Docteur en littérature française, Matthieu Gosztola a obtenu en 2007 le Prix des découvreurs. Une vingtaine d’ouvrages parus, parmi lesquels Débris de tuer, Rwanda, 1994 (Atelier de l’agneau), Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin (Éditions de l’Atlantique), Matière à respirer (Création et Recherche). Ces ouvrages sont des recueils de poèmes, des ensembles d’aphorismes, des proses, des essais... Par ailleurs, il a publié des articles et critiques dans les revues et sites Internet suivants : Acta fabula, CCP (Cahier Critique de Poésie), Europe, Histoires Littéraires, L’Étoile-Absinthe, La Cause littéraire, La Licorne, La Main millénaire, La Vie littéraire, Les Nouveaux Cahiers de la Comédie-Française, Poezibao, Recours au poème, Remue, Terre à Ciel, Tutti magazine, Zone critique.
Pianiste de formation, photographe de l’infime, universitaire, spécialiste de la fin-de-siècle, il participe à des colloques internationaux et donne des lectures de poèmes en France et à l’étranger.
Extraits de Traveling
Chaque matin
La veuve emplit deux tassesChaque matin
Elle vide le contenu d’une tasse
Dans l’évier*
Le corps debout dans la cuisine
Elle égrène un chapelet de groseilles*
Il y a quelques jours encore
Tout était à sa placeAu réveil
J’ai assisté impuissant à
La dispersion des feuilles de mon arbre
Dans le vent jaune
Extraits de Sur la musicalité du vide 1
Elle est belle
A en vivre Chaque jourElle m’apporte l’envie
Sur sa robe
Sur la chaise l’empreinte
De mes doigts*
Tu adresses timidement quelques mots à la serveuse
(ta commande)Elle s’approche trop près, te frôle (caresse ton âme)
Tu te réveilles entre ses bras humides
Pour s’expliquer, elle dit avoir retrouvé en toi
La couleur inimitable des yeux de son père*
Les tranches dans mon chocolat
Au réveil
Si elles n’ont pas le goût de tes lèvres
Ne passent pas*
Il n’y a jamais assez de tendresse
Pour un homme rongé par l’idée du dernier voyage
Extraits de Les voitures traversent tes yeux
mes mains
sur tes paupières
ferment le jour*
Tu t’approcheras dans une robe légère
pour prendre la mesure
de ma solitude*
Hier
nous avons refait une pioche
après avoir mal distribué les caresses
Extraits de Sur la musicalité du vide 2
Humer l’espace autour d’une fleur
Se souvenir des choses
Qui n’auront lieu que demain*
Mettre le feu à notre vie
Pour que la partie qui ne brûle pas
Nous apparaisse*
Deux pétales rapprochés avec le pied
Un improbable papillon*
Suicide
L’homme attend pour plonger
Que son ombre soit prête*
Un coquelicot :
Des fragments de papier japon
Cousus entre euxPuis agrafés au vent
Extraits de matière à respirer
Ce matin
Ecrasant la pelure d’un oignonLe sentiment de distraire
L’ordre des choses*
L’instant est commun :
Un clarinettiste à la fenêtre
Tire sur la jupe du réel*
Rendant rêche un côté de la chaise
J’invente un sexe à ton souvenir
Extraits de Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin
Il y avait toi et rien ne manquait
Il y avait même beaucoup plusIl restait quelque chose
Quand tu n’étais pas làLe mercure sous la main
*
Te prendre la main
Apportait une terrasse
Aux lieux
Où nous étions*
Quand nos caresses se regardaient dans un miroir
C’était toujours toi qu’elles voyaientPersonne
Ne pouvait apparaître davantage*
Les caresses nous prennent la bouche et les mains
Pour parlerLes caresses nous enlèvent
Puis nous reposent sur le litPortés par nos caresses
Nos visages nous deviennent familiersNos caresses sont des voleurs de menthe
Extraits d’Une caresse pieds nus
Nos caresses changent le papier peint
Des pièces où nous faisons l’amour*
La lumière démise
Dans une caresseLa lumière se dévide dans nos caresses
Nos caresses font de chaque instant
La plus haute syllabe de l’été*
Fulgurance d’une caresse
Portant la nuit à notre oreille
Extrait de Débris de tuer (Rwanda, 1994)
Alors on démarre l’écoute
un an
avant la fin de la fin
on n’a pas de théorie
sur le cheminils entendaient communiquer à la radio-Télévision
libre des Mille-Collines mais ça n’a pas duré
ils se sont mis muhere iruhande
à lancer des branches
sur la saison en coursEt le présent de justesse
Parce que l’avenir a déjà mangé
Ouvrages
- Sur la musicalité du vide, Atelier de l’agneau, 2001
- Travelling, Contre-allées, 2001
- Les Voitures traversent tes yeux, Contre-allées, 2002
- Sur la musicalité du vide 2, Atelier de l’agneau, 2003
- Matière à respirer, Création et Recherche, 2003
- Recueil des caresses échangées entre Camille Claudel et Auguste Rodin, Éditions de l’Atlantique, 2008
- J’invente un sexe à ton souvenir, Minuscule, 2009
- Une caresse pieds nus, Contre-allées, 2009
- Débris de tuer (Rwanda 1994), Atelier de l’agneau, 2010
- Un seul coup d’aile dans le bleu (Fugue et variations), Editions de l’Atlantique, 2010
- Visage vive, Gros Textes, 2011
- Contre le nihilisme, Éditions de l’Atlantique, 2012
- Le génocide face à l’image, Éditions L’Harmattan, collection « Questions contemporaines », 2012
- Traverser le verre, syllabe après syllabe, La Porte, 2012
- Ariane Dreyfus, Éditions des Vanneaux, 2012
- Alfred Jarry à La Revue blanche, l’intense originalité d’une critique littéraire, Éditions L’Harmattan, collection « Espaces littéraires », 2013
- Rencontre avec Lucian Freud, Éditions des Vanneaux, 2013
- Alfred Jarry, critique littéraire et sciences à l’aube du XXe siècle, Éditions du Cygne, collection Portraits littéraires, 2013
- À jamais une rencontre, Éditions Henry, 2013
- Etnachta, Éditions Le Chat qui tousse, 2013
- Écrit sur l’eau, printemps-été, La Porte, 2014
- Écrit sur l’eau, automne, La Porte, 2014
- Écrit sur l’eau, hiver, La Porte, 2014