Le Pédalo Ivre est une maison d’édition créée en 2011 par Jean-Marc Luquet et basée à Lyon. Son catalogue compte trois collections différentes :
Après-développement
Cette collection propose divers ouvrages critiques du développement, sous des formes très diverses (essais, témoignages, voire fictions).
Poésie
Une collection de poésie contemporaine dirigée par Frédérick Houdaer. Dix titres déjà parus. On y retrouve toute une famille-génération de poètes (de Thomas VINAU à Samantha BARENDSON –Prix René Leynaud 2015-, de Pierre SOLETTI à Grégoire DAMON).
Chansons
Une collection de textes de chansons, graves, tendres, drôles, mais toujours écrites.
La collection de POÉSIE est destinée à des auteurs contemporains… qui ne s’interdisent rien, conscients que trop de sujets sont ignorés dans le champ de la poésie actuelle (parce que jugés trop « triviaux » ?).
L’urgence pour les poètes du « Pédalo Ivre » consiste à ne pas tourner le dos à la réalité (les définitions étroites & pesantes qu’on leur donne de celle-ci, ils les ignorent).
Rien de plus nécessaire et de plus incarnée que la poésie en ce début de XXIème siècle.
Sans Tristan Corbière, Richard Brautigan ou Charles Bukowski (pour n’en citer que trois), la collection poésie du « PÉDALO IVRE » n’existerait pas.
À bon entendeur…
Frédérick HOUDAER
Site (où commander les ouvrages) : http://www.lepedaloivre.fr
Il paraît que, lorsqu’il est mort, certaines parties de mon corps sont devenues toutes blanches. Il paraît que, lorsqu’il est mort, j’ai demandé à ma tante si elle pensait que le sien et le mien étaient ensemble assis sur un nuage. Il paraît que, lorsqu’il est mort, tout le monde a beaucoup pleuré. Il paraît que, lorsqu’il est mort, une lettre a été retrouvée. Il paraît que, lorsqu’il est mort, cette lettre a été jetée. Il paraît que, lorsqu’il est mort, il dormait. Il paraît que, lorsqu’il est mort, il revenait à peine d’Espagne et toutes ses malles étaient encore sur un bateau. Il paraît que, lorsqu’il est mort, on n’a jamais pu récupérer les malles. Il paraît que, lorsqu’il est mort, il est allé au cimetière puis dans un jardin. Il paraît que, lorsqu’il est mort, il est devenu un citronnier.
Samantha Barendson, Le citronnier
autrefois
il existait des forêts plus grandes
que l’Amérique toute entière
un porc une chèvre
pouvaient piétiner tous les glands
que vous aviez
prévu de ramasse et de mettre dans
un grand sac
des hommes pouvaient vous suivre
jusque chez vous pour boire
toute votre téquila
rouler par terre
et se défouler sur leurs voitures
autrefois
c’est vrai
il existait des forêts plus grandes
que l’Amérique toute entièreJean-Marc Flahaut Nouvelles du front de la fièvre (fragments d’Amérique)
Quand j’en aurai fini avec les circonvolutions
Et les rodomontadesQuand j’aurai terminé la mission
Réglé les compromis
Signé la déchargeQuand j’aurai pleuré
Tout ce qu’il y a à pleurerJe tirerai une balle
Propre et nette
Dans ce qui bat à la place de ton cœur.Hélène Dassavray, C’est gentil d’être passé
Ce matin là
assis au bord d’un rêve
il finalisa son assaut
finalement
le projet était simple
pour que le monde
ne soit plus le monde
il suffisait
d’inverser les grenouilles
et les oiseauxThomas Vinau, Les derniers seront les derniers
j’aimerais être enterré là
en compagnie
des anciens ouvriers
des vieux cow-boys
de la Seine Haute
&
de la Marne du temps jadis
ces types aux mains calleuses
aux corps usésaux rides saillantes
à l’histoire singulière mais
terriblement quotidienne
&
pas de pierre tombale
non :
juste un petit poème
venu du Montana
par le premier express
qui dirait à peu ceci :
« ici est enterré
le fameux Général sudiste
de Malakoff - sautillant comme
une truite -
celui qui a
vu
les bisons
depuis sa chambreThierry Roquet, Le cow-boy de Malakoff
c’est marrant
je croyais que votre fils avait grandi
il est à nouveau petit
on dit que les enfants grandissent tout droit.
ils rétrécissent entre-deux
mais il ne faut pas leur direSimon Allonneau, La vie est trop vraie
l’article ne disait pas grand-chose
la photo était dégueulasse
nous
ça nous a pas fait beaucoup d’effet
des filles qui se défenestrent
on en avait vu par chez nous
et des gars cloués bras en croix avec un sourire extatique
ça arrivait surtout au printemps
ou les nuits de grosse chaleurGrégoire DAMON, d’origine
mains taloches
dans ta gueule
palettes battoirs
si t’es un homme
truelles spatules
pour les emplâtres
j’écarte les doigts
deux pieds de mesure
tes abattisPierre Soletti & Valère Argué, Muséhomme