Entretien avec Gilles Jallet, par Cécile Guivarch
Terre à ciel : – Cher Gilles Jallet, Monologue, revue de langue et de littérature, un premier numéro paru en février 1987, un deuxième en novembre la même année, trente-six entre décembre 1994 et décembre 1995 (Actuariæ). Retour en février 2021 avec Avant midi puis en décembre Sprung Rhythm. On ne compte pas le nombre d’années à lire, à veiller la langue en mouvement, la littérature. Quelques interruptions, peut-être en saurons-nous la raison au fil de cet entretien, mais au fond est-ce l’important ? Car comment, pourquoi Monologue est née et se poursuit ?
Monologue : – Merci tout d’abord de m’avoir invité à faire cet entretien au sujet de la revue Monologue, que nous avons créée, en effet, en 1987 avec Xavier Maurel, en nous inspirant du célèbre texte éponyme de Novalis, parfois intitulé aussi « Le Penseur ». La traduction, assez libre malgré tout, était une invitation à écrire sur « qu’est-ce que la langue ? » au sens poétique où la définissait Novalis. Texte fondateur à plus d’un titre, car Mathieu Bénézet, Roger Laporte et Michel Deguy répondirent aussitôt à notre invitation. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons intitulé Monologue « revue de langue et de littérature ». Pour Novalis, la langue est le moteur de la parole et de l’écriture : « Si l’on pouvait seulement faire entendre aux gens qu’il en va de la langue comme des formules mathématiques — Elles sont un monde en soi et pour soi — Elles jouent entre elles exclusivement, n’expriment rien d’autre que leur nature merveilleuse — C’est même pourquoi elles sont si expressives et que se reflète en elles le jeu étrange des rapports entre les choses. » Il s’agit peut-être d’un parti pris, mais nous n’en avons jamais changé depuis, et quelque trente-cinq ans plus tard, nous continuons de penser que dans l’écriture poétique, comme dans la littérature en général, c’est la langue qui agit en premier, et non le « vouloir-dire » du sens. Mathieu Bénézet avait coutume de dire, en le reprenant à Lacan, que « le sens n’est rien qu’un après-coup dans la langue ». Le second numéro paru la même année, en novembre 1987, était déjà très différent du premier, dans l’hésitation qui toujours fut nôtre et perdure, entre le modèle de la revue qui serait un livre « à plusieurs », et celui du livre proprement dit, lequel serait une extrapolation ou un supplément de la revue, mais « à un seul », si j’ose dire. En effet, votre question porte principalement sur la revue Monologue, sans préciser toutefois qu’il y eut entre-temps pas mal de livres à notre actif. Or Monologue, c’est tout à la fois plusieurs numéros de revue, égrenés dans le temps, mais aussi pas mal de livres qui furent publiés sous l’intitulé « revue de langue et de littérature. » Ce qui, dois-je l’avouer, jette quelque trouble dans la méthode de classement de la BnF qui, toujours avec extrême gentillesse, me demande si tel ou tel exemplaire de la revue Monologue (au demeurant il n’y a pas de numérotation, sinon parfois un numéro factice) est un livre ou bien une revue ? À mes yeux, ce second numéro de Monologue incarnait de manière parfaitement réussie la synthèse entre les deux autour de quatre textes fondamentaux : d’abord, un texte de Mathieu Bénézet intitulé « Petit discours à propos de la mystique » qui faisait livre à lui tout seul, suivi d’une traduction vraiment nouvelle et originale de La Nuit de Novalis (que l’on connaît plus sous le titre d’Hymnes à la nuit, lequel n’est pas le titre qu’avait choisi Novalis). Puis venait une étude approfondie de Laurent Cassagnau sur Nelly Sachs et, pour clore la revue, un essai de Franz Rosenzweig, daté de 1926, intitulé L’Écriture et Luther. Nous nous sommes interrompus après un « numéro 3 » n’ayant pu voir le jour faute de subsides, mais dont la plupart des textes ont été repris, avec d’autres nouveaux, dans la collection « Actuariae » en 1994-95. Le principe en était simple : publier chaque semaine, à raison d’une double page imprimée recto-verso, un ou plusieurs poèmes, en vers ou en prose : Frank Venaille, Geneviève Huttin, Michel Crozatier, Fabienne Courtade, Mathieu Bénézet, Andoche Praudel, bien d’autres... Et puis plus rien, à part quelques livres disséminés ici et là, jusqu’à l’année 2021, ayant eu entre-temps bien d’autres choses à faire, bref ce qu’on appelle la vie... J’adore votre phrase : « On ne compte pas le nombre d’années à lire, à veiller la langue en mouvement, la littérature. » C’est très juste, ceci je l’ai déjà exprimé dans un poème dédié à Mathieu Bénézet intitulé « Dépaysement natal » [1] : le temps ne compte pas, ou si peu... Mais si l’on regarde la liste des premiers auteurs que nous avons publiés, beaucoup d’entre eux sont disparus, et quelque chose demandait à revivre, sous une autre forme de langue et de littérature, non pas sans eux, mais avec eux. Avant midi et Sprung rhythm parus en 2021 et 2022 sont construits sur le même principe que le premier numéro de Monologue, à partir d’un texte de départ qui sert d’invitation à écrire : il s’agit du « Voyageur » de Nietzsche pour l’un, et d’une lettre de G. M. Hopkins pour l’autre, dans laquelle celui-ci invente un nouveau rythme poétique « à ressort » (Pierre Vinclair). Ces deux livraisons comprennent des textes de la nouvelle génération de poètes apparue au début de ce siècle, associée à des voix plus anciennes qui n’ont rien perdu de leur énergie vitale ou bien même qui ont renforcé leur importance avec le temps. Enfin, le sommaire est construit progressivement en fonction de chaque texte comme s’il s’agissait d’un montage ou d’une figure en mouvement, le dernier texte portant généralement le titre de la revue, ce qui revient à valoriser la lecture du livre dans les deux sens, d’avant en arrière et d’arrière en avant. De même, nous prêtons une attention particulière au texte central, comme s’il s’agissait d’une sorte de pivot autour duquel le livre tourne ou se retourne en quelque sorte. Ceci était particulièrement frappant dans le numéro d’Avant midi où nous avons fait imprimer « à l’italienne », au milieu de la revue le grand poème de Jean-Paul Michel intitulé « Un cri, chose et signe ». En plus de ces deux numéros de revue, Monologue s’apprête à rééditer un livre de Yves di Manno, publié en 1980 sous le titre Les Célébrations, à Gourdon, mais qui avait disparu depuis longtemps des rayons de librairie. Celui-ci sera repris avec un autre texte sous un nouveau titre : Terre ancienne, à paraître dès le mois d’avril. Or ce livre de Yves di Manno, qui dans l’ordre chronologique n’est pas exactement le premier, mais il l’est symboliquement, manquait, nous semble-t-il, à la lecture ou en tout cas à la relecture de son œuvre. Par bien des aspects, il préfigure les choix poétiques faits ensuite par l’auteur, autant dans son œuvre de poète que de traducteur. La réédition de ce livre éclaire peut-être plus particulièrement la raison d’être et la destination de Monologue comme s’il s’agissait de lancer une échelle ou un pont par-dessus l’abîme du temps. Sans grande illusion, ni grand espoir d’y parvenir, mais seulement parce que nous nous devons de tenter l’acte, comme d’autres l’ont fait avant nous et comme d’autres le feront qui viendront après.
Tàc : – J’aime beaucoup l’idée de la langue comme moteur de la parole et de l’écriture et la façon dont la revue, ou plus globalement la maison Monologue, répond à cette question : « qu’est-ce que la langue ? ». J’ai noté cette attention à des auteur(e)s ayant des écritures singulières. Dans Sprung Rhythm, se côtoient de la poésie avec une dimension visuelle ou rythmique, des références à l’histoire et à la géographie, à la musique et au théâtre... Une ouverture aux genres littéraires. Une ouverture au féminin autant qu’au masculin. Une ouverture qui s’inscrit sur la page. Une ouverture au monde avec des voix traduites. Quelle importance pour vous de mêler ainsi les langues ? Qu’est-ce qui vous guide finalement dans la composition d’un numéro ?
Mon : – Belle et vaste question comme la précédente du reste, même si à la question de savoir « ce qu’est la langue ? », il n’existe pas de réponse unique et absolue. Mais, précisément, l’une des réponses possibles est déjà contenue dans votre question, puisque dans « lalangue », selon un néologisme autrefois forgé par Lacan – cité deux fois aujourd’hui – il y a les langues, au sens pluriel, lequel ne désigne pas, ou pas seulement les langues comme système, mais un pluriel à entendre dans tous les sens possibles que vous énumérez là avec précision pour décrire ce numéro de Sprung rhythm. Toujours dans son célèbre « Monologue », Novalis à propos de la langue inscrit cette phrase d’un seul tenant : « Celui qui doué d’un fin sentiment de son doigté, de son rythme et de son âme de musique et qui sait entendre en soi l’effet subtil de sa nature, après coup sa langue ou sa main bougent, celui-là sera prophète ; cet autre, en revanche, qui en sait tout autant, mais n’a pas assez d’oreille et de sens pour écrire des vérités comme celle-ci, les hommes, et la langue retenant d’elle-même ce qu’elle a de meilleur, se moqueront de lui, comme les Troyens de Cassandre. » En lisant ce passage, on comprend bien ce qui, selon Novalis, caractérise d’abord et avant tout la langue : c’est le rythme. Et dans Sprung Rhythm, la revue, c’est exprès que nous avons fait figurer en tête de celle-ci la lettre du 5 octobre 1878 de G. M. Hopkins, dans laquelle il exprime clairement à son interlocuteur qu’il n’aurait pu écrire son chef-d’œuvre, « Le naufrage du Deutschland », sans ce rythme nouveau qu’il nomme le « sprung rhythm » : « Depuis longtemps mon oreille était hantée par l’écho d’un nouveau rythme que je jetai alors sur le papier. » Le choix du texte de départ étant posé, à quelque temps de là, Yves di Manno, que j’avais contacté pour participer à Sprung rhythm, nous proposa spontanément d’écrire un texte à la mémoire de Matthieu Messagier, disparu le 1er juin 2021, dans une quasi indifférence générale, à l’exception de quelques sites en ligne et de la presse locale qui avaient annoncé sa disparition. D’emblée, nous lui avons proposé, en plus d’écrire cet hommage, de réunir un choix de textes substantiel de Matthieu Messagier. Ce qui est arrivé là est assez extraordinaire, car sans avoir une connaissance aussi vaste de l’œuvre de Matthieu Messagier que celle de Yves di Manno, ses poèmes s’accordaient exactement à ce rythme nouveau, à la fois tendu et distendu, prêt à rompre et à se reprendre comme un torrent ou un tourbillon, que nous voulions imprimer au numéro de la revue (Cf. « L’Érosion » dont nous publions trois extraits). Voici, en quelques lignes, ce qui nous a guidé pour composer la revue en sprung rhythm, au sens où Hopkins employait ce mot. Nous n’avions pas encore reçu le texte de Yves di Manno que déjà les poèmes s’enchaînaient, et en premier celui, admirable, de Pierre Vinclair, L’amour du Rhône, 6 sous-titré « le barrage verboie », dont le dispositif assez complexe (il faudrait inclure ici un large développement), alternant des passages de prose et de vers, imite un barrage sur le Rhône. Il est exact qu’il y a dans ce numéro de Monologue, non pas autant, mais presque autant, de poètes féminins que masculins. Ainsi fûmes-nous particulièrement sensibles à ce titre d’Hélène Sanguinetti : « Jadis, Poïena (une poème) », suivi de la petite épigraphe dont j’extrais ce passage : « ... ainsi dit-on actuellement sans discrimination une poème/un poème. » Une poème donc, dont la mise en page à plusieurs voix, incluant des points alignés comme une constellation et des traits verticaux en arabesque, crée simultanément une partition visuelle et un tableau sonore, voire une danse fantastique. Admirable aussi, la construction en forme de sextine du poème de Laure Gauthier, « Le serpent b », qui entoure (ou plutôt détoure) la retranscription en vers d’une ancienne légende chinoise. Dans « Un bleu parfait », la prosodie de Marie Étienne apparaît en comparaison d’autant plus sobre qu’elle ne vise à aucune forme, s’approchant d’un style neutre, ou de l’oubli du poème, de plus en plus lointain et inaccessible : « Écrire avec le manque et accepter qu’il soit. / Ne le combler qu’avec l’écrit. » Admirable aussi, la double présence de Sabine Huynh à la fois comme traductrice des poésies d’Anne Sexton, dont Sprung Rhythm publie des extraits issus de ses Œuvres poétiques (1960-1969) ; mais aussi comme poète, avec ce grand sonnet intitulé « du jardin—de l’herbier » lui-même composé de quatorze sonnets non traditionnels, dont la dispersion sur la page est une véritable féerie de l’image, et tous empreints d’une tonalité singulière de la voix. Référence à l’Histoire, finie et infinie, qui se répète sous forme de fractale dans le poème en cinq parties d’Emmanuel Moses Surface noire, et véritable « réquisitoire » à l’encontre du mensonge indissociable de la haine des Juifs que l’Histoire transporte à toutes les époques. Référence au théâtre, quand nous publions un extrait, la fin, d’Écho ou la parole est un miroir muet de Xavier Maurel, un monologue à plusieurs voix écrit pour le théâtre, mis en scène et interprété par Lena Paugam, et récrit en partie spécialement pour ce numéro de Monologue. J’attire également votre attention sur la construction visuelle en colimaçon du poème de Jean-Paul Michel, « Un de ces feux – ne savoir. », où se répondent La chambre des époux dans le palais des Gonzague à Mantoue, le Jardin Giusti à Vérone, et la tour de Montaigne dans le Périgord, chacun représentant un ciel écrit ou un poème écrit à la voûte du ciel, tel un répons au ciel réel : « répons au mystère d’un ciel inverse – le noir, l’inhabité – » note Jean-Paul Michel. Pour Novalis et les écrivains du premier romantisme allemand qui fondèrent la revue de l’Athenaeum à Iéna, de 1798 à 1800, la poésie se donnait pour but de réunir tous les genres, de les mêler dans un seul creuset, la poésie romantique, et de fondre ensemble poésie et prose, philosophie, poésie et rhétorique, mais aussi toutes les formes de poésie, naturelle, critique, historique et politique. Leur programme comportait aussi des traductions, de même que nous avons consacré dans Sprung rhythm, outre les traductions par Sabine Huynh des poésies Anne Sexton dont j’ai déjà parlé, une place substantielle à la traduction par Laurent Cassagnau d’un choix de poèmes baroques extrait de l’anthologie de poésie allemande Mémoire vocale de Thomas Kling. Toutefois, à l’opposé de L’Athenaeum, qui connut en tout et pour tout six numéros, notre projet n’est pas de mélanger, ou de fondre et de mêler les genres poétiques entre eux, même s’ils ont en commun l’amour de la langue, dans un seul genre poétique, mais d’exposer au contraire ce qui les sépare. Pour répondre précisément à votre question de savoir ce qui nous guide dans la composition d’un numéro, c’est justement là, dans les coupures et les ruptures de style, de ton et de composition, dans les suspensions rythmiques et anti-rythmiques – là où précisément Hölderlin situait le lyrisme – que se constitue la composition de la revue, à savoir dans l’échange des poèmes et des textes entre eux, de telle sorte qu’à la fin ce soit seulement le changement qui apparaisse. Enfin, de même qu’Avant midi s’achevait par un poème admirable d’Emmanuel Moses intitulé « Avant midi », j’ai composé pour Sprung rhythm un poème éponyme d’une dizaine de pages, « une phrase fertile » dans un nouveau rythme bondissant ou à ressort, aligné sur deux colonnes, différent de tout ce que j’avais écrit auparavant, et qui en quelque sorte reboucle la lecture du livre avec la lettre de G. M. Hopkins au commencement. Avant midi et Sprung rhythm sont typiquement deux livres que l’on peut commencer à lire par la fin, mais aussi à partir de n’importe quel endroit, et dans tous les sens.
Tàc : – Un grand merci pour vos réponses, elles sont d’une grande richesse et on y apprend comment, au fil du temps et/ou d’un numéro, s’est construit la revue, le(s) livre(s), en privilégiant la langue (les langues). Elle est avant tout une histoire de rythme(s) et peut-être aussi de forme(s). Lire Sprung rhythm apporte cette autre façon de lire la poésie, celle qui se renouvelle, se casse, se prolonge, se recommence parfois. Je comprends dans votre dernière réponse ce qui vous anime, montrer le « changement » et de fait la diversité de la poésie. Vous indiquez, à la fin de votre réponse, avoir écrit un long poème, dans un rythme différent de tout ce que vous aviez écrit jusqu’alors. Ma curiosité me pousse donc à vous demander comment vous voyez la suite de votre travail de revuiste et d’éditeur, dans la rupture ou bien la continuité de ce que vous avez entrepris jusqu’ici ? Autrement dit, d’autres facettes de la langue sont-elles à rassembler dans un même livre ?
Mon : – Votre question tombe à pic, car justement je me trouvai aujourd’hui avec Xavier Maurel pour la parution du livre d’Yves di Manno, Terre ancienne, que nous venons de publier et qui va sortir en librairie dans les prochains jours. C’est un événement majeur en ce printemps 2022, car si chacun connaît son œuvre, non seulement comme auteur, poète et traducteur, il a consacré plus largement sa tâche comme directeur de la collection Poésie/Flammarion à publier, à faire connaître, et surtout à élargir la poésie contemporaine à des poètes jusque-là inconnus, en particulier à la poésie féminine qui, si elle existait déjà en des cercles restreints, occupe aujourd’hui une place prépondérante que, grâce à lui, plus personne ne conteste. Comme poète, il a sans doute contribué à fonder en France ce qu’on appelle aujourd’hui l’ethno-poésie, dès 1977, avec l’un de ses premiers livres intitulé Les Célébrations, dédié à la mémoire de Pierre Clastres, qui s’inspirait des chants des indiens Guayakis. C’est ce même livre, publié en 1980, à Gourdon, dans le Lot, que nous rééditons aujourd’hui, avec un autre texte écrit dix ans plus tard, « Péninsule » sous le titre Terre ancienne. D’où l’importance de replacer ce texte fondateur, totalement disparu, s’il n’était même jamais une fois apparu, au commencement d’une œuvre assez considérable, ce mot « assez » n’étant là que pour indiquer la modestie de son auteur par rapport à une quantité d’apports incommensurables, tels que les traductions de Paterson de William Carlos Williams, de Poésie complète et des Poèmes retrouvés de George Oppen, beaucoup d’autres. Je pense que l’édition de Terre ancienne par un éditeur mineur comme Monologue disparaîtra très rapidement... En revanche, j’espère qu’elle favorisera une réévaluation de toute l’œuvre d’Yves di Manno, parce qu’elle correspond au commencement qui, à mon simple avis, lui manquait. En tout cas, je l’espère de tout mon cœur, car un tel livre mérite sans aucun doute sa place chez un grand éditeur. Quant à savoir quelle suite nous entreprenons de donner à notre travail d’édition en livres ou en revue : – Rupture ou continuité ? demandez-vous. Eh bien, continuité dans la rupture ! Nous projetons la publication d’un livre de Guillaume Artous-Bouvet, dès le mois de septembre 2022, intitulé Vitré, d’après trois tableaux du peintre préraphaélite anglais John William Waterhouse. Puis, un nouveau numéro de la revue intitulé « Le désir de peindre », d’après le poème de Baudelaire dans Le Spleen de Paris, où, contrairement aux précédents numéros, nous voulons accorder davantage de place aux poèmes en prose et à la nouvelle peinture, en particulier la peinture africaine. Enfin, nous projetons une nouvelle collection de traductions, de Shakespeare et de Novalis dont je garde le silence pour l’instant. Mais clairement il est établi que nous échangerons bientôt revue et livres contre des gouffres et des cavernes, où peinture, danse, musique et poésie, feront voix sur les parois de la préhistoire qui furent la nôtre. Ô joie que tout finisse en un commencement !