La poésie persane dans l’édition française pour la jeunesse
Quelques exemples récents
On le sait, la poésie persane est un trésor que chérit tout Iranien. Certains textes poétiques persans sont disponibles en français depuis longtemps. On ne compte plus le nombre de traductions des roubâ’yât, ou quatrains, d’Omar Khayyâm, que l’on peut actuellement acquérir.
On sait moins, en général, que la poésie persane est présente également dans le secteur jeunesse de l’édition française. Les Iraniens vivant en France jouent souvent un rôle déterminant dans la publication de tels ouvrages. En voici quelques-uns.
Lila IBRAHIM-OUALI, Bahman NAMVAR-MOTLAG, Marjane SATRAPI, Sagesses et Malices de la Perse, Paris, Albin Michel Jeunesse, 2001.
Cet ouvrage présente des contes du grand poètes soufi Rûmi (XIIIe s.), plus connu en Iran sous le nom de Mowlavi ou Mowlânâ. Ces contes figurent dans un ouvrage intitulé Masnavi, qui est davantage un genre poétique qu’un titre à proprement parler : un « masnavi » est un long ouvrage poétique présentant une suite de distiques. Le Masnavi de Rûmi est lu, connu et commenté très largement en Iran, où il est appelé « le Coran persan ». Il est fait d’anecdotes imaginaires et de récits piquants destinés à édifier les enfants tout en les amusant.
Les contes figurant dans cette édition française ont été choisis en raison de leur célébrité en Iran – et aussi en Turquie. Leur traduction est due à Lila Ibrahim-Ouali et à Bahman Namvar-Motlag ; ils sont agrémentés de dessins de Marjane Satrapi, auteure connue, en particulier, pour la bande dessinée Persépolis..
Il existe plusieurs formats et présentations de l’ouvrage, en particulier une édition de poche au « Livre de poche ».
Marjane FOULADVAND, Soussan SAFARI, Ahmad KHALILI, Le Marchand et le Perroquet, Paris, Syros, 2005.
Cet ouvrage donne à lire une fable de Rûmi issue de son Masnavi. Le texte original a été adapté par Marjane Fouladvand et traduit par Soussan Safari. Les images qui l’accompagnent sont d’Ahmad Khalili. L’édition française de cet ouvrage a connu une première publication, en persan, à Téhéran en 2003.
L’artiste Ahmad Khalili s’est inspiré pour cet ouvrage de la « peinture de maison de thé », forme picturale typiquement persane : sur les murs des maisons de thé (ou de café), des fresques représentaient les grands épisodes des mythes et des légendes transmis par les récits poétiques. Dans cet ouvrage, chacune des images est accompagnée de sa légende, en vers et en persan.
Amnesty International s’est associé à la publication de ce conte parce qu’il porte un « message de liberté partout dans le monde ».
Ronak TAHER, La Conférence des oiseaux, Nîmes, Grandir, 2014.
La Conférence des oiseaux est un long poème narratif et mystique du grand poète ‘Attâr (XIIe s.) : une huppe emmène un groupe d’oiseaux vers leur roi Simorgh. Le voyage est ponctué de dangers et de découragements. L’ouvrage paru chez l’éditeur Grandir pour l’atelier « Papiers coupés » présente cette aventure sous forme de découpages magnifiques dus à l’artiste iranienne Ronak Tâher, accompagnés d’un bref texte qui résume l’histoire.
Rashin KHEIRIEH, Les Deux Perroquets en liberté, Rue du Monde, 2015.
Cet ouvrage présente la même fable du Masnavi de Rûmi que le livre publié chez Syros en 2005 Le Marchand et le Perroquet. Le texte original a été adapté par Rashin Kheirieh et traduit par Laurana Serres-Giardi. Les belles images, colorées, naïves et pleines de vie, qui l’accompagnent sont de Rashin Kheirieh également.
Rafik BOUGUEROUA, Yann DAMEZIN, La Légende de Zâl, Lyon, Amaterra, 2016.
La légende de Zâl est un épisode de l’immense épopée persane – immense par sa taille et par sa célébrité – Shâhnâmeh, c’est-à-dire Le Livre des rois, du grand poète Ferdowsi (X-XIe s.). Zâl, enfant albinos, est abandonné à sa naissance par son père le roi Siyam. Le roi des oiseaux Simorgh le recueille et l’élève. Devenu grand, Zâl retourne dans le monde des hommes, où l’attend un destin hors du commun.
Le texte est une adaptation de Rafik Bougueroua et les illustrations sont de Yann Damezin. L’ouvrage contient un pop-up du palais de Roudabeh, la femme qu’aime Zâl.
Hamid RAHMANIAN, Simon ARIZPE, Zahhak. La Légende du Roi Serpent, Montreuil, Les Rêveurs, 2017.
Cet ouvrage présente un autre épisode connu du Livre des Rois de Ferdowsi. Luxueux et ayant bénéficié de la générosité de mécènes individuels et institutionnels, il offre à voir autant de pop-ups superbes que de pages.
SAADI, Gulistan. Contes persans, Paris, Éditions courtes et longues, 2017.
Le Gulistan, ou Golestân, c’est-à-dire Le Jardin des roses, est une œuvre du grand poète Saadi (XIIIe s.), qui entremêle prose et vers, les passages en prose étant souvent narratifs et les passages en vers venant souvent souligner la portée morale ou philosophique du récit en prose. Le Gulistan est une œuvre qui a été plusieurs fois traduite en français depuis le XVIIe s.
Les textes ont été choisis et adaptés par Jean Poderos et Chloé Fougerouse. Les riches illustrations de Reza Dalvand les accompagnent.
Les noms qui, dans ce panorama, précèdent le titre des ouvrages sont ceux des traducteurs et des artistes qui ont permis la publication des livres en France, noms qui figurent bien souvent sur la couverture ou sur la page de garde. Généralement, le nom du poète persan occupe une place plus discrète dans l’ouvrage, par exemple à la quatrième de couverture et en petit. C’est que le nom du poète en question est souvent peu connu des lecteurs français.
(Cette page a été réalisée grâce à la complicité de Roselyne Sibille)