MOHAMMAD BAMM
Poète iranien accueilli en résidence à la Villa Bloch
15 janvier 2019 – 31 mars 2021
Mohammad Bamm est un auteur et un poète de 31 ans. Il écrit dans un « Ghazal persan postmoderne », selon ses propres termes. Le Ghazal est la forme traditionnelle de poésie romantique arabe. Il est le bénéficiaire de huit récompenses pour sa poésie entre 2009 et 2013, dont sept d’entre elles ont été accordées par le Ministère de la Culture iranien. Il est aussi parolier et a travaillé avec trois musiciens iraniens dans un genre populaire. Il a dirigé des ateliers et a été impliqué dans des festivals littéraires en tant qu’orateur et organisateur. Mohammad Bamm a été poursuivi dans son pays pour insulte, blasphème et trahison. Emprisonné deux fois à cause de ses poèmes diffusés sur les réseaux sociaux, il ne pouvait plus rester en Iran. Il est accueilli avec sa femme et ses deux enfants à la Villa Bloch.
Son projet de résidence à la Villa Bloch
Pendant sa résidence, Mohammad Bamm a poursuivi son travail de création. Il a livré un recueil de 19 poèmes qui ont été traduits par Behi Djanati Ataï, mais également un recueil de paroles de chansons. Il a écrit ses mémoires sur sa période d’emprisonnement, un roman ayant pour titre D’une écurie l’autre, en référence à Louis-Ferdinand Céline. Il a donné beaucoup de poèmes à des chanteurs iraniens pendant cette période et a eu une activité importante sur les réseaux sociaux.Le Pavillon│ Partenariat International Cities of Refuge Network (ICORN)
Pour permettre à des artistes en exil de continuer à créer librement, un des espaces de résidence de la Villa Bloch (Poitiers) est réservé à un auteur fuyant le régime répressif de son pays d’origine. Après Paris, seule Ville française membre de ce réseau jusqu’en 2017, la Ville de Poitiers a rejoint le réseau international des villes-refuge ICORN constitué de 72 villes de par le monde telles que New York, Amsterdam, Bruxelles, Barcelone, Stockholm ou Mexico.
Si seulement un jour un homme pouvait emporter
La terre de sa patrie avec lui
Comme des violettes, dans des boîtes de terre
Où qu’il aille...Mohammad-Reza Shafiei-Kadkani [1]]
Nous, debout en équilibre sur le ruban des larmes d’une femme
Nous, debout plantés pieds nus dans la boue d’un cloaque
Nous, debout tous deux sur la terre de notre patrie
[Le dernier instant passé à l’unisson dans le cadre]
Traverser les rues glaciales aux entremêlements de la nuit
Traverser les yeux clos, des tréfonds de la froideur au bouillonnement de la fièvre
Avec sur mes lèvres : « si seulement un jour un homme pouvait emporter ... »
[Dans des boîtes de terre, je t’ai ensevelie...]
Oublié dans les abîmes de l’abattoir
Entonnant ma dernière mélopée, tel un serin accablé
Ainsi, je vais à la rencontre de mes amis !
Soit, que l’amour attise ma douleur
Moi, les phrases confuses hachées menues menues
Moi, les mots orphelins comme endoloris
Moi, les paroles prononcées éconduites à l’aube
Un par un, avec ma salive je les déglutis
Moi, les poèmes jamais découverts, jamais récités
Moi, les idées cristallines évaporées par la fièvre
Moi, la suffocation du poète atteignant ce bord
Je les ai brûlés, à présent plus accompli
Je les ai brûlés et les larmes de la femme coulent encore
Elle pleure les yeux rouges gorgés de boue
A l’extérieur du cadre, les larmes d’un apatride
L’odeur fétide de la boue ne m’a toujours pas quitté...