La revue Nioques est née de la transformation d’une première revue créée en vue de donner forme écrite à des « lectures » organisées dans divers lieux (librairies, galeries…) à Aix en Provence dans les années quatre-vingt : il était demandé aux auteurs invités de fournir une ou quelques pages manuscrites d’un texte en cours d’écriture, qui était reproduit sur papier calque et publié sous le titre Manuscrits autographes ; à mesure que la formule se précisait, le petit objet prenant un peu de consistance et d’épaisseur finit par se transformer en une micro revue qui constitue en quelque sorte la préhistoire ou le prologue de ce qui était appelé à devenir Nioques une fois rencontré le premier éditeur consentant à se lancer dans cette aventure. L’idée était celle de l’atelier, de la monstration du travail, l’idée de la « fabrique » comme l’écrivait Ponge, et c’est tout logiquement que la revue issue de ce premier « geste » a trouvé son nom en empruntant à Francis Ponge le titre de l’un de ses livres, mot forgé par lui pour se substituer à celui de « poésie », objet de sa critique en actes. Il se peut qu’il y ait cette représentation imaginaire dont vous parlez (et fictionnalisée par André Gide), elle correspond à une situation de fait ; il se trouve, depuis le dix-neuvième siècle, que la poésie, tout spécialement la poésie, trouve à se publier, d’abord, dans les revues, qui sont des lieux d’expérimentation, de recherche, des laboratoires, pour des pratiques à venir. Michel Crozatier, poète disparu prématurément, co-fondateur avec moi des Manuscrits autographes, avait moins en tête le devenir écrivain à travers la publication en revue, que le devenir texte de tentatives balbutiantes, de « brouillons acharnés »… La revue comme un outil pour cela, mais aussi sans doute comme une arme dans un contexte (après la « fin » des avant-gardes) alors perçu comme hostile à l’innovation formelle.
Extrait d’un entretien paru sur le site de Diacritik - lire la suite.
Extraits du numéro 18
Eugénie Zély - Les plus belles images de ma vie
Image 1
Ce sont quatre personnes dont on perçoit surtout les cheveux et les yeux. Une coupe de cheveux, vraiment, ça change un visage.Image 2
Une tarte aux épinards et au brie. Il y a des boules de pâte. La tarte est crue.[...]
Dominique Quélen - Paquet neutre
Je t’écris directement l’état second
du poème avec sa forme carrée (de
l’adjectif carré) : c’est assez raide.
Nous nous révoltons. Nous sommes
cinq puis davantage. Nous formons
la figure huit, la figure dix : poème
dont la fin continue de finir comme
surtout pas la première ni dixième.
Il y a salissure et nettoyage et vous
ne voulez pas. Nous pensons ceci ?
Goudron. Eponge. Deux-en-un ; Où
est notre présence ? Où est la vie ?
Ce goudron répandu te chauffe. Tu
as trouvé l’éponge. Tu l’as perdue.
Rosmarie Waldrop - Nothing Has Changed
1
A sort of empty number
relations
never more present
all you
around you
let yourselft
it moves but that’s my fault
yes yes you said across the words1
Une sorte de nombre vide
relations
jamais plus présentes
tout toi
autour tu
te laisses
ça bouge mais c’est ma faute
oui oui as-tu dit à travers les mots