Le revue 17secondes a quatre ans, elle associe poésies, photos, œuvres d’artistes, comment t’es venue l’idée de créer cette revue ?
Le nom « 17secondes » est, entre autre, une façon de dire que parfois la vie peut être à jamais transformée en quelques secondes par un événement : un phénomène climatique, un arrêt du cœur, la lecture d’un poème, la découverte d’une œuvre d’art... Depuis très jeune j’aime recueillir les poèmes et les œuvres visuelles afin d’en faire des herbiers. J’ai rempli plusieurs cahiers avec ces « micro-événements » qui ont bousculé ma perception des choses. Il y a environ cinq ans, j’ai découvert le milieu des revues de poésie avec notamment Contre-Allées, Rehauts, Décharge… Au début c’était pour proposer mes textes, puis doucement cela m’a donné envie de créer ma propre revue.
Si je comprends bien, pour toi la poésie est un art ?
Pour moi l’art est poésie. Donc toute œuvre visuelle est un poème, et tout poème est un objet d’art. Ils viennent chacun d’un regard particulier sur les choses et les événements, et demandent une lecture sensible. C’est pour cela que les images proposées dans chaque numéro ne sont pas, de mon point de vue, des illustrations. Mais, au même titre que les textes, des objets poétiques à lire.
Quelle place penses-tu que 17secondes occupe dans le milieu de la revue, de la poésie ?
En fait j’en ai aucune idée. Je fais ça sans prétention, à mon échelle, pour partager les perles que l’on m’envoie. Après, ce n’est pas une revue avec des articles de fond, des interviews et des chroniques sur les sorties de recueils. Je laisse cela à d’autres revues qui le font très bien. Pour moi il s’agit plutôt, pour chaque numéro, de proposer, un objet poétique composé de mille facettes. Et j’espère que toutes ces facettes réunies permettent aux lecteurs de découvrir une ambiance générale et de sentir le pouls de notre époque, comme c’est le cas pour moi. Je souhaite, également, par cette action, promouvoir du mieux que je peux les auteurs et artistes de la revue. Donc ce qui m’importe vraiment c’est que 17secondes occupe une place dans le cœur des personnes qui la lisent et aussi dans le cœur des poètes qui la constituent.
La revue a commencé sur le format numérique, peux-tu nous parler un peu de ce choix, du travail de mise en page que cela demande ?
J’ai une formation en infographie et en communication multimédia. Avant 17secondes je m’occupais d’un label et d’une revue en ligne pour la promotion des musiques électroniques. Lorsque j’ai voulu créer cette revue le format numérique a tout de suite été une évidence pour moi. Il offre une liberté absolue au niveau de la forme, de la mise en page et du nombre de pages. Et surtout il permet une diffusion large et gratuite. Car il me paraît primordial de diffuser le plus possible la poésie en France, même sans aucun budget. La mise en page est importante dans cette revue, car elle est pour moi le liant qui permet d’agencer toutes les œuvres ensembles. Elle permet d’établir une ligne conductrice tout au long du numéro afin de créer un rythme ou des contre-temps.
Et tu proposes également la revue en version imprimable, tu peux en parler ?
La version papier à été proposée à partir du n°6 suite à plusieurs demandes des auteurs et des lecteurs qui souhaitaient avoir la revue en main. Je n’avais aucun budget pour de tels tirages en couleur, et voulait absolument garder ma liberté d’expression concernant le graphisme, le nombre de pages et le format de la revue, qui peuvent varier suivant les numéros. J’ai donc choisi de passer par un imprimeur qui imprime livre par livre suivant la commande. Comme cela les gens peuvent lire gratuitement en ligne le numéro et, s’ils le souhaitent, le commander en version papier.
Dans le premier numéro, 20 auteurs et artistes, dans le dernier, le n°8, une bonne soixantaine, de beaux talents, confirmés ou en devenir, comment choisis-tu les auteurs, les artistes qui vont figurer dans la revue ?
Chaque création de numéro commence par un appel à participation diffusé en ligne sur les réseaux sociaux. Cet appel est ouvert à tous. Pour moi il est important de laisser la porte ouverte à tous. J’ai le plaisir de constater qu’il y a, à chaque fois, de plus en plus de personnes qui proposent des textes. C’est aussi beaucoup plus de travail, mais je prends le temps qu’il faut pour le réaliser. Je ne suis pas pressé et j’étudie attentivement tout ce que l’on m’envoie. Mon critère de sélection est le coup de cœur. Je suis ouvert à beaucoup de formes poétiques et apprécie toute sorte de langage, du plus tendre au plus rugueux. Mais je sais également ce que je n’aime pas en poésie, et là dessus je suis sans merci. Le choix des textes détermine, au fur et à mesure, l’ambiance du numéro. Le fait qu’il s’agisse ou pas d’un auteur confirmé, où que la personne ai déjà été publiée ou non dans la revue n’affecte pas ma décision. En ce qui concerne les œuvres visuelles, en plus de l’appel, je démarche personnellement des artistes dont les œuvres correspondent à l’ambiance de départ que j’imagine pour le numéro en question.
A chaque parution, une œuvre en couverture, quelle attention y accordes-tu ?
C’est à chaque fois une de mes créations du moment. Le but est que cette image serve de tremplin à ce qu’il y a à l’intérieur. Je peux la choisir avant l’appel ou quand le contenu est en place, cela dépend. Le principale étant qu’elle respecte l’ambiance générale et qu’elle donne envie d’aller plus loin.
As-tu des projets, des idées réalisables à moyen terme ou pas, pour 17secondes ?
Un numéro par an représente, pour moi, trois mois de réalisation. Je souhaite donc avant tout garder le cap afin de continuer à sortir régulièrement des numéros, et le plus longtemps possible. Bien entendu, avec tant de talents autour de moi, j’ai quelques idées de modules supplémentaires à greffer à la revue annuelle. Mais le temps me manque cruellement pour cela, donc je ne préfère pas en dire plus pour l’instant.
Et pour conclure ?
Un grand merci à terre à ciel, qui cultive à merveille tous nos nuages.
Pour découvrir 17secondes, c’est par ici :
http://revue17secondes.blogspot.fr/p/numeros.html
Propos recueillis par Cécile Guivarch