Le nouveau recueil de Jean Azarel, poète et écrivain né au Canada, est né de sa rencontre prédestinée avec Marc Granier, peintre, graveur et éditeur-imprimeur situé en altitude dans les Cévennes gardoises. Passe –Montagnes nous conte les pérégrinations de l’auteur sur le Mont Lozère, mais aussi Conques et ses alentours, avec en crédo la respiration de la liberté au grand air.
Ces balades des quatre saisons trouvent un écho singulier, rustique mais soyeux dans un ouvrage « à l’ancienne » enrichi de six gravures de l’artiste.
Les 41 exemplaires en Hahnemuehle 230 g distillent le fluide alchimique d’une écriture rêveuse et élémentaire dans des lieux initiatiques où il n’y a pas de rendez-vous, pas de tri sélectif, juste l’éternité à trois cent soixante degrés, que tu décapsules, et bois à petites gorgées.
Au fil des détours entre neige, soleil, fougères, granit et gens d’ici, on croise les bêtes à l’abri chocolatées au lait d’un automne infini. Devant nous, longue cigarette sinueuse, le Tarn fume d’une sueur polaire, tandis que coure, coure, la respiration des pierres. A la nuit tombée, une louche de lune arrose la terre, nous voilà prêts à recevoir tranquillement une balle tirée de l’arme tendre d’un couple d’amoureux, une carline au cœur.
Passe- Montagnes s’ajoute à la liste des beaux recueils imprimés sous les arbres et sur une presse manuelle typographique par Marc Granier, artisan d’une poésie minutieuse et fragile. Un livre à lire comme une marche lente en montagne et un éditeur rare à découvrir.
C’était dit, issu d’un désespoir déjà chaud Dans sa volonté de croissance Plus tard tu donnerais ton sang à la poésie Ton sommeil sombre à l’étreinte des mots C’était à l’intérieur comme un combat Il fallait que pousse le grain jusqu’aux lèvres Il ne pourrait pourrir Plus vite que les clameurs des hommes Tout vibrato comblait Ton fœtus informe et le fond Le trille des merles moqueurs Des doigts la langueur Effaçait la buée De ce que serait ta bouche Le fado de l’histoire Sur la portée des nuits d’hiver
Jean Azarel 2007 à 2010 / réécriture printemps 2018