expliquer ce choix ? Peux-tu présenter ces deux volumes ? Projettes-tu d’éditer d’autres inédits de Pierre Garnier ou de rééditer des textes devenus introuvables ?
T.C. : J’ai rencontré Ilse et Pierre Garnier en 2006 alors que je travaillais pour une autre maison d’édition, je devais alors publier des poèmes linéaires. Le contact a été immédiatement chaleureux, Pierre s’est montré accueillant, enjoué. La place qu’il accorde à l’enfance qui est à la fois le centre de la vie et de l’univers dans sa poésie m’a immédiatement séduit. J’ai depuis publié plusieurs livres de Pierre et Ilse Garnier, qu’il s’agisse de poèmes linéaires ou spatialistes(1) avant et après 2014, année de sa mort. Les deux livres qui sortent cette année, deux volumes, près de 1000 pages au total, sont centrés sur le Japon. Pierre et Ilse, qui ne sont jamais allés là-bas, ont correspondu pendant une trentaine d’années avec des poètes japonais. L’herbe qui tremble publie dans ces deux volumes des poèmes devenus introuvables et d’autres qui ont été publiés au Japon seulement, beaucoup d’inédits. Tout l’appareil critique a été réalisé par Marianne Simon-Oikawa, qui enseigne à l’université de Tokyo, une amie de Violette Garnier, la fille d’Ilse et Pierre qui accompagne les publications. Avec Violette aussi nous préparons la publication de la correspondance entre Pierre et le peintre de l’ex RDA Carlfriedrich Claus. Violette rassemble toutes les lettres et cette publication sera accompagnée de la reproduction de plusieurs travaux d’Ilse et Pierre Garnier et de Carlfriedrich Claus. Cette publication interviendra fin 2017, début 2018. L’herbe qui tremble a aussi le projet de publier un livre sur les oiseaux en réunissant tout ce qui a été publié sur ce thème, notamment dans la revue Le Journal des oiseaux.
I.L. :L’herbe qui tremble propose-t-elle plusieurs collections ?
T.C. : Nous ne proposons qu’une seule collection, elle est parfois accompagnée de peintures, parfois non.
I.L. : Peux-tu nous expliquer ce choix d’accompagner parfois les poèmes de reproductions de peintures ?
T.C. : Lorsque nous le pouvons, les poèmes sont accompagnés de peintures. Dans ce cas, l’une d’elles figure en couverture. Le poète et le peintre se sont souvent choisis mais nous pouvons aussi intervenir dans ce choix, cela dépend des projets. Pour des raisons financières, nous ne pouvons pas toujours publier conjointement des poèmes et des peintures. Nous adaptons alors la présentation du livre : le papier est le même et le motif des couvertures est identique, une autre « herbe qui tremble » dessinée par le peintre René Moreu, qui a amicalement créé le sigle, seule la couleur change d’un livre à l’autre.
I.L. :L’herbe qui tremble a-t-elle des peintres de prédilection pour ses livres ?
T.C. : Jusqu’alors nous avons beaucoup travaillé avec les peintres Alain Dulac, Marie Alloy, Anne Slacik et Christian Gardair. Mais d’autres peintres ont aussi accompagné les livres.
I.L. : Combien de manuscrits recevez-vous par mois (ou par an) ? Vous arrive-t-il de publier des manuscrits arrivés par la poste ?
T.C. : Nous recevons en moyenne un manuscrit par jour et oui, nous publions des manuscrits reçus par la poste : Gérard Bayo, Florence Valéro par exemple…
I.L. : Combien d’ouvrages publiez-vous par an ?
T.C. : En 2016 nous avons publié 12 livres, 14 sont prévus en 2017.
I.L. : Participez-vous ou organisez-vous des événements pour faire connaître les livres que vous publiez ?
T.C. : Nous organisons régulièrement des lectures : à la librairie La Lucarne des écrivains dans le XIXème à Paris, à La Halle Saint-Pierre et, depuis plusieurs années, au printemps, sur la péniche Daphné, tout près de Notre Dame de Paris.
I.L. : Avez-vous des projets particuliers ?
T.C. : Nous venons de publier le livre de Marie Alloy qui nous offre dans Cette lumière qui peint le monde son regard sur plusieurs peintres, le livre de poèmes de Jean-Luc Despax, Rousseau dort tranquille. En avril paraîtront trois livres : Pierre Dhainaut, Un art des passages, Laurent Albarracin Broussailles et Isabelle Lévesque Voltige !
Une rencontre aura lieu samedi 20 mai sur la péniche Daphné, quai Montebello à Paris, elle réunira plusieurs des poètes publiés récemment et nous serons présents au Marché de la Poésie, place Saint Sulpice, du 8 au 12 juin 2017.
Et puis L’herbe qui tremble va bientôt s’associer à Thierry Horguelin pour créer une nouvelle collection dont il assumera les choix, parallèlement donc à ce qui est fait actuellement…
Pierre Dhainaut
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_Un souffle entre les souffles, la parole
apprenait ainsi à ne rien définir,
tu la gardais au creux des paumes et des lèvres,
de nuit, l’empêchant de s’éteindre :
les nuits froides, désormais, tu te plaindrais,
tu trahirais cette force en nous prête encore
à restaurer l’enfance où notre neige
comme un parfum annonçait son retour
si tu prononces, les yeux fermés, le mot fluide,
intrépide, qui ne s’exhale ou ne s’enflamme
que pour se prodiguer sur une terre
éventée, réjouie.***
Comme les enfants, les poèmes sont des juges sévères, ils espèrent en nous, ne les décevons pas.
Le premier mot, si nous pouvions le dire, ce serait « ?oui ? ». Un enfant vient au monde, il n’en perçoit que ces visages qui s’inclinent vers lui, ces souffles qui l’effleurent, ces mains qui le caressent, ces voix, ces voix surtout qui lui sont vite chaleureuses, qui l’enchantent. Ensuite, plus ou moins tôt, il le constatera, trop de mensonges gangrènent la plupart de nos conduites, il cessera d’approuver sans réserve.
Voix entre voix
Gérard Bayo
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_À PEINE S’ILS SE REFLETENT EN NOUS
L‘eau du lavoir,
les arbres du mail et la lunesans sommeil dans ce rectangle d’eau :
de l’espace
et du temps – qui jamais ne se séparent, ni
ne disparaît la mémoire.Suffisent
les mots, n’importe lesquels. À
eux seuls recommencentpourvu qu’ils parlent, recommencent
tout
et tout en tout. Par conséquent,
sans nous.***
La poésie, vous l’appelez rêve
ou vision,
ou présence
et rêve pour finir.Neige
Véronique Daine
mais est-ce le temps ou la conscience qui passe et quelle conscience la conscience peut-elle avoir de l’instant qui pour être instant ne peut que lui échapper et mes doigts c’était déjà pour extraire la peur fichée au corps quantième inventaire de quoi alors qui passe ou pertur... et là ça fourche encore ça fauche déraille et dysfonctionne comme d’habitude ce qui aurait dû perdurer se met à perturber tout ce qui perdure depuis l’enfance les doigts comme la peur perturbe tous les inventaires qu’on s’applique à faire consciencieuse d’on ne sait quoi
***
finalement je fais mon François-aux-oiseaux debout sur mes murets avec mes bras par exemple j’oublie mes parenthèses je me fais petite à petite langue de petite mère et bleu ébloui alors plumes et œil arrivent les traverseries à gorge déployée et voilà qui ravit voilà qui ravit le monde et voilà le monde tout un talus tout un en clochettes blanches petite mère mésange en joie de lenteur au cœur parle l’homme-amour au cœur en joie un peu de rejoindre un peu de toucher caresser cheveux à l’heure du ciel mais sans trop déranger et ce sera si bon ce sera si bon quand je parlerai comme ça minuscule en chanson certes mais avec ma bouche au cœur
Extraction de la peur
Pierre Garnier
[…]
J’ai vu le fleuve se couvrir d’ombres
laissant à sa source son bouquet de clartéstout au long de son cours
cette eau qui rentre dans l’eau et sort de l’eaula promenade perpétuelle des eaux
la promenade perpétuelle des eaux
un ange parfois est là assis
dans les roseaux, il regardela Somme sort continûment d’elle-même
tire une barque, un poisson, un oiseau
elle nage, elle écrit,
elle vole presqueon la voit tricoter, laine bleue, jaune, blanche,
dans sa profondeurl’étang coule lentement dans la hauteur :
l’évaporation est son courson suit une ligne au milieu du fleuve
la Somme fait une fuite
comme un renard qui file dans les blésL’eau peint. […]
(louanges), la forêt la terre la Somme mon « Pays des mines »
Marie Alloy
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_Sur Turner :
Peintre, conférencier, poète à ses heures, Turner écrivait de longs titres pour ses toiles et des poèmes sur les carnets qui l’accompagnaient en tous lieux. Il les complétait souvent avec l’indication de l’heure : crépuscule, lever de soleil, ou des précisions météorologiques : tempête, pluie, neige... Il aimait aussi ajouter des citations de poèmes de Milton ou de quelques poètes amis. Il accompagnait de ses vers ses propres ensembles de gravures comme pour le Château de Dolbadern ou ses vues pittoresques de l’Angleterre. « La peinture et la poésie coulent de la même fontaine [...] serpentant en ruisseaux qui, se renforçant réciproquement, reflètent et rehaussent leurs beautés mutuelles comme des miroirs. » (Extrait d’une conférence de Turner à la Royal Academy en 1812). […]
Turner recherche, à travers la contemplation soutenue du soleil, une sorte d’identification à la figure de Régulus. C’est ainsi que, dans le tableau « Régulus » (de 1828, retravaillé en 1837, exposé à la Tate Gallery de Londres), il évoque le supplice, infligé par les Carthaginois, d’un héros romain, Régulus, qui fut exposé au soleil avec les paupières coupées. Lorsque Turner peint le port de Carthage, il le représente traversé par une colonne solaire, irradiante de jaune d’or tel qu’aurait pu le voir Régulus. Nous en recevons plus qu’une image aveuglante, nous en ressentons la brûlure picturale, la beauté sublimée.***
Sur Truphémus :
Le blanc de la toile crue est réserve de lumière, somme de toutes les couleurs, silence, poésie. C’est le blanc des pétales, le blanc du linge et du dénuement, le blanc d’une visitation. Le blanc rehausse le dessin et la couleur, allège la composition. À lui seul il montre la valeur de l’inachevé. Il invite au simple : « La peinture doit s’essayer à la limpidité ». Sur d’autres toiles, le contraste est saisissant : des boules de fruits verts, rouges, jaunes, posés entre des étoffes de bleus, rouges, blancs. Des draperies orange, des carmins de mangues ou de poivrons, des verts crus, des jaunes citron… La liberté du geste n’enferme ni la forme, ni la couleur. Chaque couleur est exaltée, déployée, éclatante. Chaque fruit est un cadeau à Cézanne, à Matisse, à Bonnard. Fraternités assumées. La couleur pure sera toujours jeune contre ce monde obscur. Mais ce qui frappe surtout, c’est la liberté prise avec ce qui pourrait paraître une convention (la table, la nappe, les fruits) pour en faire une force d’expression intime et vraie. C’est une liberté conquise qui vient d’une longue maturation. Quant au dessin lui-même, il est, dans la peinture, en mouvement entre l’esquisse et le tracé, toujours à sa propre recherche.
Cette lumière qui peint le monde
Isabelle Lévesque
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_Les fleurs n’avaient qu’une ombre.
Nous étions seuls, ivres légèrement,
trop de couleurs nous égaraient
dans le souffle d’été, seuls pétales couvraient.Rien ne fut plus nu que l’or du jour
sous l’arbre silencieux.***
Sous un arbre pareil.
Une porte silencieuse couvrait les pas.
Les champs nous entouraient,
surfaces lisses et blondes, emprise des bruits
dissipée.Tu répondais au soleil par un nom de fleur.
Pâquerettes, coquelicots, bleuets
(et les boutons d’or !).Jour pareil ne fut qu’une volée
(l’appel d’un avion frôlant les arbres,
il nous parut si proche).Voltige !
Béatrice Marchal
Non pas des armes
à déposermais un rempart
de peur et de fierté
à renverser.Alors sans masque,
sans tromperie,
vulnérable et intègre,
je laisserai s’étendre
entre nous un rêve sans bords
comme la brume blanche
sur les prés dans les soirs d’automne
protège dans ses pluies
contre la nuit prochaine
une vie innombrable.***
Il a neigé sur ma vie
en flocons pressés
de raconter la légende
d’une île brillant
au-delà de la mémoireblanche obsession d’un désaccord
neuf absorbant les obstacles
jusqu’à l’horizonRésolution des rêves
Philippe Mathy
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_Porte ouverte
sur des chemins perdus.
La lumière avance,
désemparée.Elle ne sait plus où aller,
comme si le matin
était trop lourd à porter
pour repousser la nuit.Porte ouverte
sur les lignes de mes mains,
où saigne un oiseau
qui n’arrive plus à s’envoler.(Lumière désemparée)
***
Dès son aurore
le soleil a dénoué
les lacets de marsIl court déjà pieds nus
sans se soucier
d’être encore dans l’hiverViolettes Forsythias
Fleurs blanches
des pruniers sauvages
éclairs rieurs
dans les remous de LoireTout chante autour de moi
Il me manque ton visage(Fenêtre sur Loire. I. Printemps)
Veilleur d’instants
Claude Albarède
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_Quand le vent passe
comme un rideau
dans la lumière
où s’ouvriraient
deux lèvres rouges
la neige est tendrecomme un vertige
qui oublierait l’irréparable
pour effacer, voluptueux,
le froid rupestreou comme un cri libérateur
de ces tenailles
qui bloqueraient
le seul plaisir
de fondre en douce.***
Mémoire imaginable
comme un bâton brisé
qui trace le sentier
de la paroleSans éclairage que la lune
et sa passante solitaire
le long des perspectives
à l’aplomb de la terreTelle la poésie
si confuse de loin
et de près si troublante.Le dehors intime
Jean-Luc Despax
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_L’AME N’EST PAS SILENCIEUSE
Pourquoi y a-t-il tant de camions ??
Parce qu’il n’y a pas de trains.Tant d’étoiles dans le ciel ??
Car il n’y a pas d’avions.Tant de musique dans la rue ??
Car l’âme n’est pas silencieuse.***
L’USAGE DES EXTINCTEURS
Il pose son cortex sur la table de nuit
Dégoupille le mot « ?grenade ? »
Dresse le levier vers le haut
Il suffit de se laisser porter
Par l’imaginationIl presse la gâchette plus d’une fois
Dirige le jet d’inspiration
Vers la zone à incendier
Toujours le risque d’avoir fait un poème vulgaire
L’usage des extincteurs est salutaireRousseau dort tranquille
Laurent Albarracin
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_Broussailles sont la mousse
du bruit et des bois
forêt de phosphènes
et les grands arbres dans le picotinpourquoi l’horizon bleuit à l’horizon
sinon parce que l’ecchymose
et la colline comme bosse
au retroussé de ses creuxla pente percluse de coins
comme un andain d’aiguilles***
Broussailles sont dans le flou dur
comme une griffe de l’effacement,
une sorte de bataille molle, aussitrois fois brûlées sont les broussailles ? : de
brûlure, de roussi, d’embroussaillementcar un fouillis est le monde du fouilleur
les antennes de sa quête
qui buissonnent autour de luiqu’à se clarifier la broussaille
ne se peut que pleine de lames,
de faux, de tranchants, encoreBroussailles
Christophe Mahy
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_Du vieil automne
je ne retiens
que le chuintement de la pluie
à travers les arbres
et ces reflets liquides
dans les travées
comme si rien ne devaitjamais finir.
(Le vieil automne)
***
L’enfant dans les caves
écoute le vin bourru
et les sources obscures
raconter les nuits perdues,
et le vent du Nord
siffle dans les combes
où la lune attentive
roule parmi les ombres.(Pays d’enfance)
Le vieil automne
1 Ilse Garnier :
- Jazz pour les yeux, Anthologie de poésie spatiale - préface Philippe Lekeuche, postface Philippe Blondeau - Format 21 cm x 21 cm, 380 pages, couleur
- Ferstenbilder / Un livre d’heures - Format 21 cm x 26 cm, 64 pages, couleur
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Pierre et Ilse Garnier - Japon 1 : Les échanges - textes choisis, établis et présentés par Marianne Simon-Oikawa, Préface de Giovanni Fontana - Format 21x21cm - 372 pages
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Éditions L’herbe qui tremble
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