PO&PSY
Mini-entretien avec l’éditrice Danièle Faugeras par Roselyne Sibille
Comment est né PO&PSY ?
PO&PSY est née du désir de deux passionnées de traduction - Pascale Janot, qui enseigne la langue française à l’École supérieure pour traducteurs et interprètes de l’université de Trieste, et moi-même, poète et traductrice - de se doter d’un débouché éditorial stable et durable, qui nous permette de faire partager notre intérêt pour l’écriture poétique en ce qu’elle a de plus universel et pérenne.
J’ai fait la connaissance de Pascale en 2005, à la faveur d’un moment de travail avec son compagnon, un jeune psychiatre italien auteur d’un ouvrage que je traduisais pour le publier dans la collection de textes cliniques que je co-dirigeais aux éditions ÉRÈS.
Je dois dire qu’après presque trente années de traduction spécialisée dans le domaine psychiatrico-psychanalytique (pour le compte principalement des éditions ÉRÈS mais aussi des éditions des Femmes et de Naïve) - et ce au prix d’une cohabitation souvent conflictuelle avec mon propre engagement dans l’écriture poétique -, je n’ai pas hésité un instant devant les vastes perspectives qu’ouvrait cette rencontre inattendue avec une férue de langue, qui plus est amoureuse de poésie ; des perspectives qui se sont tout de suite concrétisées par la traduction à quatre mains d’un gros recueil de poèmes de Patricia Cavalli (dont Antoinette Fouque, des éditions des Femmes, s’est emparée illico), en attendant de nous plonger dans l’œuvre complète d’un poète triestin méconnu, Paolo Universo, que Pascale avait fréquenté et qui venait de disparaître.
Dès cette première parution aux éditions des Femmes, l’idée s’imposa à nous, bien décidées que nous étions à poursuivre notre collaboration, de jouer la carte de l’ouverture et de la diversité, en proposant à un public, pas nécessairement familiarisé avec la poésie, des « échantillons » suffisamment convaincants (de bons textes, courts, présentés sur du beau papier dans une mise en page recherchée, à un prix doux) pour leur donner envie d’accéder à des domaines poétiques peu ou mal connus.
En fait, le principe qui s’est réalisé à partir de 2008 à travers la « petite collection » PO&PSY et qui consistait à publier une « amorce » susceptible de se prolonger, dans un deuxième temps, avec l’œuvre complète d’un auteur, était déjà en germe dès le départ.
Restait à trouver l’éditeur susceptible d’accueillir une telle utopie...
Les éditions des Femmes tardant, cette fois, à répondre, nous avons lancé le défi aux éditions ÉRÈS, dont la directrice, Marie-Françoise Sacrispeyre, m’honorait de sa confiance et de son amitié.
En décembre 2007, lors du congrès de psychiatrie de Dax où nous étions toutes trois présentes, Pascale et moi avons lu à Marie-Françoise notre traduction tout juste achevée de La ballade de l’ancien asile, de Paolo Universo, nous efforçant de lui démontrer, par l’exemple de ce pamphlet virulent, que l’approche poétique, quand elle est menée avec une telle conviction de sa nécessité, valait bien toutes les théories et toutes les pédagogies.
C’était sans doute prêcher une convaincue... ou bien l’amitié fait-elle parfois des miracles ? Toujours est-il que, quelques précisions plus tard, la collection PO&PSY voyait le jour aux éditions ÉRÈS.
Il restait à lui trouver un titre.
PO&PSY, malgré son aspect barbare (qui a suscité la curiosité de pas mal de lecteurs et d’auteurs, je dois dire...) s’est imposé comme un bon compromis, cette pirouette semblant rassurer les diffuseurs qui s’inquiétaient de ne pouvoir convaincre les libraires de se fournir en poésie auprès d’un éditeur de sciences humaines...).
Et même si PO&PSY était largement diffusée en librairie grâce à la structure éditoriale qui l’hébergeait, il nous fallait d’abord et avant tout tenter d’intéresser à la poésie ce vaste public déjà fondamentalement intéressé par l’« humain » qu’est le lectorat d’ÉRÈS.
Deux livraisons -c’est-à-dire six volumes- plus tard, la collection était lancée et nous décidions de nous constituer en association afin de rencontrer le public directement sur les marchés du livre et festivals de poésie, et d’organiser à la demande présentations-lectures et tables rondes sur la traduction de poésie.
En effet, tout comme nous avions à cœur de mener par nous-mêmes la prospection des textes, nous ne pouvions concevoir d’abandonner nos petits volumes à leur destin, une fois sortis des presses.
D’ailleurs... par un accord des plus conviviaux avec l’imprimeur (lui aussi passionné par l’aventure...), nous assurons nous-mêmes dans ses locaux, de nos seules « petites mains », toutes les opérations de pliage, foliotage, rivetage (eh oui)... induites par nos mises en pages et de mise sous pochettes pour les quelque... 3000 exemplaires annuels (après avoir commencé à tirer à 500 exemplaires, nous imprimons maintenant à 800 ou 1000)
Quelle idée de l’écriture défendez-vous ?
Ce pari que nous avons fait, d’amener à la poésie un vaste public, nous l’avons inscrit dans l’argument suivant, placé sous l’égide de Freud (spécialité oblige), qui figure sur la pochette de tous nos ouvrages comme la « ligne » éditoriale de la collection :
« Les écrivains sont de précieux alliés et il faut placer bien haut leur témoignage, car ils connaissent d’ordinaire une foule de choses entre le ciel et la terre dont notre sagesse d’école n’a pas encore la moindre idée. Ils nous devancent beaucoup, nous autres hommes ordinaires, notamment en matière de psychologie, parce qu’ils puisent là à des sources que nous n’avons pas encore explorées pour la science. »
Parmi ceux-ci, le poète ne va-t-il pas plus loin, dont la tâche propre est, selon R. M. Rilke, de « traduire une sensibilité à l’immédiat, à l’intime, à l’obscur », de « rapprocher la pure intériorité de la pure extériorité afin que se rassemble ce que nous ne cessons de diviser en étant là », afin d’obtenir que « dans un appel magique -le chant- telle ou telle face plus cachée de l’existence demeure, dans l’espace d’un poème, tournée vers nous » ?
À l’éternelle question au centre de l’existence humaine : « Comment est-il possible de vivre quand les éléments de cette vie nous sont insaisissables ? Quand nous sommes toujours insuffisants en amour, hésitants devant la décision et incapables face à la mort, comment est-il possible d’exister ? », le poète répond en « faisant des choses avec de l’angoisse », en transformant l’angoisse en choses qui « soient sorties du temps et confiées à l’espace » – en poèmes. La poésie finalement c’est cette possibilité d’insérer la plainte – ou l’excès d’enthousiasme – dans une totalité qui la résorbe.
Pourquoi alors un éditeur de sciences humaines soucieux de « l’amélioration de la condition » de ces « hommes ordinaires » dont parlait Freud se priverait-il de publier des textes contribuant à ce but ?
Pour concrétiser cette priorité ainsi affirmée de la poésie et aussi pour nous donner les moyens d’opérer des choix, rendus drastiques par notre petite production, dans l’immense espace-temps (tous domaines linguistiques, toutes époques) ouvert par notre parti pris de diversité, nous avons d’emblée décidé de réduire le champ d’action de PO&PSY en nous donnant deux « contraintes » - qui n’en sont guère, en fait, convaincues que nous sommes que par là on touche à l’essence même de la poésie : le « parti pris des choses » selon Ponge, et les formes d’écriture brèves.
Les recueils que publie PO&PSY ont en effet en commun de rendre « une expérience poétique de la présence au monde, aux choses et à soi sur le mode du peu et de l’insistance » (Yves Michaux).
D’où, au-delà de la variété des formes, la constance d’une écriture portée au dépouillement et à la condensation, avec une syntaxe raréfiée s’appuyant sur le silence des blancs, et qui « voile ou efface le donné personnel pour mieux figurer l’émergence d’une vérité transpersonnelle » (José-Flore Tappy).
Plutôt que de poursuivre dans le commentaire, je préfère résumer la question par les trois citations suivantes, que nous reprenons entièrement à notre compte :
Autant la vision s’élargit, autant la phrase se rétrécit. (Al’Niffari)
*
On ne devrait jamais manquer l’instant. (Georg Trakl)
*
Nous ne savons pas, tu sais /nous /ne savons pas / quoi /compte. (Paul Celan)
Avez-vous plusieurs collections ?
Eh bien oui.
PO&PSY fonctionne depuis 2008 avec une autre contrainte, liée celle-ci au principe de diversité : un seul titre par auteur. Ce qui, très vite, est apparu très frustrant pour les auteurs, mais aussi pour les traducteurs et pour les éditrices !
C’est ainsi qu’en juillet 2012 a paru le premier volume de la collection PO&PSY in extenso, qui reprend le recueil d’un auteur déjà publié par PO&PSY dans le contexte élargi, soit d’un ensemble thématique complet de son auteur, si celui-ci est en activité, soit de l’œuvre poétique complète d’auteurs passés à la postérité.
Sont déjà parus :
- Jacques Ancet : Les travaux de l’infime, avec des dessins d’Alexandre Hollan (2012)
- Antonio Porchia : Voix réunies, traduit de l’espagnol (Argentine) par Danièle Faugeras, avec des dessins de Martine Cazin. Édition bilingue (2013)
- Abbas Kiarostami, Des milliers d’arbres solitaires, traduit du persan par Tayebeh Hashemi & Jean-Restom Nasser, et Niloufar Sadighi & Franck Merger, avec des dessins de Mehdi Moutashar. Édition bilingue. (2014 - pour la sortie de l’ouvrage, en juillet, Abbas Kiarostami sera le grand invité du festival de poésie de Lodève).
Par ailleurs, une autre collection attend de voir le jour, qui accueillera des textes poétiques « à part » (« à côté c’est-à-dire », écrivait André du Bouchet), ne correspondant pas aux impératifs définis pour les deux collections existantes mais relevant néanmoins d’une nécessité particulière ou d’une urgence, justifiant donc une publication a parte.
C’est ainsi que paraîtra en 2015 un recueil de poèmes (tweets) écrits à chaud pendant la catastrophe de Fukushima par le poète japonais Ryôchi Wago (actuellement en traduction par les soins de Corinne Atlan).
J’ajouterai que nous avons aussi pris le parti dès 2010, d’accueillir des contributions d’artistes chaque fois que c’était possible. Et en mars 2012, nous avons inauguré des tirages de tête - séries limitées, numérotées et signées par auteur et artiste, et comportant une œuvre originale au format du livre.
- mars 2012 : Jacques Ancet / Alexandre Hollan, Portrait d’une ombre : 11 exemplaires numérotés et signés comportant un dessin au fusain d’Alexandre Hollan au format du livre.
- avril 2012 : Nadine Cabarrot, Deltas : 12 exemplaires numérotés et signés par comportant une photographie couleur de l’auteure et artiste, format 8 x 12, tirage digigraphique.
- mai 2012 : Claudine Bohi / Magali Latil, avant les mots : 18 exemplaires numérotés et signés comportant un dessin, au format 31,5 x 15, de Magali Latil, réalisé avec mine graphite, médium, paraffine et écriture frappée sur papier Arches.
- juin 2013 : Antonio Porchia / Martine Cazin, Voix réunies : 20 exemplaires numérotés et signés comportant un dessin original de Martine Cazin au format du livre.
- juin 2013 : Yannis Ritsos / Alain Blancard, Secondes : 20 exemplaires numérotés et signés comportant une photographie originale au format 15 x 21 d’Alain Blancard.
- juin 2013 : Philippe Judlin, Hors champs : 20 exemplaires numérotés et signés par l’auteur et artiste avec une peinture originale au format du livre + 15 tirés à part d’une œuvre originale au format 21 x 29.
- juillet 2014 : Abbas Kiarostami / Mehdi Moutashar, Des milliers d’arbres solitaires : 20 exemplaires numérotés et signés par l’auteur et l’artiste avec un collage original de Mehdi Moutashar au format du livre.
Comment choisissez-vous les textes que vous publiez ?
Toujours sur un coup de cœur ! (sinon, nous ne pourrions pas les « porter » devant le public...).
Les premières années, nous sommes bien sûr « allées vers » des textes que nous brûlions de faire partager mais avec le souci d’un équilibre à trouver, sur trois volumes (que nous voulions d’ailleurs vendre ensemble, mais les libraires n’ont pas joué le jeu) entre auteurs connus/inconnus (méconnus, comme Paolo Universo, inédit dans son propre pays par volonté personnelle, ou premières publications), textes du domaine francophone / étranger, poésie fragmentaire / recueil composé, etc.
Les choses se sont compliquées dès la troisième année, avec un afflux de propositions de poètes francophones qui, ayant découvert la collection par le blog, en librairie ou sur nos stands, souhaitaient y être publiés. Au point que nous avons dû interrompre momentanément l’accueil des manuscrits francophones. PO&PSY n’a pas pour vocation d’être une collection d’auteurs (je rappelle que chaque auteur sait qu’il ne pourra y publier qu’un seul titre, repris dans le meilleur des cas dans un ensemble complet) et nous souhaitons lier la diversité que nous poursuivons par une constance dans l’esprit et les formes, qui ne peut reposer que sur nous. Un peu comme une bonne collection d’art porte la marque de son collectionneur...
Pas de comité de sélection, donc, pas de jugement « qualitatif », pas de privilèges à respecter, seulement une fidélité à nos choix premiers (qui tiennent le coup !), une entente plus que cordiale entre nous, et une confiance (qui n’exclut pas le doute, toujours moteur du travail !) dans nos appréciations, tout cela nourri par une expérience de la pratique de la langue -poésie et traduction- quotidiennement partagée (merci Internet !)
Un tel fonctionnement a tout d’une face de Janus : côté riant, l’enthousiasme, l’énergie décuplée par le plaisir du travail partagé, des rencontres et des « coïncidences heureuses » ; côté tourment : l’angoisse d’un risque permanent, d’une responsabilité à l’égard de l’éditeur qui nous a fait et continue de nous faire confiance.
Quel est votre meilleur souvenir d’édition ?
J’ai beau réfléchir, j’ai bien du mal à répondre à cette question formulée au singulier...
J’aurais envie de dire que chacune de nos publications a été, tant dans les circonstances de sa découverte et de sa fabrication que des rencontres auxquelles elle a donné lieu, un « meilleur souvenir » !
Quelques pépites, au hasard de la mémoire :
- ce jour d’octobre 2008 à Kyoto, où nous avons retrouvé Katsuhiko Ueda (traducteur de Blanchot en japonais !) qui avait retranscrit pour nous, du kanji en romanji, les haïkus de Issa retraduits par nos soins et publiés en juin ;
- l’émotion d’exhumer, sous l’œil attentif de sa veuve Maria Chiara, dans son bureau encore en l’état de sa maison de Scalabonghi à Trieste, le manuscrit de La ballade de l’ancien asile, de Paolo Universo, moins de cinq ans après la mort du poète, ainsi que l’ensemble de son œuvre (que nous publierons en version bilingue, en 2015, dans PO&PSY in extenso) ;
- ma lecture, début décembre 2013, à l’occasion du premier festival de poésie franco-andalouse de Grenade, d’extraits de Grenier d’étoiles, une sélection de poèmes de Federico Garcia Lorca traduite par mes soins (en préfiguration de la publication de son œuvre poétique complète prévue pour 2016) et ce, dans le Centre d’études lorquiennes de Fuentevaqueros, le village natal du poète, en présence de quelques « lorquistes » passionnés et cantaores de flamenco interprètes de son œuvre...
- les contributions des artistes plasticiens - Alexandre Hollan, Magali Latil, Philippe Judlin, Martine Cazin, Mehdi Moutashar et actuellement Madé - reçues comme de magnifiques et généreux cadeaux, qu’ils accompagnent chaque fois, depuis la conception jusqu’aux presses de l’imprimeur, avec une disponibilité et une rigueur sans faille...
- l’enthousiasme indéfectible de « nos » poètes et traducteurs, tous sans exception, à répondre à notre appel à lectures, animation d’ateliers, participation à tables rondes, lors des manifestations que nous organisons ; je me rappelle entre autres avec émotion ce « marathon » de près de quatre heures que nous avons fait supporter à l’assistance plus que fournie réunie par les soins d’Adeline Yzac dans son « Jardin de lectures » de Montpellier, l’automne dernier - une assistance que la pluie de ce jour-là a contrainte à se serrer dans une étroite véranda (au point que nous avions l’impression de lire et jouer de la musique dans un autocar !) et qui a tenu jusqu’au bout, jusqu’à la fin des surprises attendues : Anne-Marie Soulier interprétant des traditionnels norvégiens et Philippe Judlin composant en « live » et en grand format un de ses poèmes plastiques...
- il y a eu aussi cette semaine d’avril 2010, où un « convoi » PO&PSY, composé de notre directrice éditoriale, de nos deux traducteurs du persan et de moi-même est venu retrouver Pascale à Trieste, pour présenter à l’École de traducteurs et Interprètes de l’université une « Rencontre autour de l’œuvre du poète, cinéaste et photographe Abbas Kiarostami », avec une conférence-débat sur la spécificité de la poésie de ce dernier et les problèmes de traduction inhérents (projection d’extraits de ses films à l’appui), qui avait été précédée, la veille à Palmanova, par une soirée-lecture trilingue (français/persan/italien) de ses poèmes parus dans Havres, suivie de la projection de Le vent nous emportera...
- l’extrême disponibilité et humilité de « nos » traducteurs, qui supportent les multiples reprises suscitées par le passage systématique au laminoir du doute que nous faisons subir à leurs traductions, à chaque réception de celles-ci et relecture d’épreuves...
- et, à chaque publication, ces moments magiques dans l’antre de nos amis imprimeurs, tout aussi passionnés que nous par l’aventure PO&PSY, qui se démènent pour trouver les solutions appropriés à nos moindres « fantaisies » de mises en pages, qui se prêtent malgré leur programme surchargé à nos exigences, lesquelles se traduisent parfois par de multiples essais d’impression, et qui ont toujours à cœur de réaliser un « sans faute »...
Et le pire ?
Perplexité, là aussi, mais pour une raison bien différente : c’est que je n’en vois pas !
Des projets, des publications à venir ?
Oui, bien sûr !
PO&PSY va continuer sa route, avec ses 3 + 1 + 1 (donc, à partir de 2015) parutions par an. En projet immédiat, dans PO&PSY : un recueil de la poète allemande Eva-Maria Berg, une première publication en langue française (François Graveline), un recueil des derniers poèmes de Leonardo Sinisgalli. Côté artistes : contributions en cours de Madé (plasticienne), Jacqueline Salmon (photographe) et d’autres à venir.
PO&PSY in extenso proposera cette année l’œuvre complète de Paolo Universo, et PO&PSY a parte, le recueil de Ryoshi Wago, « poète de Fukushima », auquel travaille Corinne Atlan.
Et sont d’ores et déjà programmés des volumes in extenso de García Lorca, Hanne Bramness, Olav Hauge, François Migeot...
À plus long terme, des incursions sont prévues dans les domaines islandais, croate, japonais, norvégien, francophone, chinois...
Parallèlement, PO&PSY compte bien continuer à rencontrer directement les publics, organisant des manifestations en partenariat avec des libraires (Montolieu, Uzès...) ou répondant à l’invitation de médiathèques ou d’associations (Lodève, Montpellier, Salon de Provence, St Vincent du Jabron, Grignan, Lasalle, etc.), outre sa présence maintenant instituée sur les Marchés et festivals de poésie (Paris, Lodève, Sète...).
Extraits de différents recueils
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Issa
pas simple en ce monde d’être né humain
Traduit du japonais par Danièle Faugeras & Pascale Janot
PO&PSY 2008, 46 feuillets séparés, 12,50€
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extérieur neige
intérieur noir de fumée
ainsi ma demeure
*
melon mis au frais
ça fera bientôt deux jours
et personne en vue
*
dessus les grêlons
amassés pisser debout
quelle somptuosité !
*
des plus démunis
pourtant cette paix dans mon cœur
dans l’air cette fraîcheur…
*
elles tombent les fleurs
et moi aussi déjà sur
la pente descendante
*
en ce monde nous sommes
comme sur le toit de l’enfer
à bader les fleurs
*
monde de rosée
que ce monde de rosée
et pourtant… pourtant…
___
Nobuyuki Kobayashi (1763 - 1828) est considéré comme l’un des quatre maîtres classiques du haïku japonais, avec Bashô, Buson et Shiki. Sous le nom de plume de Issa (« tasse de thé ») il est l’auteur de près de 20 000 haïku. Il rompt avec les formes de classicisme du XVIIIe et renouvelle le genre en introduisant l’autoportrait, l’autobiographie et le sentiment personnel.
« Je suis comme une vague blanche sans côte pour accoster ou comme de l’écume de mer qui disparaît à peine formée. C’est justement pour cette raison que je m’appelle moine Issa. »
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François Migeot
Lenteur des foudres
PO&PSY 2008, 40 pages reliées dos carré collé, 10,50€
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Ô vigne ___ en vain mince filet de mains jeté sur le présent
Sur le bois vendangé pas un mot ne reste de l’été ___ Après le cri
de la lumière le ciel efface lentement les ombres ___ Les jours si
longs que les couleurs usées jusqu’à la trame ___ tout l’air respiré
toute la chaleur
___
Puis un jour ___ on ne sait pas quand ___ ferme la porte grise de
l’hiver à l’embrasure de l’horizon ___ Le jour jeûne du matin au soir
___ La colline perd la tête dans les brumes ___ Seul le coteau
tient encore au texte déserté des vignes
___
Le sang tarde au bout des mains ___ l’ombre reste nouée à la nuit
en retard ___ le paysage à quai ___ en attente de départ
___
Cépages suspendus ___ le silence ___ le froid ___ inutile de prier
___ Les derniers coups de fusil ont dispersé les bois ___ Seul___
le coteau tient encore au texte déserté des vignes
(...)
___
Né en 1949, François Migeot est a d’abord été enseignant-chercheur au Japon (Tokyo) puis à l’université de Franche-Comté. Il est l’auteur d’une vingtaine de titres en poésie dont Moires (2007) aux éditions Empreintes, d’un roman (Orly-Sud, L’Harmattan, 1998) et de recueils de nouvelles dont Avant l’éclipse et Le Poids de l’air (Virgile, 2004 et 2007). Il a obtenu le prix de poésie Ilarie Voronca (ville de Rodez, 1993) et le Grand Prix universitaire de la nouvelle (académie de Bourgogne 2000).
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Paolo Universo
La ballade de l’ancien asile
Traduit de l’italien par Danièle Faugeras & Pascale Janot
PO&PSY 2008, 44 pages pliées, 12,50€
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entre l’homme prétendument malade
et l’homme prétendument normal
il y a l’Hôpital
___
___l’Asile se divise en trois
___Hôpital
___Psychiatrique
___Provincial
___
___LÀ ÉCLAIRÉE PAR LA SCIENCE
___ET LA BIENVEILLANCE
___LA PROVINCE DE TRIESTE
___TÉMOIGNE SA RECONNAISSANCE
___
____________X présents
____________tous absents
___
sacré le crâne du Psychiatre
sacro-saintes les fesses de l’Assistante sociale
___
___au beau milieu de l’Hôpital
___il y a
___la Science
___calée dans son fauteuil
___avec ses infinies facultés
___
___y’a le Staff médical
___y’a le Staff Infirmiers
___y’a le statu quo des prisonniers
___
______un arbre au centre
______enclos de murs
______foulant le bitume
______en silence on tourne
___
___souvent tourne aussi le vent…
___
___… tout tourne ici dedans
___
(...)
___
Paolo Universo, né à Pola (Croatie) en 1934, est mort à Trieste en 2002.
Après des débuts brillants qui l’amènent à fréquenter les milieux littéraires milanais (Dino Buzzati, Italo Calvino, Pier Paolo Pasolini, Vittorio Sereni, Giuseppe Ungaretti - dont il restera l’ami jusqu’à sa mort) et à figurer dans le prestigieux Almanacco dello Specchio de Mondadori aux côtés d’Octavio Paz, Ezra Pound, Jude Stéfan, Alberto Bertolucci, Costantino Kavafis, etc., ce poète précoce et prolixe renonce à la publication au nom d’une « poésie honnête » (selon les termes de son concitoyen Umberto Saba), ce qui l’amène à une existence littéraire solitaire, excentrique et tourmentée. Il va donc se tourner vers ceux qui, comme lui, sont des laissés pour compte de la modernité – les marginaux, les « fous » - et devenir un personnage dérangeant.
Les années 70, marquées à Trieste par la fermeture des hôpitaux psychiatriques sous l’impulsion de la pensée et du travail de Franco Basaglia, vont être à l’origine d’écrits satyriques, notamment la présente Ballata del vecchio manicomio, pièce musicale (dont il a aussi écrit la musique) contre le pouvoir psychiatrique, qui sera représentée en hommage posthume au Teatro Miela de Trieste par d’anciens internés (Mai 2002).
Paolo Universo n’a jamais voulu entendre parler de publication. Seuls ont fait l’objet d’une édition posthume quasi confidentielle, grâce aux soins de quelques amis, un petit recueil de poèmes (Poesie giovanili 1967-1972, L’Officina, Trieste, 2003) et son grand œuvre en prose, Dalla parte del fuoco, (Hammerle Editori, Trieste, 2005), long poème épico-moderne que la presse a salué comme une « Divine Comédie contemporaine ». De l’immense travail qu’il fournit, à la fin de sa vie, sur l’œuvre (qu’il retraduisit entièrement) et le personnage d’Arthur Rimbaud, dont il rédigea une biographie « revue et corrigée », la maladie ne lui laissera le temps de publier que quatre chapitres dans la revue triestine Artecultura (Janvier à Avril 2002).
L’œuvre complète de Paolo Universo paraîtra en version bilingue dans PO&PSY in extenso en 2015.
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Nadine Cabarrot
Deltas. Carnets de voyage
PO&PSY 2010, 86 pages réparties en 4 « blocs » à couverture calque avec une photo de l’auteure, 10,50€
Tirages de tête numérotés et signés avec une œuvre originale de l’artiste disponibles sur demande
Photographe, voyageuse solitaire, Nadine Cabarrot (née en 1953 dans le Sud-Ouest de la France) est en quête depuis près de dix ans d’ « écritures d’eau », auxquelles elle donne le nom d’“aquagrammes”.
Contre-jour du soir. Jeu d’approche entre l’œil, le soleil, les brindilles
et l’eau. Quelque part avant le noir, les herbes deviennent des signes fugaces.Concrétion d’imaginaire. Rêveries sans grammaire. Désir d’ascèse.
Entre 2004 et 2009, de delta en vallée, de désert en delta (des Saintes-Maries-de-la-Mer à Port Saïd, de Saïgon à Tibériade), ce sont quatre destinations mythiques qu’elle va parcourir pour sa collecte, seule ou accompagnée par un pêcheur, une paysanne, quelques enfants curieux de l’apercevoir pieds ventousés dans les vases perdues de leur coin de planète...
Deltas , réunit les quatre carnets de voyages où la voyageuse a noté quotidiennement sous forme de haïkus ses impressions de voyage. C’est son premier recueil publié.
La récolte d’aquagrammes fait l’objet depuis 2009 d’une exposition photographique itinérante, mise en scène par la Cie L’Albatros, dont Nadine Cabarrot est cofondatrice.
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Extraits de Camargue : * Alerte. Splash ! Apnée. * Les roseaux hennissent. * Soleil dégluti. * Froufroutement. Une ligne |
Extraits de Delta du Mékong : * Dans le riz gluant. * La rivière est soûle * Les talons aiguilles * Klaxonnerouler. |
Extraits de Vallée du Jourdain : * Mer de Galilée. * J’imagine les yeux * Visages juvéniles. * La Terre Promise |
Extraits de Delta du Nil et Désert occidental : * Hésiode ! Je l’ai vu : * East Delta Travels. * Pare-brise poussiéreux. * Le vent est une eau |
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Guillevic
Ce sauvage, poème
Poème posthume présenté par Lucie Albertini-Guillevic
PO&PSY 2010, 64 pages, 10,50€
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Il est une page blanche
Pas vierge d’écriture,
Mais avec de grandes marges.
*
Il a assez vécu
Pour savoir vivre
Hors de son malheur.
*
Que tant de choses
L’habitent,
Il n’en revient pas.
Il se croyait
Beaucoup plus simple.
*
Je suis, répète-t-il,
Une eau
Que ne trouble même pas
Sa profondeur.
(...)
___
Guillevic (Carnac 1907 - Paris 1997), a écrit depuis son adolescence, quasi exclusivement de la poésie, tout en faisant des études de mathématiques, que le besoin de gagner sa vie lui fait abandonner pour entrer dans l’administration. La bibliographie de Guillevic compte une centaine d’ouvrages en collaboration avec des peintres, dont Dubuffet, Léger, Manessier, Bazaine, Cortot, Pouperon, Sylvère, Baltazar… Son œuvre est traduite en une cinquantaine de langues et diffusée dans plus de soixante pays. Guillevic était lui-même traducteur de l’allemand (Hölderlin, Heine, Trakl, Stadler, Rilke, Brecht…) et co-traducteur de nombreux poètes hongrois, russes, macédoniens, roumains, finnois, arabes.
L’œuvre poétique de Guillevic, reconnue en France comme l’une des plus originales de la seconde moitié du XXe siècle, a poursuivi pendant des décennies un « creusement » persévérant de l’exploration de l’« ici-maintenant » d’un réel concret et palpable. Couronnée par le Grand Prix National de Poésie en 1984, son rayonnement est international.
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Abbas Kiarostami
Havres
Traduit du persan par Tayebeh Hashemi et Jean-Restom Nasser
PO&PSY 2010, 38 feuillets séparés, édition bilingue, 10,50€
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le cerf-volant que petit
j’avais lâché au vent
s’est aujourd’hui posé sur mon poème
*
un bâillement intempestif
a scellé le destin
d’une histoire
que je racontais avec entrain
*
une fois franchies
les barrières de la raison
que de cahots
que de tracas
que de plaisir
*
tous
terrassés par l’ivresse
moi par la lucidité
*
face au joug du temps
le havre du poème
face à la tyrannie de l’amour
le havre du poème
face à la criante injustice
le havre du poème
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Abbas Kiarostami est né à Téhéran en 1940.
Réalisateur, scénariste et producteur de cinéma, il a signé plus de 40 films, parmi lesquels : Où est la maison de mon ami (1987), Close-up (1990), Et la vie continue (1991), Au travers des oliviers (1994), Le goût de la cerise (1997 – Palme d’or du Festival de Cannes), Le vent nous emportera (1999 – prix de la Mostra de Venise), Ten (2002). C’est aussi un photographe reconnu, dont les œuvres sont exposées dans le monde entier.
« Être à la fois cinéaste, photographe, poète… Tout ça, ce sont des motivations pour vivre, pour faire chaque jour quelque chose, que ce soit du cinéma, de la photo ou de la poésie. Ce n’est pas un choix, c’est une fatalité. »
Toute l’œuvre d’Abbas Kiarostami est tendue vers le retrait et l’épure : soustraire pour mieux montrer, s’abstraire de la narration pour inventer des formes d’écriture en résonance plus grande avec la nature qu’il associe au sacré, en droite ligne des poètes et des peintres persans.
L’œuvre poétique complète d’Abbas Kiarostami est parue, en version bilingue persan/français, dans PO&PSY in extenso en juillet 2014 sous le titre : Des milliers d’arbres solitaires (avec 6 collages de Mehdi Moutashar, 850 pages, 20 €)
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Jacques Ancet
Portrait d’une ombre
Dessins d’Alexandre Hollan
PO&PSY 2011, 66 pages reliées dos carré collé, 10,50€
Tirages de tête numérotés et signés avec une œuvre originale de l’artiste disponibles sur demande
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Le revoilà. Il raye l’iris d’un rai de lumière, secoue les feuilles, jette des poignées d’ombre dans le vert pâle. Il essaye des voyelles aiguës et parfois graves, refait un ciel plus lisse, plus tranchant. Un temps d’avant ou d’après. Il cherche. Il trouve. On ne garde dans les doigts que l’air de son passage. Quand il se tait, on écoute. Plus rien ne bouge.
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*
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Que dit-il qu’on n’a pas compris ? On a cru que c’était le vent, mais non. Il y a un brouhaha de paroles bruissantes, un désordre d’images et une lumière soudaine que traversent les ombres fuyantes. Que dit-il ? On a beau écouter, tendre l’oreille, c’est ailleurs qu’on entend. Dans un temps où chacun de ses mots est une nuit.
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*
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Il brille. Ou plus exactement, il miroite. On ne voit pas, on entrevoit, on ne voit pas. Une lueur, une presque voix. On est là au même endroit avec le chêne et la clôture, la montagne et le ciel. Très vite, on n’y est pas — on y est. Il dit ... On va comprendre. La lumière bouge. Le vent tombe. On va le voir.
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(...)
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Jacques Ancet, né à Lyon en 1942, vit et travaille près d’Annecy. Outre un cycle de poèmes romanesques, un roman et deux proses, il a publié une vingtaine de livres de poèmes parmi lesquels Un morceau de lumière (Voix d’Encre, 2005), Diptyque avec une ombre (Arfuyen, 2005, Prix de poésie Charles Vildrac 2006 de la Société des Gens de Lettres, Prix Heredia 2006 de l’Académie française), Journal de l’air (Arfuyen, 2008), L’Identité obscure (Lettres Vives, 2009, Prix Apollinaire 2009) et Puisqu’il est ce silence (Lettres Vives, 2010). Essayiste, il a aussi traduit, quelques-unes parmi les plus grandes voix des lettres hispaniques, comme Jean de la Croix, Francisco de Quevedo, Ramón Gómez de la Serna, Vicente Aleixandre Jorge Luis Borges, Luis Cernuda, Xavier Villaurrutia, María Zambrano, José Ángel Valente, Antonio Gamoneda, Juan Gelman Andrés Sánchez Robayna, etc. Prix de traduction Nelly Sachs 1992, Prix Rhône-Alpes du Livre 1994, Bourse de traduction du Prix Européen Nathan Katz 2006.
Texte repris dans un ensemble thématique complet de l’auteur, intitulé Les travaux de l’infime, paru en juin 2012 dans PO&PSY in extenso (avec 6 dessins d’Alexandre Hollan, 314 pages, 18€).
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Alireza Rôshan
jusqu’à toi combien de poèmes
Traduit du persan par Tayebeh Hashemi et Jean-Restom Nasser
PO&PSY 2011, 47 feuillets séparés, éditions bilingue, 10,50€
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toi tu cours
toi tu viens
c’est mon cœur qui s’accélère
c’est moi qui m’essouffle
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___rester
___est un état
___entre venir
___et
___partir
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______nous, l’eau
______nous l’avons bue
______pour pleurer
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tu as pleuré sur tous les prisonniers
sauf sur moi
qui en toi
suis prisonnier à vie
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______elle a refermé la fenêtre
______sur moi
______et le reflet de la lune
______prenant sa place
______s’est posé sur la vitre
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_________que peut la vitre
_________visée par la pierre
_________sinon casser
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ta beauté
est comme la lune
pour te voir
il faut veiller
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(...)
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C’est sur le Google Reader, où il publiait quotidiennement ses poèmes (attendus par plus de mille visiteurs) que Tayebeh Hashemi, traductrice d’Abbas Kiarostami, a découvert Alireza Rôshan et lui a demandé de nous confier une sélection de poèmes.
Durant la traduction et la fabrication de ce recueil, Alireza, qui avait alors près de 40 ans, marié, père d’un enfant, et travaillant comme journaliste littéraire à Téhéran après des études littéraires et de théâtre, a été condamné par le régime dictatorial à une peine d’un an de prison pour avoir diffusé des informations sur les activités des derviches soufis.
À la suite de la présentation de son recueil (en version bilingue) à la Foire internationale du livre de Téhéran, Rôshan a été publié pour la première fois en Iran. Ces dernières années, d’autres publications ont suivi, le poète ayant mis à profit son incarcération pour écrire romans, nouvelles et poèmes.
Antonio Porchia
Voix éparses
Traduit de l’espagnol (Argentine) par Danièle Faugeras
PO&PSY 2011, 76 pages reliées dos carré collé, 10,50€
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Situé en quelque nébuleuse lointaine je fais ce que je fais, pour que l’équilibre universel dont je fais partie ne perde pas l’équilibre.
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Celui qui a vu tout se vider, il n’est pas loin de savoir de quoi tout se remplit.
*
Avant de parcourir mon chemin j’étais mon chemin.
*
Mon père, en s’en allant, a fait don d’un demi siècle à mon enfance.
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Les petits riens sont l’éternel, et le reste, tout le reste, le bref, le très bref.
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Sans cette sotte vanité qui consiste à nous montrer et qui est le fait de tous et de tout, nous ne verrions rien et il n’existerait rien.
(...)
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Curieuse histoire que celle de ces Voix d’Antonio Porchia, un livre doublement unique : unique en ses genre, composition et destin, mais aussi l’unique livre de son auteur, qui fut diffusé – et vénéré – dans le monde entier avant même d’avoir été publié !
D’où le destin quasi initiatique de chacun de ses lecteurs, non moins secrets que l’auteur.
L’œuvre d’Antonio Porchia (1885-1968) semble en effet être vouée au secret ou, plus exactement, au secret partagé : « Mon livre, Voix, est quasiment une biographie. Qui est quasiment à tout le monde. », disait Antonio Porchia, qui ajoutait humblement : « Je suis si peu en moi… » – peut-être parce qu’il était toujours en quelqu’un : seul ce qui est secret de cette façon peut dévoiler les autres secrets et – c’est là la clé – les unir entre eux : « La poésie unit, relie ; quand nous sommes, nous sommes des unions. »
Roger Caillois, à qui l’on doit d’avoir découvert l’œuvre de Porchia dans l’Argentine des années 40 et de l’avoir traduite et publiée en France, raconte : « J’ai trouvé l’œuvre de Porchia à Buenos Aires quand je faisais la recension des livres que nous envoyaient les auteurs pour les commenter dans « Sur ». […]. Tout à coup, j’ai vu un livre très humble, et je ne sais quelle force fit que je m’arrêtai et commençai à l’examiner. Je ne voulais pas y croire, et je ne pus m’arrêter avant d’avoir fini de le lire. Après, j’ai essayé se savoir qui en était l’auteur ; personne ne le connaissait, mais je l’ai rencontré. Et j’ai dit à Porchia : « J’échangerais contre ces lignes tout ce que j’ai écrit ». »
L’édition complète bilingue des « voix » d’Antonio Porchia, traduction de Danièle Faugeras et dessins de Martine Cazin, est paru dans la collection PO&PSY in extenso en juin 2013, sous le titre Voix réunies (avec 6 dessins de Martine Cazin, 1200 pages, 20€)
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Claudine Bohi
Avant les mots
Dessins de Magali Latil
PO&PSY 2012, 58 pages réliées dos carré collé, 10,50€
Tirages de tête numérotés et signés avec une œuvre originale de l’artiste disponibles sur demande
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___avant les mots
___une parole
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___la langue sans personne
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___une peau peut-être
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___sa trace
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___peut-être pas
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___la chair
___pas là encore
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___pas même
___rêvée
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___juste
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___une effraction
___à l’intérieur du noir
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___il n’y a pas de commencement
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___le vide est épousé
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___sans le savoir
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___nous sommes cet ailleurs
___qui se décide
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___se décide-t-il ?
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Claudine Bohi est née, vit et travaille à Paris. Elle est agrégée de Lettres. Elle a publié une dizaine de recueils, notamment chez Chambelland, Le Dé bleu et Le bruit des autres, ainsi que de nombreux livres d’artistes, avec des peintres et des photographes. Elle collabore à de nombreuses revues françaises et étrangères, et figure dans de multiples anthologies, par exemple L’anthologie de la poésie érotique de Pierre Perret et L’érotisme dans la poésie féminine chez J.J. Pauvert. Elle a reçu le prix Verlaine en 1999 et le prix Aliénor en 2010. En 2008, la SNCF a distribué à ses voyageurs 2000 exemplaires de Voiture cinq quai vingt et un (Le bruit des autres éditions).
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Sôgi - Shôhaku - Sôchô
Trois voix à Minase. Renga
Traduit et adapté du japonais par Shinji Kosaï & François Migeot
PO&PSY 2012, 46 pages reliure Japon, 10,50€
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cimes – un peu de neige
les vallons noyés de brume
soir de primevère
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au loin le cours lent d’un fleuve
village ivre de pruniers
*
le vent sur la berge
décoiffe un bouquet de saules
assaut de printemps
*
le glissement d’une barque
déchire l’aube assoupie
*
ce miroitement
dans les nappes de brouillard
- halo de la lune ?
*
sur les champs figés de givre
s’étend le soir d’automne
*
sans aucune pitié
pour le cri sourd des insectes
les herbes se fanent
*
visite - après la haie morte
chemin nu de l’ermitage
*
au fond de ces monts
comment orienter sa vie
en pleine tempête ?
*
confiné dans sa retraite
plus lourde la solitude ?
*
pour qui est né seul
c’est totale inanité
que d’aller se plaindre
*
tu ne sais donc pas encore
que tout est vain rien ne tient ?
(...)
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Trois voix à Minase : trois poètes - le « maître » Sôgi (1421-1502), reconnu comme le plus important de son époque, et deux de ses disciples, Shôhaku (1443-1527) et Sôcho (1448-1532), entreprennent, un jour de 1488, de composer un renga, qui restera à la postérité comme le modèle du genre.
Le renga se caractérise par l’enchaînement de versets composés à tour de rôle par plusieurs poètes. Il est constitué à partir d’une des formes poétiques les plus anciennes et les plus répandues, le waka, composé de deux versets inégaux (le premier comportant trois unités de 5, 7 et 5 syllabes ; le second, deux unités de 7 et 7 syllabes, soit au total : 31 syllabes). Les auteurs se réunissent sous la direction d’un poète confirmé qui contrôle le respect des règles et l’unité de l’œuvre, laquelle risque en effet d’être mise à mal par la pluralité des voix. Le premier des cent versets suggère une perception de la réalité, souvent issue du paysage environnant, tandis que le second ouvre la voie à l’imaginaire. D’un verset à l’autre on doit trouver un lien et en même temps une ouverture nouvelle. Cette règle est fondamentale pour le renga qui refuse la répétition et s’inscrit dans une continuelle progression. Chaque verset est donc un poème à lui seul tout en participant à l’harmonie de l’œuvre collective.
(Avec le temps le renga subira un clivage qui conduira à la forme encore très largement répandue aujourd’hui au Japon mais aussi en Occident, du haïkaï ou haïku.)
Le processus de création collective du renga, dans lequel chacun développe son imagination tout en suivant celle des autres, procure un plaisir esthétique et rejoint l’idéal poétique d’une beauté changeante qui intègre le flux du temps. Cette esthétique, caractéristique de l’art japonais et de sa représentation du « monde flottant », est en rapport avec une conception du sujet bien différente de ce que la philosophie occidentale, reprenant certains maîtres antiques, a souvent posé. Dans le Renga, le sujet n’est pas une essence, il n’est pas identique à lui-même, il entre en composition avec le temps, il tire de sa rencontre avec le monde extérieur des contours éphémères. Il se réalise par éclipse, le temps d’un poème, dans l’impermanence même du mouvement.
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Federico García Lorca
Grenier d’étoiles
Traduit de l’espagnol par Danièle Faugeras
PO&PSY 2012, 12 feuillets pliés de 4 pages, 10,50€
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MONDE
Angle éternel,
la terre et le ciel.
Avec bissectrice de vent.
Angle immense,
le chemin droit.
Avec bissectrice de désir.
Les parallèles se rencontrent
dans le baiser.
Oh, cœur
sans écho !
En toi commence et finit
l’univers.
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THÉORÈME D’AMOUR
Un seul et c’est deux.
Deux et c’est un cœur.
Mille et c’est une seule douleur.
Deux et c’est aucun des deux.
Oh, lune mienne !
Oh, théorème de l’amour !
*
TERRE
Nous marchons
sur un miroir
sans tain,
sur une glace
sans nuages.
Si les iris naissaient
à l’envers,
si les roses naissaient
à l’envers,
si toutes les racines
regardaient les étoiles,
et si le mort ne fermait pas
les yeux,
nous serions comme des cygnes.
*
LA GRANDE TRISTESSE
Tu ne peux te contempler
dans la mer.
Tes regards se brisent
comme des tiges de lumière.
Nuit de la terre.
*
GALANT
Dans tout le ciel
il est un étoile.
Romantique et fou.
Avec un frac
de poudre
d’or.
Mais il cherche un miroir
afin d’y voir son corps !
Ô Narcisse d’argent
à la surface de l’eau !
Dans tout le ciel
il est un étoile.
(...)
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On ne présente plus Federico García Lorca, l’un des poètes espagnols majeurs du XXème siècle (membre de la « génération de 27 »), mais aussi dramaturge, peintre, pianiste et compositeur, né en 1898 à Fuente Vaqueros, près de Grenade, et mort en 1936, assassiné par la tyrannie.
Les poèmes de cette sélection, peu connus, proviennent principalement de deux recueils de jeunesse : Canciones (1921-1924) et Suites (poèmes publiés en revues entre 1920 et 1928 mais dont le recueil, projeté par FGL sous ce titre dès 1923, n’a pas pu voir le jour en tant que tel de son vivant.)
Le titre donné par nous au présent volume est tiré du poème « Rêves » (de Poésie variée).
Ce volume préfigure la parution de l’œuvre poétique complète du poète andalou (nouvelle traduction de Danièle Faugeras) dans PO&PSY in extenso en 2016.
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Hanne Bramness
Le blues du coquillage
Dessins de Laurie Clark
Traduit du norvégien par Anne-Marie Soulier
PO&PSY 2013, 45 feuillets séparés, 10,50€
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LE DOIGT DU SOLEIL
Le poisson dont nul n’a voulu
dans le seau nage tout en rond.
Le soleil lui chatouille le dos
d’un doigt mince comme un crayon.
*
DE GRANDES CHOSES
Fais un peu de place
pour le soleil dans ta cuiller
et la myrtille pourra
cacher la lune.
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L’ÉNIGME DE L’EAU
Un dé à coudre rempli d’eau peut fort bien apaiser la soif.
Nul besoin d’être très grand
ni d’être très intelligent
pour faire de très peu assez, très largement.
(...)
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Voici un livre de poèmes à l’adresse des « petits » ; Dikt for born, indique en effet l’auteure, Hanne Bramness, sur la couverture de l’édition originale. Mais, traduction à l’appui, nous ne voyons pas d’objection à ce qu’il soit lu et médité par les « grands »..., lesquels pourront avantageusement se dédouaner en jouant avec les « petits » destinataires à associer poèmes et images.
Le vocabulaire extrêmement riche d’Hanne Bramness, poète norvégienne parmi les plus importants de sa génération, est comme apprivoisé par sa prédilection pour les formes courtes. Ses textes se contentent en effet de quelques lignes pour délivrer au lecteur un message d’une grande densité, à l’instar de ces brefs poèmes extrême-orientaux avec lesquels elle se sent en grande familiarité.
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Yannis Ritsos
Secondes
Photographie d’Alain Blancard
Traduit du grec par Marie-Cécile Fauvin
PO&PSY 2013, 98 pages reliées dos carré collé, 10,50€
Tirages de tête numérotés et signés avec une œuvre originale de l’artiste disponibles sur demande
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Il ne rend pas les armes, il s’efforce d’opposer
quelque chose de beau à la nuit qui vient.
Mais la beauté est transparente
et derrière elle se dessine la plaine des Asphodèles.
[Les poèmes de Yannis Ritsos présentés ici pour la première fois en version française ont été écrits à Samos et Athènes entre août 1988 et juin 1989, alors que le poète était déjà aux prises avec « le sombre soupçon que cet été [...] sera le dernier », comme il devait l’écrire dans son poème d’adieu daté du 3 septembre 1989] :
Dernier été
Couleurs d’adieu des crépuscules. Il est temps de préparer
les trois valises – livres, papiers, chemises –
et n’oublie pas cette robe rose qui t’allait si bien,
même si tu ne la mets pas cet hiver. Moi,
pendant les quelques jours qu’il nous reste encore, je reverrai
les poèmes écrits en juillet et en août,
bien que je craigne de n’avoir rien ajouté,
plutôt retranché, à ces vers que traverse
le sombre soupçon que cet été
– avec ses cigales, ses arbres, sa mer,
ses sirènes de navires dans la gloire des couchants,
ses promenades en barque au clair de lune sous les petits balcons
et sa compassion hypocrite – sera le dernier.
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Malgré les divers exils et enfermements qu’il eut à subir, de 1948 à 1974, du fait de ses engagements politiques, le poète grec Yannis Ritsos (1909 - 1990) connaît la renommée au-delà de son pays, notamment en France, où il est salué par Aragon comme « le plus grand poète vivant ». En 1974, il acquiert, avec la liberté, un statut hugolien de « poète national ». Son œuvre publiée comporte plus de cent recueils de poèmes (qui rencontrent un vaste écho populaire), des proses, des pièces de théâtre, des essais ainsi que des traductions. Ses poèmes ont été traduits en plus de 40 langues.
Secondes est le dernier des quatre recueils publiés en 1991 sous le titre Tard bien tard dans la nuit. Il était jusqu’à ce jour inédit en français.
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Philippe Judlin
Hors-champs. Poésie plastique
PO&PSY 2013, 32 feuillets séparés, 10,50€
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Dégager les rapports que les choses ont entre elles, pour s’en rapprocher, a été de tout temps le propre de la poésie, dit Pierre Reverdy. Les peintres [cubistes] ont appliqué ce moyen aux objets [...] Il s’ensuit une reformation au lieu d’une imitation ou d’une interprétation. C’est un art de conception : ce que fut de tout temps l’art poétique. La reformation de l’objet équivaut à la création poétique de la phrase non descriptive.
Et lorsque - comme c’est le cas ici avec Philippe Judlin - l’objet auquel le peintre applique cet art de conception est la phrase poétique elle-même... on se trouve devant un poème qui se donne autant à lire qu’à voir en sa disposition propre sur la page, et / ou -simultanément ou substitutivement- devant une composition plastique ouvrant à des lectures multiples.
Cette combinatoire sensible en perpétuel mouvement travaille à une salutaire entreprise de décloisonnement : pas plus qu’entre forme et fond il n’y a lieu d’établir de partage entre les divers modes d’approche du réel ; non plus qu’entre poète-artiste et lecteur qui, ensemble même si tour à tour, plus que jamais font de la page un espace de création.
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Philippe Judlin, né en 1956, vit et travaille à Paris et à Hyères. Études à l’École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris. Expose depuis 1982 en France et à l’étranger.
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Michel Dunand
J’ai jardiné les plus beaux volcans
PO&PSY 2014, facsimilé, 96 pages reliées dos carré collé, 10,50€
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Né à Annecy en 1951, Michel Dunand dirige la « Maison de la poésie » dans cette même ville et anime avec ferveur depuis 1984 la revue Coup de soleil (poésie et art). C’est un récitant très actif.
Il a publié huit recueils de poèmes et collaboré avec de nombreux plasticiens (livres et travaux d’artistes) et musiciens. Trois de ses ouvrages ont été traduits en arabe par le poète tunisien Azouz Jemli.
Grand voyageur, il a exploré à peu près tous les continents (y compris celui l’ « âme »...). Il en rapporte des notations poétiques denses qui vont à l’essentiel et où il mêle esprit des lieux et réminiscences littéraires.
Le présent recueil, carnet de voyage au sens large, se présente comme un fac-similé (en format réduit) de cahier d’écolier - sans doute un allusion au passé d’enseignant de Michel Dunand.
C’est en effet sur un cahier standard « Oxford 96 pages » que le poète a reporté, de sa fine écriture soignée, ses notes de voyage, dont on a du mal à déterminer s’ils sont réels ou imaginaires, en tout cas toujours liés aux littérateurs et poètes que Michel Dunand semble fréquenter intimement, comme des « compagnons secrets ».
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Olav H. Hauge
Bateau de papier
Photographie de Sandrine Cnudde
Traduit du norvégien par Anne-Marie Soulier
PO&PSY 2014, 120 pages pliées, reliure rivetée, 10,50€
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DANS MON PARKER
Dans mon Parker il y a beaucoup de vers,
un bon kilomètre,
et dans l’encrier encore plus,
des milliers. Le papier
arrive par la poste, factures, réclames, formulaires
à remplir.
J’envisage l’avenir sans crainte.
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LENTEMENT EMERGE LE VRAI
S’éveiller, et sentir
son cœur tomber,
lourd comme une pierre, sombre
et bientôt dur…
Lentement se lève la houle,
lentement rougit la forêt du ravin,
lentement s’approchent les feux de l’enfer,
lentement émerge le vrai…
*
NOUS NE VOGUONS PAS SUR LA MEME MER
Nous ne voguons pas sur la même mer,
trompeuses sont les apparences.
Ferraille et grumes sur le pont,
sable et ciment dans mes soutes,
je m’enfonce, je suis lent,
je foule les vagues houleuses,
je hulule dans la brume.
Toi tu vogues sur un bateau de papier,
ta voile bleue gonflée de rêves,
si tiède le vent, délicate la vague.
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Olav Håkonson Hauge (1908 - 1994), poète norvégien surnommé « le jardinier d’Ulvik » (du nom du village au bord d’un fjord où il passera sa vie), a partagé son temps entre écrire et cultiver ses pommiers, autant que le lui ont permis les crises de schizophrénie qui vont affecter trente années de sa vie. Il abandonne à l’adolescence des études scientifiques pour lesquelles il ne se sent pas fait et se passionne pour la lecture, qu’il découvre grâce aux rares visites d’un oncle émigré aux États-Unis. Il apprend seul le français, l’anglais, l’allemand pour lire, traduire et annoter des centaines de livres - Khayyam, Bashô, Thoreau, Pound, Yeats, Whitman, Blake, Dickinson, Rimbaud, Baudelaire, Char, Bachelard, Brecht, Celan...-, annotations qui composent, à côté de la mention de ses récoltes, les quelque 5000 pages de son Journal de l’âme. Il publiera une quinzaine de recueils ainsi que six volumes de traductions diverses. D’une forme classique à ses débuts, sa poésie s’affranchit progressivement de tous les codes, faisant de lui un important rénovateur de la poésie norvégienne.?
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Alfredo Costa Monteiro
Dépli
PO&PSY, 4 leporello avec un mini CD, 10,50€
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___hors du vide
___un doux écho à la dérive
______no ouvido
______o eco do ego à deriva
_________noué au vide
_________l’égo évide l’écho
______eco debido al oído
______que el ego vivido olvida
___eco em vão
___no ouvido do ego à deriva
______écho d’une envie vide
______rivé à l’ouïe l’égo dérive
_________eco de envidia
_________a la deriva en el oído
______écho vain rivé au vide
______qui évide l’égo
eco do ego vão no ouvido
devido à deriva
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Dépli est un poème dans lequel les trois langues constitutives de l’identité de l’auteur - portugaise, espagnole et française - s’entremêlent, s’entredisent sans jamais s’interdire.
Le texte se compose de bribes agencées selon une combinatoire construite sur la sonorité des mots. Poussé dans ses retranchements phonétiques, le langage, dans un premier temps, semble perdre sens. Mais bientôt se profile une autre langue, étrangement sonore, une langue qu’on dirait tout droit sortie de l’inconscient de son auteur et qui ouvre à une autre communication possible, éminemment poétique.
Né à Porto (Portugal) en 1964, Alfredo Costa Monteiro s’installe à Barcelone (Espagne) en 1992, après avoir obtenu un diplôme en sculpture/multimédia avec Christian Boltanski à l’École des Beaux-Arts de Paris.
Son travail englobe les arts visuels, la poésie visuelle/sonore et le son.
La plupart de ses pièces, aussi bien compositions et improvisations sonores qu’installations, vidéos et poèmes sonores ou visuels, souvent de facture domestique, sont faites de processus instables, de contraintes conceptuelles et de formes à la simplicité souvent déroutante ; processus, en règle générale imprégnés d’un fort caractère phénoménologique.
Depuis quelques années, délaissant progressivement son travail d’installations, il s’oriente de plus en plus vers la poésie sonore, réalisant, le plus souvent en solo, des lectures polyglottes (français, portugais et espagnol) et bruitistes. Depuis 2001, il travaille au sein de différents projets de musique expérimentale et improvisée, collaborant avec d’innombrables musiciens, chorégraphes, vidéastes et poètes. Vaste discographie dans des labels européens, japonais et nord-américains.
Pour écouter Danièle Faugeras parler de son travail de traductrice et d’éditrice :
https://www.youtube.com/watch?v=fXUxXllLo28
et dans le matricule des Anges, un article sur Po&Psy :
https://mail.google.com/mail/u/0/#inbox/152308dab761ca92?projector=1