Terre à ciel
Poésie d’aujourd’hui

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Marilyse Leroux

dimanche 7 janvier 2018, par Cécile Guivarch

Née à Vannes en 1955. Enfance à Arradon. Passion précoce pour les mots, l’écriture, la peinture, le dessin, ainsi que pour la chanson et la musique.

Auteur de :
Poésie : publiée depuis les années 80 dans de nombreuses revues et anthologies françaises et étrangères ainsi qu’en recueils et publications numériques.
- Derniers ouvrages poétiques : Le sein de la terre, La Lucarne des écrivains, Prix Maram al Masri, printemps 2018, Ancrés, éditions Rhubarbe 2016, Le temps d’ici, éditions Rhubarbe, Prix de Poésie des Écrivains Bretons 2014.
- Aime associer à la poésie différentes formes d’art (musique, calligraphie, peinture, gravure et photographie). Collabore régulièrement à des projets avec des artistes : Louise Skira, Francis Rollet, Ghislaine Lejard, Choupie Moysan, Xureli, Danielle Péan Le Roux, Thierry Tuffigo, Sophie Brassart, Véronique Durruty…
- Participe à des salons, des dédicaces, des lectures, des rencontres poétiques.
- Poèmes traduits en allemand par Rüdiger Fischer, ainsi qu’en anglais et en coréen.
- Devise empruntée à Saint-John Perse : « Poésie pour vivre mieux et plus loin ».
Paroles de chansons et poèmes chantés par le groupe suisse Pasdici, par les compositeurs-interprètes Korine, Armel Mandart, Lak a Barh...
Nouvelles : publications en recueils et en revues papier. De toutes ses forces, texte élu meilleure micronouvelle 2013 par la revue Harfang, Blanc bleu, éd. Rhubarbe 2014, Le bigre bang, co-écrit avec Alain Kewes éd. Gros Textes 2015, Grand A, petit m, éd. Stéphane Batigne 2016.
Nouvelles, facéties, contes, romans jeunesse : Grand A, petit m, éd. Stéphane Batigne 2016, Le Bigre Bang, co-écrit avec Alain Kewes, Gros Textes 2014, Blanc bleu, éd. Rhubarbe 2014, Écrin de neige, jeu interactif Lunii 2015, Babou a disparu, éd. Stéphane Batigne 2016, Rouge pomme, Princesse des pommes, Perdu dans la neige, La petite mer 2016, 2017
Critiques littéraires : notes de lectures (poésie, nouvelles, récits) en revues ou sur des sites littéraires, principalement Texture de Michel Baglin.

Animatrice d’ateliers d’écriture depuis l’âge de 21 ans en poésie et en prose en direction des enfants, des adultes, personnel enseignant, bibliothécaires et autres passionnés d’écriture. Une « aventure de patience et de passion », selon le mot de Guillevic, à laquelle participent bon nombre d’auteurs, poètes et romanciers.
Membre de groupes et associations littéraires : Donner à voir (comité de lecture, publications et maquettes), membre de l’association Nervures pour la promotion de la lecture et de l’écriture en milieu rural.

Le sein de la terre, prix Maram al Masri, La Lucarne des écrivains, œuvres de Véronique Durruty, printemps 2018.

ELLE

Amour
tu nourrissais le sein de la terre
- et le mien
la vie prenait forme dans ta bouche

Tu disais :
la lune croît à ton cou dans un lait d’agate

À t’écouter
un oiseau d’or habitait mes pensées
je buvais son chant dans ta gorge

Amour nous avions le temps pour nous
aujourd’hui nos paroles errent sur la mer
nous nous aimons comme des noyés.

*

LUI

Autour de moi
j’entends craquer la coque
de grands navires
à les écouter
un tremblement inconnu
s’empare de mes mains
ma seule réponse :
un rempart d’écume.

*

Je me souviens
l’horizon enlaçait notre lit
d’un cercle blanc

Un voyage
la boucle de nos bras

Nous naviguions sans carte
entre les golfes
le vent épuisait notre souffle

À quoi servait
de compter les jours
sur les cordes de la voile ?
/…/

Ancrés , éditions Rhubarbe, décembre 2016.

Comment nous nommer
dans notre langue de ciel
et d’eau

Nous qui n’existons les uns
que par les autres ?

Tous les mots seraient bons
s’ils disaient la patience
l’humble ténacité des faibles.

*

Reculer les lignes
les avancer
sables mouvants sous les pieds

Gagner encore
même si nous montons
même si nous tombons

Résister pour la part de nous
enfouie sous les eaux
Les fossiles pétrifiés
à l’intérieur des bouches

*
Ne rien posséder
que sa présence

Ne rien faire qu’être là

Entretenir l’écart salutaire
qui laissera des poissons
dans les arbres
et des fruits dans les algues.

Urbaine , Livre d’artiste avec le plasticien Francis Rollet, CMJN éditions, octobre 2015.

On court sur les passerelles. Des milliers de points tracent entre deux mondes leur part absente.
Parfois le mouvement se fait pensée. Vibration d’abîme où se tissent d’invisibles cordes. Comment savoir entre la chute et l’avancée ?

Les lignes se croisent, s’imbriquent, découpant l’espace en autant de fragments. Tout semble départ, traces et résolution de traces dans l’air.

Des fils se tendent au-dessus des arches ? désir ou interrogation ? on pourrait les relier d’une main que le mouvement n’en serait pas rompu.

On court, on court, au flux de la vie, comme s’il existait quelque chose de plus pressant que la vie. L’empreinte de cette course est-elle ce que nous cherchons ?
/…/

Insondable, Livre d’artiste sur une gravure de Danielle Péan Le Roux, juin 2015, L’Œil de la Méduse.

Descendre
au plus près
de ce qui commence
sans rien savoir
ni du début
ni de la fin

Suivre un réseau
- ou un autre ?

un écheveau mouvant
qui inaugure
ses propres lois

Une fibre
un filament
presque rien

Avancer relier
explorer
le fond du fond
le fond sans fond

Quelque chose
qui vient d’avant

/…/

Le temps d’ici , éditions Rhubarbe, mars 2013. Prix de poésie des Écrivains Bretons 2014.

Échappée de bleu
ou éclair sur la nuque

Nous respirons
le seuil d’un monde
ouvert à toutes les voix

Et cependant
une seule

L’amour travaille
à plus grand que lui.

*
Nous aimons toujours pour la première fois
l’œil plein d’un premier soleil à venir

Le réel nous soulève au-dessus des herbes
là où viennent boire les bêtes
du cœur des sources

Une coulée d’air nous retient
entre deux visages
comme une parole en route vers la mer.

Nous aimons toujours pour la première fois.

*
Ta voix est cet espace
où tremble la fleur de rien

Elle pourra mourir
entre deux souffles
comme on pousse une porte
machinalement

Rien n’aura changé
l’air qui passe
est plus léger
que les mots.

Quelques roses pour ton jardin, Atelier de Groutel, tirage limité sous presse typographique, 2011.

Écoute
tout ici parle
pour la douceur

La fleur se cherche un nom
sur une couleur du ciel

La source a un parfum
d’herbe neuve

Le jour peut naître
d’une parole très claire
sur la peau

Tout se tient
près du premier souffle.

*

Je la vois
à l’intérieur de sa chair
amour dont le silence
est la seule parure

La nuit l’enveloppe
sans la cerner
comme une main
le ferait d’un visage

Au matin
elle donne ce qu’elle est
sans effusion
comme on respire.

*

Toi qui rêves
de confondre la lumière
pense à la chair miraculeuse
des roses

A l’éclair blanc
qui traverse la pierre
en plein midi

Pense à l’enfance des corps
dans la joie de l’air

A tout ce qui brûle d’éclore
dans l’espace entrouvert

Un feu s’allume
au bord de ta maison

Invente un seuil
à sa mesure.

Le fil des jours, éditions Donner à voir 2007, œuvres de Xureli.

Vendez-moi
des graines de silence
à faire germer dans la profondeur
des chambres

Vendez-moi
le temps dormant des feuilles
et les chemins de force
où surprendre la lumière

Le pas doux du cheval
en travers de la route
Ses sabots de fer à même le cœur
comme une cognée

Vendez-moi
du silence par paquets
je vous paierai
en monnaie de paille
en souffle heureux.

*

Le temps travaille
à la douceur des choses
contre la dureté de l’heure
la sécheresse coutumière

La parole envahit
ses chemins de force
et de faiblesse
partout où s’aventure la vie

Sache-le
le cœur perméable
se nourrit du temps léger

Et l’amertume
entre les parois de l’air
reste la part des anges.

*
in Sept poèmes à Schéhadé

On nous a parlé de toi
sur une hauteur très douce

Une étoile nous avait reconnus
comme elle attendait l’aube

Elle descendait vers le jour
reliant les roses
et les cous sans sommeil.

*

Tu as aimé ce songe
comme un éclair d’oiseau
entre tes mains

Mais les ailes ont passé
la ligne des grands arbres

Une étoile attend
sa patience a la couleur
d’un feuillage.

Grains de lumière, l’épi de seigle, 1999, réimpression 2012, dessins de Xureli.

La lumière voyage
de place en place
d’où venue ?

Circule dans nos corps
aussi loin que s’ouvre la vie
l’espace est si grand
entre nos yeux

S’il n’a pas de nom
nous le baptiserons
de la couleur du feu
sur l’eau.

*
Tu aimes cet instant
où s’ouvre pour toi
l’espace d’un jardin

Et cette montée
de l’herbe à tes pieds
comme un appel de la lumière

Ta tête est dans l’air
parmi les feuillages

Leur souffle te mène
où tu ne sais aller.

Herbes, poèmes, éditions Donner à voir, 1995, dessins de Xureli.

Un galop
d’herbe verte
parmi les pailles

Tout le pré
pris au lasso.

*

Le soleil est si vert
dans l’herbe nouvelle
l’oiseau n’a pas dormi

Le désir ouvre ses ailes
dans la lumière docile

Et le jour croît
de la parcelle d’un songe.

*

Les seuils ont viré bleu
sous la fumée des orages

La terre à bout de source
nous attend
nous tend ses lacets

Et partout sur les seuils
la sandale sèche du désir.


BIBLIOGRAPHIE POÉSIE

  • Le sein de la terre, prix Maram al Masri, La Lucarne des écrivains, œuvres de Véronique Durruty. Printemps 2018
  • Ancrés, éditions Rhubarbe, décembre 2016, gravures de Danielle Péan Le Roux.
  • Le temps d’ici, poèmes, éditions Rhubarbe, mars 2013. Prix de poésie des Écrivains Bretons 2014, œuvres de Xureli.
  • Quelques roses pour ton jardin, Atelier de Groutel, tirage limité sous presse typographique. 2011.
  • Le fil des jours, poèmes, éditions Donner à voir, 2007, œuvres de Xureli.
  • Grains de lumière, l’épi de seigle, 1999, réimpression 2012, œuvres de Xureli.
  • Herbes, poèmes, éditions Donner à voir, 1995, œuvres de Xureli.

Livres d’artistes

  • Urbaine, avec le plasticien Francis Rollet, CMJN éditions, octobre 2015.
  • Insondable, sur une gravure de Danielle Péan Le Roux., juin 2015, LŒil de la Méduse.
  • Deux faces pour l’éveil du monde, avec le plasticien Francis Rollet, L3V, mt-galerie. Juin 2014.
  • Que retenir qui s’échappe, avec la plasticienne Choupie Moysan, L3V, mt-galerie. Juin 2014.
  • Entre-deux, Livre pauvre avec la collagiste Ghislaine Lejard, L3V, MT-galerie. Décembre 2013.

Ouvrages collectifs et anthologies

  • Au fond de nos yeux, Yvon Kervinio L’Aventure Carto, mars 2017.
  • Différentes anthologies thématiques éditées par Donner à Voir depuis 1986, dont Arbre(s), printemps 2016.
  • Imagine & Poesia, 2015, 2016.
  • Anthologie américano-coréenne, Barkan, USA. Automne 2015.
  • Xavier Grall parmi les siens, ouvrage collectif sous la direction de Jacques Basse, Éditions Rafael de Surtis, 2013
  • Poètes de Bretagne, anthologie de Charles Le Quintrec, Collection La petite vermillon, La Table Ronde, 2008.
  • Chemin des Poètes 2009, Printemps de Durcet.
  • Visages de poésie, Anthologie Tome 4, Portraits au crayon & Poèmes dédicacés de Jacques Basse, Rafaël de Surtis Editeur, 2009
  • Zeit zum Leben / Le temps de vivre, 21 poètes de Bretagne, traduction en allemand de Rüdiger Fischer (Choix de Herri Gwilherm Kerouredan, Postface de Nicole Laurent-Catrice), Éditions En Forêt / Verlag Im Wald, 2010)
  • L’école des poètes, Le Livre de poche jeunesse, Hachette 1990.

Publications en revues
Souffles, Rétroviseur, Décharge, Verso, Spered Gouez, Les Cahiers du Sens, Les Cahiers de la rue Ventura, Interventions à Haute Voix, Tas de mots, arpa, Carré, Traversées, Hopala, Paysages écrits, Levure littéraire, Étoiles d’encre, Harfang, Kahel, Ce qui reste, Recours au poème, Terre de femmes, Sémaphore, Immagine et poesia, Harfang, Maëlstrom, 17 secondes, L’Abat-jour, Revue audio Elaïg, Cabaret, I Rouge, etc.

Sites principaux


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