Mini-entretien avec Pierre Saunier et Martin Wable, éditeurs de Jdmp, par Roselyne Sibille
Pouvez-vous présenter votre revue ? Pourquoi son nom ?
Jdmp (sigle de : Journal de mes Paysages) est un objet poétique créé début 2014 par Pierre Saunier et Martin Wable, qui se propose de mêler en ses pages Journal intime et Carnet de voyage, photos et textes, afin de donner à lire des êtres humains compris dans le cosmos. L’originalité principale de ce Journal est que sont révélés les noms des participants (et le titre des œuvres) qu’à la fin du numéro, dans le sommaire, afin de conserver ce principe de Journal intime et collaboratif, où les individualités s’effacent devant les expériences dont elles nous font part.
(Pierre)
Comment s’est formé votre duo, votre ligne éditoriale ?
• Martin et moi nous étions rencontrés suite à ma découverte de sa poésie (en ligne) et l’amitié que nous avons noué, la volonté de partager plus que de simples lectures, de développer une vision de la poésie, nous a amené à réfléchir à la création d’une revue de poésie singulière, ce fut alors l’élaboration de Jdmp…
(Pierre)
• On était pas forcément attirés par ce genre de sujets à la base, on recherchait plutôt des concepts autour d’une forme d’expression abstraite de la langue. Mais ça manquait de conviction et on craignait de manquer de moyens par rapport aux idées avancées. Et on se questionnait sur la nécessité de dire quelque chose : de dire et faire dire les contributeurs au sujet du réel et d’eux-mêmes. Nous en avons parlé dans un café près des Halles à Paris.
(Martin)
Quels sont vos parcours ?
• En ce qui concerne Pierre : après avoir découvert la poésie un peu par hasard, à ses 18 ans, il écrit depuis une dizaine d’années. Il s’est occupé d’une petite revue éphémère (Cocktails Monotones) avant d’entreprendre l’aventure de Jdmp. Il s’intéresse aussi à la littérature de façon plus générale, et travaille actuellement à des nouvelles fantastiques et un projet onirique commun.
• En ce qui concerne Martin : né dans le nord de la France, il vit actuellement dans le Sud-Ouest. Travaillant dans l’édition, il coordonne aussi le projet Jdmp. A découvert la poésie à travers diverses initiatives associatives, et des premiers projets publiés en 2012 (La Pinède, maelström), jusqu’à plus récemment Prismes (La Crypte, 2014), et Géopoésie (Cheyne, 2015).
Jdmp cherche-t-elle à élargir la conception que l’on a communément du voyage ?
Oui, comme l’a cité un de nos contributeurs (Stéphane Prévot) citant lui-même le poète Guillevic, le voyage c’est aussi aller « aussi loin qu’ici même ». Le voyage c’est donc toutes les aventures même celles qui semblent insignifiantes (celles de l’ici), comme les aventures qui appellent l’ailleurs (le road trip, l’exotisme). Ce dernier est valorisé mais il est important de se rendre compte que chacun vit dans un environnement digne d’intérêt pour le simple fait qu’il a sa singularité propre. Et l’individu qui interagit avec cet environnement nous souhaitons aussi qu’il soit valorisé comme tel.
Et puis le voyage n’est pas seulement celui des hommes mais c’est en plus celui des conceptions, des littératures, des paysages culturels entre les hommes. Et le Journal souhaite que tout cela se côtoie.
(Martin)
Vous parlez de mêler avec Jdmp poésie et reportage. Qu’entendez-vous par-là ? Comment se traduit cette ligne dans vos choix pour la revue ?
Je dirais que nous ne concevons pas le « reportage » de manière purement journalistique, puisqu’il s’agit avant tout de rendre compte poétiquement de son environnement immédiat, qu’il soit quotidien ou plus lointain ; disons que le format de l’article de journal, son style, sa concision, sa volonté de ne pas trahir le réel, nous semblent être une inspiration/indication pour nos participants, afin d’éviter les écueils d’un texte écrit uniquement pour sa beauté, ou participant plus généralement d’une fiction de soi/du monde. Nous voulons que chacun enquête sur lui-même et ce qu’il vit, ce qu’il voit, un peu à la manière d’un journaliste, refusant de bâtir une fiction.
(Pierre)
Comment trouvez-vous les textes et images que vous éditez ? Est-ce vous qui sollicitez des auteurs, photographes, dessinateurs ou bien est-ce que ce sont eux qui vous font des propositions ?
Pour chaque numéro il y a un appel à textes, agrémenté d’un petit édito éventuellement. Mais il arrive aussi qu’on ait des propositions isolées et spontanées. On va parfois aussi à la pêche nous-mêmes, ce fut le cas, nécessaire, pour le premier numéro, mais il arrive qu’on suive des pistes bien précises.
(Martin)
Quels projets avez-vous pour la suite ? Allez-vous garder pour la revue la même ligne, ou prévoyez-vous des nouveautés ?
Nous allons très prochainement lancer un appel à contributions pour un cinquième numéro, sachant que nous avons déjà eu la chance de recevoir pas mal de propositions spontanées. La ligne éditoriale sera la même, nous affinons depuis le début nos choix pour la tracer le plus nettement possible. Je crois que nous avons atteint une sensibilité qui permet vraiment de donner à lire un journal, sans avoir besoin de fixer un thème ou un concept différent. Nous tâchons désormais de publier plusieurs photos ou dessins d’une même personne, afin de renforcer la cohérence du numéro.
En préparation : Martin est en train de penser à un numéro collector, qui réunira des textes, photos, etc, issus des 5 premiers numéros, et reviendra sur notre parcours en publiant des éditos, appels à textes, ainsi que des portraits d’auteurs…
(Pierre)
Contact/commandes/contributions : journaldemespaysages@gmail.com
Blog, extraits et actualités : http://journaldemespaysages.blogspot.fr
Commandes en ligne, références libraires : http://plquality.fr/journal-de-mes-paysages/
Les numéros sont au prix de 8 euros (plus 2 euros de frais de port, quel que soit le pays de destination)
(Page établie avec la complicité de Roselyne Sibille)